1 Sous l’oeil de l’archer
Panorama historique d’un motif rare, à la fois parce qu’il se heurte à une difficulté graphique et parce qu’il enfreint un tabou représentatif : celui de mettre en joue le spectateur.
Archers des cathédrales
Sagittaire visant la cour du palais du Tau , XIIIème siècle
Cathédrale de Reims, pignon du portail Sud
Ce sagittaire visait une statue placée autrefois au centre de la cour du Palais du Tau, un cerf de bronze, qui figurait par ailleurs sur le sceau du tribunal ecclésiastique. On peut y voir une mise en garde des chanoines de la cathédrale envers les pouvoirs de l’archevêque.
Archer de la cathédrale de Meaux, 1475-1500, photos et datation Mickaël Wilmart
Selon la légende locale, un ouvrier du chantier de la cathédrale aurait fait pointer la flèche vers la maison d’un mauvais payeur. Mickaël Wilmart [1] pense plutôt qu’elle pointe en direction de la Tour de la compagnie de Arbalétriers, signe peut-être de leur participation à la campagne de travaux.
Crucifixion, Meister der Benediktbeurer Kreuzigung, 1455, Alte Pinakothek, Munich
Cette Crucifixion renferme, du côté du mauvais larron, notre innovation iconographique : un archer et un arbalétrier visent directement le spectateur.
On voit d’emblée la difficulté graphique : vue de face, l’arme est peu reconnaissable, et masque le visage du tireur. Néanmoins, l’effet dramatique est garanti, puisqu’il enfreint la convention visuelle que le spectateur est à l’abri en dehors de l’image.
Archers civils
Une peinture de l’hôtel de ville de Nuremberg représentait un archer pointant sa flèche, qui semblait suivre le spectateur partout où il se déplaçait . Nicolas de Cues, dans son De visione dei (1453) s’en sert pour illustrer le regard omnivoyant de Dieu.
Cette figure très connue explique sans doute le déploiement précoce du motif en Allemagne.
Jeu des offices de la Cour (Hofämterspiel), vers 1455, Kunsthistorisches Museum, Vienne
Dans ce jeu de 48 cartes, l’arbalétrier (Schutz) fait partie des métiers des cartes » V « , avec le sommelier (Kellner) , le fauconnier (Valkner) et le cuisinier (Koch). Les quatre armoiries (Bohême, France, Allemagne et Hongrie) correspondent à nos quatre couleurs. [2]
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Dessin, vers 1430, Allemagne du sud, Universitätsbibliothek Erlangen-Nürnberg . | Wappenbuch (ONB 12820, fol. 184r), c. 1484-1486 |
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Arbalétrier
Ces dessins didactiques montrent la position correcte pour viser ( l’oeil gauche fermé). Notez le crochet d’armement pendu à la ceinture.
Le Martyre de Saint Sébastien, Dürer, vers 1495
On peut se demander si l’arbalétrier du premier-plan, qui retend son arme en jetant un regard mauvais au spectateur, n’est pas un clin d’oeil du jeune Dürer à ce motif déjà bien installé en Allemagne.
Arbalétrier au-dessus de la porte de l’armurerie des comtes de Wertheim
Château de Breuberg, 1528
L’arbalétrier sert ici d‘enseigne parlante qui enjoint aux passants de s’éloigner.
Royal Collection Trust | Louvre |
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Projet pour la façade de la casa Orsi, Lelio Orsi, vers 1570,
Irving Lavin [3] explique cette composition par l’identification du peintre Lelio Orsi à Hercule, à l’instar de son illustre homonyme, l’empereur Lucius Aelius Aurelius Commodus (Aelius = Lelio), connu pour imiter Hercule en toute occasion. Ainsi Hérodien raconte qu’Aelius érigea devant le sénat une statue de lui-même en archer prêt à tirer, car il souhaitait que même ses statues inspirent la peur.
