1 Les pendants de Boilly : Ancien Régime et Révolution
Dans l’oeuvre prolifique de Boilly, (4500 portraits et cinq cents scènes de genre), on trouve une quarantaine de pendants. Je les ai présentés autant que possible par ordre chronologique, à partir des catalogues de référence [0] [1].
L’ensemble est intéressant sur la durée, puisque la longue carrière de Boilly (1761-1845) commence sous l’Ancien Régime, traverse la Révolution, fleurit sous l’Empire et s’étiole sous la Restauration.
Dans le style hollandais
Le jeune commissionnaire et la cuisinière | Vieillard présentant un melon à une fruitière |
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Boilly, 1785-88, Collection privée
Un jeune couple se rapproche autour de deux cerises, que la jeune fille tient par la queue tout en touchant délicatement l’index tendu du garçon.
Un couple âgé est séparée par une table sur lequel un couple d’oiseaux morts est posé : tenant en main un poireau étique, la vieille désigne du doigt son compagnon, lequel montre d’un oeil entendu un melon largement ouvert : ainsi chacun se moque du sexe déficient de l’autre.
Mêlant les métaphores galantes du XVIIIème siècle (le jeune couple reprend une composition de Boucher, voir Le chat et l’oiseau) et le vocabulaire spécifique de Boilly (sur le melon, voir Surprises et sous-entendus), ce pendant, qui n’est bienséant qu’en apparence, est construit sur des symétries rigoureuses : centre fermé/centre ouvert ; jeunesse et vieillesse ; femme debout/femme assise ; homme assis/homme debout ; légumes en haut sur le baril ; légumes en bas sur la panier.
Le vêtement strictement identique de la jeune et de la vieille femme laisse entendre qu’il s’agit de la même personne : le sujet du pendant est donc le début et la fin de la vie amoureuse.
Jeune femme a la guitare tenant un oiseau dans sa main | Jeune femme se moquant d’un vieil admirateur |
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Boilly 1785-88, Ashmolean Museum, Oxford
On croirait un pendant épistolaire à la Ter Borch (voir 1.1 Diptyques épistolaires : les précurseurs), mais transposé dans l’esprit galant du XVIIIème siècle :
- d’un côté un jeune militaire glisse un billet doux dans la cage d’une demoiselle ;
- de l’autre il vient chercher la réponse, tandis que l’intéressée fait les cornes à son vieil admirateur.
Les rubans roses, le pupitre relevé et la boîte à bijoux ouverte servent de motifs de jonction.
La période Calvet de Lapalun
Dans une série de tableaux pour un aristocrate avignonnais, Boilly transpose, en costumes modernes, l’esprit et la technique des peintres hollandais du XVIIème siècle.
Nous disposons de deux relevés très intéressants sur cette série :
- « Sujets pour des tableaux ». :description détaillé des dix neufs projets que Calvet de Lapalun souhaitait faire réaliser ;
- « Rôle des tableaux de Boilly » : liste des oeuvres qu’il a effectivement possédées.
La visite reçue,Musée Sandelin, Saint Omer | La visite rendue,Wallace Collection, Londres |
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Boilly, 1789
Ces deux toiles constituent les N° 1 et 2 du « Rôle des tableaux de Boilly ». Il est précisé que la première toile appartenait à un ami de Calvet, Alexandre de Tulle, qui le lui avait offert ; et que la seconde a été « inventée par Mr de Tulle ». L’absence de toute description fait que le sujet du pendant reste encore en grande partie énigmatique.
La visite reçue
Dans la moitié gauche, le souper est servi dans un logement en désordre : la boîte en carton est posée par terre, on a jeté sur le fauteuil une miche de pain, puis une cape, et une guitare par dessus. Un tableau est retourné contre un meuble. La carafe est vide, et la serviette posée dans l’assiette : on n’a pas commencé à souper.
La moitié droite du tableau est tout aussi énigmatique : un jeune messager vient d’amener (ou va prendre) une lettre adressée à « Un Mons<ieur> »..que le jeune femme tient dans la main gauche, en faisant de la droite un geste d’arrêt (à moins qu’elle ne vienne de tourner la clé). S’agit-il d’empêcher le messager de voir l’officier, ou l’officier de voir le messager ?
Un sujet délibérément ambigu
Les habits identiques de la jeune femme, ainsi que le titre, suggèrent que la visitée et la visiteuse sont une seule et même personne. Ainsi se met en route une mécanique interprétative entre deux scènes que rien de tangible ne relie, exercice d’imagination qui est sans doute l’effet même recherché par ce pendant.
