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– Au doigt et à l’oeil

Panorama historique d’un motif rare, à la fois parce qu’il se heurte à une difficulté graphique et parce qu’il enfreint un tabou représentatif : celui de mettre en joue le spectateur

Amazones ou Dianes chasseresses, les archères abondent dans l’art occidental. Mais celles qui visent le spectateur droit dans les yeux n’apparaissent que très tardivement, dans les pays anglosaxons [1] : la double transgression de la femme qui vous perce du regard et de la flèche ne fait fantasmer que dans les pays où l’arc signifie […]

Petit panorama de l’évolution, au long du XXème siècle, de cette image culte, typiquement américaine.

Le basculement de la flingueuse « à chaud » en extérieur jour à la flingueuse « à froid  » intérieurs nuit

Au milieu des années 60, la tueuse au regard d’acier n’est plus prise au sérieux. La formule va trouver un nouveau souffle dans une forme de second degré.

Le geste du doigt pointé est un des plus répandu en peinture : mais avant l’époque moderne, presque aucun peintre n’a osé le diriger vers le spectateur.

Brièvement perçu à la fin du XVIIIème siècle sous le signe de la moquerie, l’index tendu s’éclipse pendant presque un siècle, telle une comète périodique, pour faire son intrusion fracassante – et définitive – sous le signe de l’esprit de sérieux.

La célébrité de l’affiche de Kitchener fait que, pendant une bonne cinquantaine d’année, le geste de l’index tendu fera office de stimulus automatique dès qu’il s’agit de recruter, aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix.

Le nerf de toutes les luttes étant l’argent, l’index tendu glisse facilement de l’appel au peuple à l’appel de fonds, s’adressant à tous ceux qui ne peuvent pas s’engager physiquement. Et devient en somme sens la version héroïsée de la main qui mendie.

Après des deux utilisations naturelles pour le recrutement et la collecte de fond, le même de l’index pointé s’est progressivement étendue à toutes sortes de causes, à commencer par celle de la prévention. En temps de guerre Sauvez la production ! Espagne, 1938, affiche de Henry (Enrique Ballesteros) Mis à part le slogan, qui est […]