Lelio Orsi a donc projeté de se représenter en arbalétrier au dessus de sa propre porte d’entrée, métaphore de l’artiste herculéen capable d’ébranler les colonnes (l’une déjà brisée, l’autre en train de tomber). Afin de bien faire comprendre la métaphore, le carreau d’arbalète est remplacé par un appuie-main de peintre à bout émoussé. A noter le blason avec les armes parlantes d’Orsi, des ours.
Gravure de 1579, Attribuée à Cherubino Alberti, d’après Lelio Orsi
Le graveur a modifié la posture dans un sens didactique : la jambe gauche posée sur l’arcade permet de montrer le crochet d’armement. L’inscription « Reggij » suggère que la fresque n’avait peut être pas été réalisée pour la maison d’Orsi à Novellara, mais pour celle de son frère Gianbattista à Reggio [3a].
Anonyme allemand, vers 1590 , Collection Marolles, volume 197, P. 17382, BNF
Ce burin reprend, ironiquement, le vieux motif allemand de celui qui cligne de l’oeil gauche pour viser :
Vise, dis-moi ce qu’est la vérité. |
Schaw, Rede Was Die Wahrheit ist |
Errol Flynn, 1938 | Russell Crowe, 2010 |
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Robin des Bois
Deux incarnations modernes de notre figure-choc, qui vise moins à dissuader le passant qu’à l’inciter à venir voir.
La flèche fatale
Dieu courroucé lançant ses flèches, gravure allemande, vers 1460
Cette formule apparaît vers 1460, sans doute par combinaison de trois images du Speculum Humanae Salvationis [3b] :
- la Vierge de Miséricorde abritant l’humanité sous son manteau (voir 2-2 la Vierge de Miséricorde),
- Marie médiatrice auprès de Dieu courroucé ;
- le Christ médiateur.
Le Père lance ses flèches, qui représentent les trois fléaux de la Peste, de la Famine et de la Guerre, quelquefois à la main, le plus souvent avec un arc, mais jamais avec une arbalète. Il est placé le plus souvent sur le côté, décochant ses traits en diagonale.
Sebastians Pestbild, 1490, Eglise paroissiale d’Oettinger
Cet ex-voto est un des rares cas où il tire de face, en position centrale, entre les deux intercesseurs que sont la Vierge et ici saint Sébastien, le patron de l’église d’Oettinger, spécialisé contre la Peste.
Panneau central du Triptyque du Triomphe de la Mort et du Jugement dernier
Hermann tom Ring, 1550-55, Museum Catharijneconvent
Dans cette oeuvre saisissante, c’est la Mort qui est à la manoeuvre : jaillissant d’un cercueil comme une girl d’un gâteau, et ayant abattu les hommes et les femmes qui gisent au premier plan, elle nous met en joue avec son arc tandis que ses auxiliaires, anges et démons, d’un côté font monter au ciel les méritants et de l’autre précipitent les récalcitrants dans l’abîme.
La Mort à l’arbalète
Filippo Napoletano (Filippo Liagno), 1600-29, Blanton Museum of Art, University of Texas at Austin
Même idée de la Mort qui vise tout le monde, papes, évêques et et rois., cette fois avec une arbalète.
La Mort à l’arbalète
Jacob van der Heyden, 1615
Le texte du haut résume le message :
Fuis où tu veux , l’image de la mort, te prend pour cible. |
Fleuch wo du wilt, des Todtes Bild, stätz auff dich zilt. |
Les trois flèches (brisée sur le sol, dans l’arbalète et dans le carquois) sont désignées par Hier, Aujourd’hui et Demain.
Les versets de la Bible se répartissent en deux registres : Punition et Consolation.
Copie d’après Jacob van der Heyden, 1650
Le dessin est conservé, mais les textes complètement modifiés.
La Mort à l’arbalète
Vers 1630, Wallfahrtskirche, Tuntenhausen
Cette peinture dans une église du sud de la Bavière recopie la gravure de van der Heyden, en oubliant au passage le mot Gestern. Des inscriptions bien senties explicitent le message.