Car le titre « La visite reçue » est volontairement ambigu : désigne-t-il celle de l’officier ? ou bien l’irruption du petit messager ? ou bien encore une autre visite, que le tableau ne montre pas ? Et en quoi la visite rendue est-elle la conséquence de la visite reçue, bien que l’officier et l’écrivain ne soient manifestement pas le même homme ? S’agit-il d’un titre ironique, suggérant que la jeune femme ne manque pas de visiteurs ?
Les possibilités narratives sont nombreuses.
La visite rendue
Suivie par sa compagne, une jeune femme élégante ôte ses gants en entrant dans l’appartement d’un homme, qui cesse d’écrire et se retourne vers elle en souriant. Il s’agit vraisemblablement de son futur mari, puisqu’il a accroché un portrait d’elle au dessus de son bureau, afin de l’avoir en permanence sous les yeux.
Les Malheurs de l’Amour
Boilly, 1790, The Wallace Collection , Londres
D’un certaine manière, e thème est l’inverse du N°4 du « Rôle des tableaux de Boilly », où une jeune femme reçoit à la fois une lettre de rupture et son portrait qu’on lui retourne.
La logique du pendant (SCOOP !)
Je pense que c’est A. M. de Poncheville qui a flairé la meilleure explication [3], que je vais développer ici.
La jeune fille allait souper quand l’officier est arrivé à l’improviste (cape sur la miche). Ils ont vidé la carafe en buvant dans le même verre et joué de la musique, la jeune guitariste s’asseyant sur les genoux du claveciniste (pas de chaise visible). Mais un jeune messager a interrompu le concert, probablement pour annoncer l’arrivée d’un autre visiteur. Tout en l’empêchant de voir celui qui est déjà dans la pièce, elle lui donne un billet décommandant l’importun.
Le titre « La visite reçue » a donc un bien aspect ironique, puisque l’un des visiteurs a chassé l’autre.
Nous sommes ici dans le registre des amourettes d’avant mariage, avec leur lot de complications et de coups de théâtre.
Le second tableau nous montre, comme dans « L’amant constant » ou « Le cadeau délicat », une Amour stable. La jeune femme rend visite à son futur, chez lequel elle a ses habitudes. Nous ne sommes plus au stade du médaillon échangé, mais du portrait accroché au dessus du secrétaire.
Ce tableau exposé, s’opposant au tableau retourné, symbolise bien la différence entre l’Amour déclaré et les amourettes versatiles. Nous ne sommes pas dans une histoire en deux épisodes, mais bien dans un pendant thématique et moraliste, opposant deux attitudes face à l’amour : l’inconvenante et la convenable.
Les conseils maternels (N°10), Collection privée | L’amant constant (N°18), localisation inconnue |
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Boilly, 1791
Les deux toiles, commandées par Calvet de Lapalun, sont décrites aux N° 10 et 18 de « Sujets pour des tableaux ».
Les conseils maternels
Une jeune fille éplorée, qui lisait près du poêle, a laissé tomber son roman ou son journal intime, et la porte ouverte laisse voir une lettre qui brûle.
Dans sa description N°10, « deux amies moralisant sur les mariages d’amourette », Calvet de Lapalun avait prévu une mère expliquant à sa fille la signification du groupe sculpté, à savoir « la folie des mariages d’amourettes et les dangers que l’on court lorsque l’on n’a en vue en se mariant que de satisfaire une passion ». Le thème, y compris le groupe sculpté, n’a donc pas été inventé par Boilly, mais par son patron.
En revanche le texte du cartel est de son cru :
Vois le perfide Amour étouffant son flambeau
Quand l’Hymen de ses yeux enlève le bandeau
Ce qui peut se traduire ainsi : le désir s’éteint une fois que le mariage a enlevé les illusions.
Mécontent de cette liberté, Calvert de Lapahun a tenu à faire inscrire au dos une tableau une réserve, qui rappelle son intention d’origine, nettement plus moraliste :
« au lieu de vers on voulait que le peintre mit simplement / L’hymen ote à l’amour son bandeau. / Danger des marriages d’amourette./ Inventé par M. de Calvet la Palun peint par Louis Boilly 1791 ou leçon d’un mère a sa fille »
Autrement dit : reviens à la réalité, éteins ta flamme et marie-toi.