Les deux citations latines font appel à deux autorités reconnues en matière de Vanité :
De quoi s’énorgueillit l’homme, lui dont la conception est une faute, la naissance une peine, la vie un travail, la mort une nécessité ? Epitaphe d’Adam de Saint-Victor |
Unde superbit homo cujus conceptio culpa, nasci pœna, labor vita, necesse mori. |
Après l’homme, le ver. Après le ver, la puanteur et l’horreur. Ainsi chaque humain est changé en non-humain. Saint Bernard |
Post hominem, vermis. Post vermis, foetor et horror. Sic in non hominem vertitur omnis homo. |
La mort à l’arbalète (“Death with a Crossbow or Death Stays on Target”)
Gerhard Altzenbach, 1635, Blanton Museum of Art, University of Texas , Austin
A Cologne, Altzenbach recopie, en l’inversant, la gravure de Jacob van der Heyden
De fortes sentences en allemand appuient le message visuel :
- « Veillez donc, puisque vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra ». Matthieu 24:44.
- « Hier c’était mon tour, aujourd’hui c’est le tien »
- « Ce que tu es je l’étais, et ce que je suis tu seras ».
Le mode d’emploi indiqué en bas à gauche : « Cette image doit être accrochée plus haut qu’un homme » garantit l’effet maximal.
L’escalier de la hiérarchie humaine,
Gerhard Altzenbach, 1648
Altzenbach a repris le même squelette pour base de cette gravure plus tardive, liée au contexte de la guerre de Trente Ans : elle exhorte les hommes de tout rang à la paix, sous l’autorité du Pape, avec à la place d’honneur l’empereur du Saint Empire.
Athanasius Kircher, 1646, Ars Magna Lucis, p 138 [4]
Si Kirchner nous montre la mort qui plane avec la banderole « Toujours et partout la mort subite voit les siens », c’est en fait pour se moquer de ce genre d’imagerie facile. Il démontre, avec les règles de la perspective, qu’il n’y a rien de magique à ce que les yeux de l’image semblent toujours fixer le spectateur. Voici l’explication de cette illustration ironique (p 140) :
Ainsi certains peignent artificieusement une image de la Mort avec un arc, pour qu’il te semble non sans horreur, où que tu te tournes, que la flèche veuille exploser en toi. Innombrables sont-elles de ce genre, peintes à des occasions variées, ainsi façonnées, sur le modèle de la nature, qu’on ne voit personne en manquer de toute son existence. Ce n’est pas seulement des yeux, peints pour la dite raison, qui te mentent, mais des instruments dirigés vers toi, par le génie de l’optique, saillants de toute part, comme la figure VI.II l’enseigne clairement. Ces peintres industrieux, passons-nous en. |
Hinc Mortis imaginem cum arcu quidam ita artificiose depingunt, ut telum arcui impositum quocumque te vertas non sine horrore in te explodere velle videatur. Innumera hujus generis a pictoribus variis occasionibus depingi possunt, ita ad naturae exemplar efformata, ut nihil ipsis praeter vitam deesse videatur. Non enim oculi tantum dicta ratione depicti, sed & optico ingenio instrumenta versus te directa in omnem partem projectionem mentientur,ut figura VI. Iconissimi II.clare docet; sed haec industriosis pictoribus relinquamus. |
Dessin allemand, XVIIIème, collection particulière
Une des innombrables images critiquées par le Révérend Père….
Le bolchevisme c’est l’esclavage, le viol, le meutre de masse, l’extermination.
Défendez-vous. Battez-vous jusqu’à la victoire. Capitulation, jamais !
Allemagne, 1944
La propagande nazie retrouvera le même effet spécial du squelette à afficher en hauteur. N’ayant gardé que ses bottes et son képi, ce bolchevique réduit à sa réalité macabre, ouvre le rideau rouge avec son arquebuse quelque peu modernisée et prouve, en révélant le tapis de crânes, la véracité du slogan.
Comme ses ancêtres du XVIIème siècle, ce type d’imagerie terrorisante n’a d’effet révélateur que sur ceux qui sont déjà convaincus ; de manière contre-productive, elle révulse tous les autres.