Autre rajout de Boilly, pour illustrer le côté versatile des amourettes : l’amant repoussé, convié à prendre la porte malgré sa mine désespérée
L’amant constant ( N°18 )
Dans « Sujets pour des tableaux », cette oeuvre n’est pas consécutive à la précédente, et il n’est pas indiqué qu’elle en soit le pendant. Néanmoins la composition est identique : une figure d’autorité (homme ou mère) désigne à une jeune fille une statue allégorique.
Le tableau est très fidèle à la description : l’homme montre ce qui est inscrit sur le piédestal : « avec le tems », tandis que le Cupidon en statue commence à percer le rocher avec sa flèche. Le message à comprendre est que « l’amour avec de la constance rend sensibles les coeurs les plus durs« .
Pour le geste de la jeune fille, Calvet de Lapalun laissait le choix entre deux options:
- une noble : « air dédaigneux, tournant un peu la tête et ayant les deux bras dans l’attitude d’une personne qui repousse ce qu’on lui propose » ;
- une gaie : « avec un air riant et folâtre, (elle) frotte l’index de sa main gauche, avec celui de la droite. Elle a l’air de répondre au jeune homme : même avec le tems vous ne m’aurez pas ».
Sans surprise, Boilly a choisi la version « gaie », l’index frotté signifiant à l’époque, de manière assez crue : « je t’en ratisse ! », autrement dit : « va te faire voir, tu n’y toucheras pas ». A noter au premier plan le chien couché sur le tabouret, qui signifie peu pu prou « La Fidélité vaincra ».
Ainsi l’amant constant venge, par sa patience, l’amant repoussé du premier tableau.
Je t’en ratisse ! | Ah Si je te tenois ! |
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Danloux, 1784, collection particulière
L’idée des gestes opposés sort peut être de ce pendant de Danloux, l‘index étant une métaphore virile transparente (d’autant plus qu’il est associé au bâton). Sur d’autres occurrences de ce thème chez Boilly, voir Boilly : Surprises et sous-entendus.
Prends ce biscuit | Nous étions deux nous voilà trois |
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Boilly, vers 1791, Collection privée [2]
Dans ce pendant plus trivial, destiné une autre clientèle, Boilly a recyclé le décor imaginé par son patron : le groupe sculpté, qui représente maintenant Bacchus revigorant Cupidon avec une coupe de vin, commente le geste de la jeune femme qui, pour ranimer son amoureux flapi, le régale d’un biscuit. Sur le socle est inscrit : « Vive Bacchus ! L’amour repousse ».
Le second tableau inverse les positions : c’est la femme qui est est fourbue et l’homme,debout, qui lui présente présente le résultat de tous ces efforts.
La lettre | Le cadeau délicat |
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Boilly, 1789-93, Collection Bemberg, Toulouse
Bien que ces deux tableau aient été vendus ensemble en 2002, il n’y a aucune preuve historique qu’ils aient jamais constitué des pendants. D’ailleurs ils sont loin d’être équilibrés : à gauche un couple, à droite un trio.
La lettre
La lettre | La visite reçue |
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Le sujet se rapproche un peu de « La visite reçue », en plus simple, puisque la lettre est écrite sous les yeux de l’amoureux.
Le cadeau délicat
Le cadeau délicat | La visite rendue (inversee) |
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Le Cadeau délicat inverse quant à lui La visite rendue, et se compose maintenant de deux scènes disjointes :
- un homme lit une lettre à son bureau ;
- une femme vient déposer à son insu un médaillon qui la représente ; derrière elle, son chaperon regarde peureusement dans l’escalier et tente de retenir sa main : sans doute par crainte que quelqu’un ne voit cette visite compromettante et parce que le don est par trop audacieux.
Ces différences modifient le sens général :
- le portrait officiel a disparu, remplacé par le médaillon qui, joint à l’attitude craintive de la compagne, trahit une relation dissimulée ;
- la jeune femme porte maintenant un chapeau voyant, et pas de gants ;
- en revanche le chapeau de l’homme est ordinaire, tandis que dans l’autre tableau c’était un bicorne excentrique, préfigurant ceux que porteront les Incroyables quelques années plus tard.
http://collections.lesartsdecoratifs.fr/le-cadeau-delicatLe conseil maternel LOUVRE RF 1961.19) | http://collections.lesartsdecoratifs.fr/le-conseil-maternelLe cadeau délicat (LOUVRE RF 1961.18)t |
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Boilly, 1789-93, Musée des Arts Décoratifs, Paris
Ce pendant confirmé illustre une spécialité de Boilly à cette époque : l’« imitation de l’estampe » par des peintures en grisaille.
On reconnaît la copie pratiquement à l’identique des tableaux que nous avons déjà vus (seule différence : dans Le conseil maternel, l’amant rebuté à été remplacé par le carnet jeté par terre).
La logique du pendant (SCOOP ! )
Formellement, ce nouvel appariement est bien équilibré : deux femmes devant une statue ou un homme immobile.
La logique binaire retrouve celle que nous avons déjà noté dans les pendants pour Calvet de Lapalun :
- dans le premier tableau, la jeune fille, morigénée par sa mère, montre son inexpérience amoureuse ;
- dans le second, elle montre au contraire un esprit de décision, en se rendant chez son amant pour lui donner un portrait d’elle, sans se laisser dissuader par son chaperon.
Sous les apparences d’un pendant narratif (la jeune fille échappe à sa mère pour se rendre chez son amant), il s’agit en fait d’un pendant thématique, opposant les incertitudes des aventures aux certitudes de l’Amour.
Ce schéma récapitule les relations entre ces trois pendants qui, tout comme le groupe sculpté imaginé par Calvet, illustrent tous l’opposition entre les Amourettes (« le perfide Amour ») et l’Amour Stable (L’hymen).
Ajoutons que Boilly exposa en 1792 un autre pendant du même genre, dont il ne reste que les titres : « La pensée trouvée » et « Femme attachant un médaillon » ([4], p 37)
L’amant jaloux
Boilly 1791, Musée Sandelin Saint Omer
Le N°8 de la suite pour Calvet de Lapalun devait initialement illustrer un opéra comique, « Les fausses apparences ou L’amant jaloux » : derrière le paravent devait se cacher une jeune fille, ce qui ridiculisait le vieillard jaloux. Boilly adopte ici un parti moins convenable : la jeune femme a véritablement un amant et nie l’évidence malgré le souper fin et le portefeuille empli de billets doux, sa mère et sa fille faisant également barrage ; et elle a bien raison, vu l’aspect repoussant du mari qui, de rage, piétine un médaillon.
Le souper interrompu (Poussez ferme !) | Le vieillard Jaloux (Ah Ah qu’il est sot !) |
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Boilly, vers 1791, Norton Simon Art Foundation, Pasadena
Boilly a repris la même scène à son propre profit, dans ce pendant moins élégant qui sera ensuite gravé par Simon Petit sous les titres graveleux de « Poussez ferme ! » et « Ah Ah qu’il est sot ! ».
Susan L. Siegfried ([4], p 8) note combien Boilly adapte l’expression des convenances selon son public, transformant des allusions acceptables pour un aristocrate en détails crus appréciés par des spectateurs moins raffinés. Ainsi, dans cette version vulgaire :
- le souper fin est constitué d’un melon ouvert (côté féminin) et d’une saucisse (côté masculin) ;
- l’amant empoigne le goulot de la bouteille en souriant à la poitrine dénudée de sa partenaire ;
- le vieillard jaloux bourre de coups de poings le chapeau de l’amant ;
- la complice fait le geste des index croisés (« je t’en ratisse »), qui moque la virilité du jaloux.
La logique du pendant (SCOOP !)
On pourrait croire à deux moments d’une scène de vaudeville (le mari légitime est retardé derrière la porte, puis il réussit à entrer tandis que l’amant se réfugie derrière le paravent) ; mais l’inversion des décors et du sein visible de la jeune femme, les couleurs différentes de la chaise renversée et du ruban dans les cheveux, indiquent que ce n’est pas le cas.
Le titre à double-sens des gravures incite à les considérer comme les métaphores de deux stades d’un processus plus anatomique : celui où l’intéressé est dans la place (« Poussez ferme ! ») et celui où il doit la quitter. Dans les deux cas, le « vieillard » symbolise ce qui peut gêner la plaisir : le manque de vigueur et l’interruption prématurée.
L’amante déçue | Le vieillard jaloux |
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Boilly, vers 1791, autrefois dans la collection Paul Sohège [5]
Dans cette autre pendant, Boilly modifie Le Vieillard jaloux pour l’apparier avec une toile bien différente.
En rentrant chez elle (la cape jetée sur la table), la dame a trouvé une lettre de rupture. De rage elle piétine le portrait de l’amant et arrache son médaillon qu’elle portait au cou. Mais par la porte de droite la servante, l’esprit pratique, amène l’écritoire pour raccommoder les choses.
En rentrant chez lui, le vieux mari a trouve sa femme lisant une lettre d’amour. De rage il piétine le médaillon et laisse tomber sa canne. Mais à droite l’alcôve ouverte laisse entendre qu’une réconciliation sur l’oreiller est possible.