L’arbalétrier paillard
De la flèche de Thanatos à celle de Cupidon, il n’y avait qu’un pas à franchir.
Wendel Dietterlin « Architectvra Von Außtheilung, Symmetria vnd Proportion der Fünff Seulen, und aller darauß volgender Kunst Arbeit, von Fenstern, Caminen … », Nurnberg, 1598 planche 112 |
Daniel Meyer, L’ Architecture Ou Demonstration De Toute Sorte d’ Ornemens, és Portes, Fenestres, Planches… a Heydelberg ches Pierre Bourgeat, 1609, planche 21 |
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Au tournant du XVIIème siècle, Cupidon-arbalétrier fait son entrée dans l’art décoratif germanique, comme pour entériner la valeur phallique de l’arbalète, qui s’exprime depuis quelques temps.
Arbalétrier
Tobias Stimmer, 1550-84, Albertina
Le chasseur a posé son arc et armé son arbalète d’un carreau vu de face (son bout circulaire le distingue nettement d’une flèche). Bien que nous ne sachions rien sur ce motif ornemental, la pose accroupie a pour effet de mettre en valeur l’entrejambe. Le thème de l’oiseleur laisse suspecter une intention érotique.
Cette veine va être exploitée de manière plus explicite, au siècle d’après, par deux graveurs flamands.
L’arbalétrier et la laitière (The Archer and the Milkmaid)
Dessin de Jacques de Gheyn II, 1600-1610, Cambridge Harvard Art Museums
« Dans la littérature et l’art hollandais du XVIIème siècle, les laitières avaient la réputation de femmes de petite vertu, et cette paysanne délurée, coiffée du chapeau de l’arbalétrier, l’aide à viser avec sa flèche, laquelle est ostensiblement alignée avec sa braguette bouffante. Dans le pré, le même couple s’enlace étroitement, l’homme ayant ici gardé son chapeau. » [5]
A noter que la laitière de l’arrière-plan est assise sur un seau retourné, donc vide, tandis que les deux seaux étaient pleins lors de la séance de visée. L’arbalète désarmée posée sur le sol et le chapeau remis sur la tête, au milieu de l’avachissement des bovins, suggèrent la détente après le tir.
Moufle à poulie, du site www.arbalestrie.com.
La manivelle opportunément placée près de l’instrument à manipuler est celle du dispositif de mise en tension de l’arbalète.
Arbalétrier et servante tenant un verre de vin (Bogenschütze und Milchmagd mit Weinglas)
Dessin à la plume de Jacques de Gheyn, Staatliche Museen – Preussischer Kulturbesitz, Kupferstichkabinett, Berlin
L’idée de la femme debout derrière un archer en action avait déjà été explorée par de Gheyn, mais avec sans doute une autre signification : le vin empêche de bien tirer.
Gravure publiée par Nicolas de Clerck à Delft vers 1610
Dans la gravure, les vers en flamand ont une portée générale de méfiance envers les vantards :
« Méfie toi de celui qui vise tout le temps, |
« Wacht u voor hem, die alsins mickt |
Les vers latins, qui ne figurent pas sur toutes les versions de la gravure, sont autrement explicites :
« Débutant, puisque ta corde est tendue, vise avec ton arc plus sûrement, en te perfectionnant (littéralement en limant) : |
« Tiro tuos tensis sic arcus dirige nervis Ut medio ferias cespite quod tumuit Quin manibus cubitos ambabus fulcio, dicas Certius ut limans. Et bene virgo docet. » |
Cette thématique de la vierge experte rejoint celle de l’inversion des sexes illustrée par l’emprunt du chapeau : transgression vestimentaire assez épicée pour l’époque.
Successeur de de Gheyn, XVIIème siècle, Collection privée
La gravure eut une certaine popularité : dans cette transposition en peinture (dont il existe plusieurs exemplaires diversement cadrés), le chapeau s’est réduit à un bonnet à plume, la laitière s’est transformée en volaillère, et la manivelle s’est transformée en poignard, auquel se rajoute la lourde métaphore des bourses suspendues. La volaille morte a dans les Flandres une signification érotique, voir L’oiseleur.