Là encore, il ne s’agit pas malgré les apparences d’un histoire en deux temps, mais de la mise en parallèle ironique d’une même situation : la lettre qui déclenche la colère.
Les commandes de tableaux de genre se raréfiant durant la Révolution, Boilly se lance dans toute une série de tableaux et gravures alimentaires de qualité très variables, souvent vendues en pendants.
Voilà ma mère, nous sommes perdus ! | Jouir par surprise n’alarme pas la pudeur |
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Boilly, 1789-95 , gravures de Beaublé
Dans ces deux scènes très convenues, l’effet comique tient à la figure qui apparaît à l’arrière plan, par la porte ou le rideau :
- la vieille mère interrompt les ébats à peine amorcés sur la chaise (le corsage pend mais le lit n’est pas défait) ; les linges posés sur les différents ustensiles signifient, comme dans les tableaux flamands, le ménage négligé ; mais ils évoquent aussi comiquement, par une métaphore visuelle, la situation du galant réfugié sous le couvre-lit ;
- le voyeur, en revanche, « n’alarme pas » (ne gêne pas) la jeune fille qui lace sa jarretière (les chaussons plats qu’elle porte encore montrent qu’elle est en train de s’habiller, et donc que le jeune homme a déjà assisté au meilleur) ; le minou – comme souvent au XVIIIème siècle, effectue à l’intérieur de la gravure le rôle espéré par le galant : attraper le ruban et empêcher le rhabillage.
L’Attention dangereuse | La Jarretière |
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La Jardinière | L’Amusement de la Campagne |
La Solitude | La Précaution |
Entre 1789 et 1793, Boilly réalise une série de six jeunes filles en extérieur, destinées à être gravées par Tresca. Les appariements proposés ici sont ceux du catalogue de la vente, mais les poses sont conçues pour se répondre à volonté. A noter, dans la dernière gravure, le détail qui suscite l’attention de la demoiselle, et que nous allons tout de suite retrouver.
L’amant poète | L’amant musicien [0] |
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Boilly, 1789-93, gravures de Levilly
Le thème piquant de ces deux gravures est le voyeurisme féminin, qui plus est à deux : l’objet de la concupiscence de ces dames manie d’une part le crayon du poète, de l’autre la flûte de l’oiseleur.
Il faut sans doute aussi comprendre que les deux hommes sont bien différents quant à leur attitude envers les femmes : l’un est fasciné par l’académie d’Apollon tandis que l’autre attire les filles dans les buissons.
« Ah, Qu’il est gentil ! » (La Cocarde Nationale) |
« Ah, Qu’elle est gentille ! » |
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Boilly, 1791, gravures de Bonnefoy
- D’un côté, une jeune femme au buste avantageux ajuste un bicorne républicain sur un séduisant militaire, en lui tenant le menton.
- De l’autre, un jeune mari au jabot avantageux ajuste une couronne de rose sur un séduisante mère en lui tenant le menton.
Le petit garçon vient, par une sorte d’automatisme d’Ancien Régime, classer ce pendant dans la catégorie Amourette/ Amour durable.
La douce impression de l’Harmonie | Suite de la douce impression de l’Harmonie |
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Boilly, vers 1790, collection privée
La jeune femme s’est levée du fauteuil et a fait passer sa guitare dans l’autre main ; l’homme, dont les poings serrés projetaient sur l’entrejambe une ombre suggestive, est passé de l’autre côté de sa compagne pour l’embrasser : tout annonce deux moments consécutifs.
Cependant les pièces sont différentes : le salon avec sa cheminée allumée s’oppose à la chambre avec le lit défait, avec une servante derrière la porte que vient de refermer le galant, posant son chapeau et sa canne juste à côté.
Ce type étrange de pendant, où les personnages jouent une scène continue, mais dans des lieux et à des moments différents, est typique des compositions de Boilly à cette époque.
Le Sommeil trompeur | Le Réveil prémédité |
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Boilly, 1796, collection privée
Ce pendant très sage est sans doute le dernier de Boilly dans le style Ancien Régime :
- une jeune femme qui rentre de promenade (avec sa canne et à demi gantée) récupère le livre que le musicien endormi allait laisser tomber par terre ;
- une jeune femme sur le point de sortir est soudainement enlacée par le musicien, qui faisait semblant de dormir, et le livre tombe quand même.
Le grand intérêt de ce pensant est qu’il nous livre la véritable raison de la réticence de Boilly à traiter dans un même décor et avec les mêmes personnage deux scènes clairement conçues pour être consécutives (comme le prouve le détail du livre). Il ne s’agit pas ici d’éluder une scène intermédiaire scandaleuse mais, dans une optique d’artisan consciencieux, de justifier ses prix en livrant une composition graphiquement complète, couleurs chaudes contre couleurs froides, cheveux blonds contre cheveux bruns : deux types de beauté féminine.
La préférence pour la richesse visuelle contre la vérité narrative est une convention raffinée, dont la mode touche à sa fin.
La leçon de dessin, la leçon de musique
Boilly, date inconnue, dessin, collection privée
Après toutes ces scènes tendancieuses, ce pendant de couple frappe par l’absence de tout sous-entendu : l’homme est simplement un maître de dessin et de musique, son crayon n’est qu’un crayon et son archet qu’un archet.
Le repos durant la Leçon de Musique Boilly, date inconnue, dessin, collection privée
Il existe néanmoins une version plus intrusive, dans laquelle le chien a sauté du tabouret sur les cuisses de sa maîtresse, et où la main a abandonné l’archet on ne sait où.
Les pendants grivois
La serinette, 1791, Boilly, Collection privée
Ce tableau détourne un thème déjà traité par Chardin (voir La douce prison) : le serinette, boîte à musique destinée à entraîner les oiseaux à chanter, les incite ici à copuler, et leur maîtresse toute émotionnée à dégrafer son corsage.
Le tableau a été gravé par Honoré, avec pour pendant « Ils sont éclos » de Van Gorp, qui montrait visiblement le résultat de l’opération
Il dort (Le doux réveil), Musée Cognacq-Jay | Que n’y est-il encore (gravure de Petit) |
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Boilly, 1789-95
Dans le premier tableau, une jeune femme dépoitraillée vient dans la chambre où dort un militaire venu lui jouer de la contrebasse (probablement son amant , à en juger par le portrait sévère du mari au mur).
Dans le second tableau, les habits d’homme ont disparu, le lit est vide : l’amant vient de se retirer, la jeune femme se rhabille et, désolée comme la petite statue de Cupidon, elle déplore son absence par une phrase à double-sens.
Le pendant est aussi l’occasion amusante d’opposer, dos à dos, les deux fauteuils où sont posés les vêtements masculin et féminin, dans l’ordre précis du déshabillage.
La dispute de la rose | La rose prise |
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Boilly, 1791, gravures de Eymar
Le sujet de la rose à défendre contre les avances masculines était un poncif de l’époque (voir 4 La cruche cassée (version révolutionnaire) ):
Le corsage dégrafé de la fille, sa main entre les cuisses, son sourire plus satisfait que moqueur, et la rose posée maintenant sur l’entrejambe du garçon, invitent à une lecture Avant-Après qui laisse deviner ce qui s’est passé entre les deux (voir Une transformation).
C’est alors qu’un alibi purement graphique et parfaitement hypocrite vient démentir la lecture séquentielle : l’inversion des décors, les deux races de chiens, la modification de la statue de l’Amour (qui fait le geste de la discrétion, puis celui de la douleur) prétendent qu’il ne faut pas lire le pendant comme une histoire en deux temps, mais comme une opposition parfaitement morale : la Fille sérieuse et le Galant puni (qui s’y frotte se pique… le doigt).
Ce pendant audacieux, mais pas encore osé, va laisser place à des productions de plus en plus grivoises.
Le Modèle disposé, Schall | Le Prélude de Nina, Boilly |
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1790, gravures de Chaponnier
Tandis que Schall peint une scène galante, mais prosaïque (la chaufferette ne sert qu’à réchauffer), Boilly met en musique, de manière aussi inventive que suggestive, un véritable vocabulaire sexuel des objets (voir Surprises et sous-entendus).
La comparaison des petits pieds | L’amant favorisé |
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Boilly, 1791, gravures de Chaponnier
Les deux scènes sont surtout des prétextes à montrer une poitrine dénudée et des petits souliers pointus. Le pendant se justifie, faiblement, par le rôle des portes :
- dans la première gravure, elle laisse passer le voyeur qui se faufile au ras du sol :
- dans la seconde, l’une favorise la fuite de l’amant et l’autre retient le mari (ou plus probablement un autre amant, vu l’expression peu effrayée de la fille) ;
Mais le vrai sujet, sous-entendu par les titres, est celui de la comparaison et du choix : les deux filles échangent leurs souliers, la fille a choisi l‘amant qui lui va le mieux.