Arbalétrier
Pieter Serwouters, c.1607–08, gravure d’après David Vinckboons
Obnubilé par sa visée, l’arbalétrier ne prend pas garde au hibou qui, au dessus de son béret orné d’une plume, se venge de cette concurrence en matière de chasse aux oiseaux. Un canard mort est pendu à son panier. A l’arrière-plan à gauche, d’autres archers rivalisent d’adresse dans le jeu du papegault.
Les deux vers en anglais près de l’épaule sont les suivants :
« Pour tout ce que tu vises, dont la vertu politique |
« For all your ayme, et Pollititians Vertue, / Take heed least something fals ty may besquert you. ». |
Les vers en flamand sont les mêmes que dans la gravure de De Gheyn
- « Wacht u voor hem, die alsins mickt / Dat sÿnnen boogh, u niet verklickt. »
Ainsi les deux légendes donnent deux interprétations complémentaires de l’image :
- celle pour l’exportation souligne le côté « arroseur arrosé » ainsi que la moralité politique ;
- celle pour le marché intérieur insiste sur le contexte grivois, souligné par la métaphore bien flamande du canard flaccide.
La raréfaction du thème
Johann Rudolf Schellenberg, fin XVIIe, Kunsthaus Zurich | Décoration murale, Schloss Lichtenstein |
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Après ce bref moment de popularité au tournant du XVIIème siècle, le motif de l’archer ou de l’arbalétrier vieillit et se raréfie. Il perd toute signification macabre ou érotique, et redevient purement décoratif.
En comparant avec le dessin réalisé trois siècles plus tôt, on perçoit bien l’étroitesse du thème : la position du tireur vu de face minimise l’arme et fige la posture.
Visé par Cupidon
Un thème parallèle, qui a eu son petit succès durant trois siècles, est celui de Cupidon mettant en joue le spectateur : sans doute parce que la joliesse de l’archer compense l’agressivité du geste.
Vénus et Cupidon Werner Jacobsz van den Valckert, 1612-14, collection privée |
Vénus, Mars et Amour Le Guerchin, 1615-1616, Galerie Estense, Modène |
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La composition de van den Valckert explique la métaphore : c’est au moment où Vénus se dénude que la flèche du désir pénètre le spectateur.
Chez Le Guerchin, Cupidon apparaît comme le porte-flingue de Vénus, qui lui désigne sa victime. La flèche et l’index sont deux instances, en acier et en chair, de la menace amoureuse.
Cupidon décochant sa flèche
Luigi Miradori (il_genovesino), 1640-50, Collection privée
Cupidon bourreau des coeurs devient rapidement un sujet à part entière.
Cupidon tirant une flèche Van Loo, 1761, Palais de Pavlovsk, St Petersbourg |
Grisaille attribuée à Jacob de Wit, 18eme, Kinloch Castle, Rum (Scottish Natural Heritage) |
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La visée de face réapparaît sporadiquement durant le 18ème siècle.
Dédicace à Arnold Böcklin
Max Klinger, 1887, Serie de dix gravures « Eine Liebe Opus X »
Dans la veine symboliste, Max Klinger réactive vigoureusement le thème, en ouverture de sa série « Un amour ». Entre trois vautours et trois femmes sauvages, une forte femme apprend à viser à un jeune garçon. Pour l’instant c’est son index qui fait office de flèche, les vraies sont encore posées sur le rocher.
Les deux mains jointes sur l’arc s’opposent aux deux mains juvéniles qui repoussent la cuisse, dernière tentative de l’adolescent de conserver sa pureté.
L’art de l’exhibition inversée : l’arc sans flèche et le cache-sexe rendent criant ce qui n’est pas montré.
Carte postale, 1911
Le coeur déjà transpercé est celui de l’envoyeur, le coeur qui va l’être est celui du ou de la Valentine qui recevra la carte : au XXème siècle, la flèche de Cupidon se propage par la Poste.
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