Aussi étrange que cela puisse paraître, ce sujet est décrit en bien plus scabreux par le bienséant Calvet de Lapalun au N°9 de « Sujets pour des tableaux » sous le titre « L’abbé, juge des petits pieds » : il y rajoute une soubrette qui se moque de la « coquetterie » de l’homme efféminé, « avec sa frisure avec art arrangée… une fleur à la boutonnière et un éventail à la main » [6]. Boilly n’a pas réalisé cette version pour Calvet de Lapalun, mais a réutilisé l’idée pour des créations personnelles.
Collection privée | The Ramsbury Manor Foundation – Photo (c) courtesy the Trustees |
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La comparaison des petits pieds, Boilly, vers 1791
Dans la version peinte (à gauche), les couleurs montrent bien l’échange de souliers et le voyeur est un abbé poudré qui reste derrière la porte.
Dans le seconde version plus décente (à droite), les seins sont voilés et le voyeur est absent.
Çà ira | Çà a été |
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Boilly, vers 1792, gravures de Texier
La lettre de l’homme dans le tiroir entrouvert est une métaphore claire de ce qui se passe entre les deux moments. Seule l’inversion de la position du lit et de la source de lumière s’oppose encore faiblement, comme par un reste de convention bienséante, à la lecture Avant-Après, confortée par la crudité des titres. Plus tard, le second sera d’ailleurs modifié, par prudence, en « Le lever des époux » ([7] , p 49).
La douce résistance | On la tire aujourd’hui |
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Boilly 1794, gravures de Tresca.
Autant la première estampe est dans la droite ligne des gravures galantes de l’Ancien Régime, autant la seconde est provocante par son titre à double-sens, qui prend comme prétexte les billets de loterie du jeune homme pour suggérer le geste que la jeune femme au téton baladeur ne fait pas (pour plus de détails sur cette estampe, voir Surprises et sous-entendus). Il est possible également que la licence, coutumière côté aristocrate emperruqué, ait été jugée transgressive côté bourgeois en chapeau.
Quoiqu’il en soit, sous la Terreur, en avril 1794, Bailly fut dénoncé pour immoralité devant la Société Républicaine des Arts, pour les estampes dont aucun alibi ne voile l’intention érotique, telles justement que On la tire aujourd’hui ou La comparaison des petits pieds .
Défends-moi | La leçon d’union conjugale |
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Boilly, date inconnue, gravures de Petit
Ce pendant un peu plus acceptable renoue avec la veine Amourette – Amour stable : à gauche la fille fait mine de pousser son bichon à attaquer le jeune homme qui dénoue sa jarretière, mais le geste de sa main tendue est toujours aussi suggestif. A droite l’union stable est sanctifiée par les deux tourterelles et les deux gants blancs (voir Les oiseaux licencieux).
Défends-moi | Tu saurais ma pensée |
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Boilly, date inconnue, gravures de Petit
Dans la scène la plus osée, la belle ordonne mollement à son chien de la défendre contre les entreprises de l’amant, qui s’attaque à sa jarretière. En désignant ostensiblement son sac à main posé sur le canapé, la belle fait comme si l’agresseur n’était qu’un brigand ordinaire, tout en lui désignant symboliquement ce qu’il s’agit désormais de fouiller.
La gravure était parfois contrebalancée par cette autre scène, à la moralité en apparence irréprochable : après avoir fait de la musique (la guitare, le Cupidon avec fifre et tambour), les deux prennent le café, et la belle superstitieuse refuse de boire dans la tasse de son soupirant, ce qui lui révélerait ses pensées. En illusionniste confirmé, Boilly attire l’oeil sur la main qui refuse et laisse dans l’ombre celle qui traîne au dessous de la table.
Hercule et Alceste | Persée et Andromède |
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Boilly, 1795-96, collection privée [0]
Raretés mythologiques et érotiques, ces deux petites compositions, présentées dans un étui en maroquin noir, appartenaient à Livry, un collectionneur qui possédait d’autres tableaux de Boilly. Tel la coccinelle de Gotlib, le Cupidon de Boilly commente l’action, d’un coté en tirant une flèche vers Cerbère, gardien des Enfers, de l’autre en imitant Persée aux chevilles ailées atterrissant sur Andromède.
Les pendants sentimentaux
Boilly a fort peu exploité la veine du sentimentalisme à la Greuze et, lorsqu’il le fait, c’est avec une forme de crudité visuelle, d’alternance du chaud et du froid, qui confine à la Cruauté.
La crainte mal fondée | La tourterelle |
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Boilly, vers 1785, collection privée
Ce pendant non daté remonte probablement aux premières années de Boilly à Paris, à la fin du règne de Louis XVI.
Dans le premier tableau, la grande soeur console son petit frère, effrayé par le chien (qu’elle s’est sans doute amusé à exciter contre lui). Dans le second, pour se faire pardonner, elle se laisse bécoter les lèvres par l’oiseau sorti de sa cage.
Sous une apparence charmante, le pendant n’est pas exempt d’arrières-pensée : encore à l’âge tendre, la fillette s’exerce déjà à son métier de femme (sur le thème du baiser de l’oiseau, voir L’oiseau chéri).
L’Affligeante Nouvelle | Les Coeurs reconnaissants (Trait de bienfaisance de la Duchesse d’Orléans), The Ramsbury Manor Foundation |
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Boilly, 1791
Le pendant existe en couleur, et en imitation d’estampe (j’ai ici mélangé les deux).
Un pendant Avant-Après
- le malheur : un curé, suivi par son bedeau, vient apprendre à une mère de famille le décès de son époux ; la brouette-jouet et le tambour relégués sous la table nous indiquent que le temps des jeux et de l’opulence est fini ;
- le bonheur : sous l’oeil approbateur d’une bonne soeur, une dame riche, suivie d’un laquais, offre une bourse à une famille méritante : il s’agit de la duchesse d’Orléans, connue pour sa générosité, et on reconnait le grand escalier du Palais-Royal.
En pleine Révolution, ce sujet hagiographique s’explique par le fait que la duchesse était encore l’épouse du populaire Philippe-Egalité, ainsi que par la proximité de Boilly avec la famille d »Orléans.
Jeune mère et sa fille donnant la becquée à un oiseau | Jeune femme à la robe bleue prenant son enfant dans les bras |
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Boilly, 1793-96, collection privée
Jusqu’à la fin de la Révolution, Boilly continuera à peindre en style Ancien Régime d’affriolantes élégantes, ici sous un prétexte maternel.
Jeune femme à la guitare | L’enfant à la rose [0] |
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Boilly, 1793-96, collection privée
Ces deux tableaux ont été vendus comme pendants en 1816.
D’un côté, une jeune femme accorde sa guitare à la lumière d’une lampe qui découpe sur le sol une ombre dentelée (à remarquer la chambre noire, un instrument d’optique que Boilly collectionnait). On suppose qu’il pourrait s’agir de son épouse Julie.
De l’autre une scène au grand soleil, où un petit garçon tend une fleur à une jeune femme qui s’intéresse à autre chose, fixant quelque chose ou quelqu’un en hors champ.
Mis à part l’opposition lumière artificielle / lumière solaire, le thème commun est difficile à saisir. De même, la différence de taille entre les deux femmes heurte l’oeil, sauf s’il s’agit à droite non pas d’une mère, mais d’une grande soeur qui s’ennuie en gardant le gosse.
Deux jeunes femmes s’embrassant, 1790–94 The Ramsbury Manor Foundation. Photo (c) courtesy the Trustees | A l’entrée, 1796-98, Musée de l’Ermitage, St. Petersbourg |
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Boilly a abordé plusieurs fois le thème émoustillant de la grande et de la petite fille (l’initiatrice et l’adolescente qui s’éveille) soir explicitement, avec ds deux jeunes filles s’entraînant au baiser sur la bouche, soit comme dans le second tableau au travers de nombreux sous-entendus sexuels (voir Surprises et sous-entendus).
S’il Vous Plaît, Toledo Museum of Arts | Filles agaçant un chien (Le favori) |
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Boilly, 1795-96, collection privée
Même sujet de l’éveil de la féminité : d’un côté la pomme n’est encore qu’une gourmandise, de l’autre une jeune fille à demi-sortie de l’enfance (une de ses mains est nue, l’autre gantée) apprend de sa mère comment faire enrager un favori.
Pour la suite de la carrière de Boilly, voir 2 Les pendants de Boilly : du Directoire à la Restauration
[1] Henry Harrisse « L. L. Boilly, peintre, dessinateur, et lithographe; sa vie et son œuvre, 1761-1845; étude suivie d’une description de treize cent soixante tableaux, portraits, dessins et lithographies de cet artiste » https://archive.org/details/gri_33125003381288/page/n165
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12483698.texteImage
https://www.jstor.org/stable/44850579
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12483698.texteImage
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