Le Soleil et la Lune dans le tympan de Parme.
La diffusion d’histoires tirées de la Vie de Bouddha depuis l’Orient via la Perse manichéenne (3ème s) l’Arabie, la Géorgie (9ème s) et enfin Constantinople (10ème s) est complexe et a été largement étudiée [1]. Sous le nom de « Roman de Barlaam et Josaphat” (ce dernier nom étant une corruption de Bodhisattva), le texte s’est diffusé dans l’Occident médiéval à partir de sa première traduction latine, en 1048. Il se trouve que la toute première représentation occidentale est une oeuvre majeure d’un sculpteur majeur, à laquelle cet article est consacré.
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Tympan du Portail de la Vie (Sud), Benedetto Antelami, 1196, Baptistère de Parme
Dernier grand sculpteur roman d’Italie, Benedetto a indiqué son prénom et la date sur le Portail de la Vierge, un des trois portails qu’il a réalisés pour le baptistère de Parme. Le Portail de la Vie est le plus original par son thème – le Quatrième apologue du « Roman de Barlaam et Josaphat” , et le plus énigmatique par ses détails :
- pourquoi ce redoublement du Soleil et de la Lune dans les quatre médaillons,
- pourquoi cette dissymétrie côté Lune, où quatre petits personnages se casent dans les écoinçons ?
Avant de tenter de répondre à ces questions, plongeons-nous d’abord dans l’histoire.
Le premier texte latin du Quatrième apologue
Le tympan de Benedetto vient très tôt : avant la popularisation de l’histoire par la Légende Dorée de Jacques de Voragine, ou par le Speculum Historiale de Vincent de Beauvais. Plutôt que de partir de ces résumés postérieurs, j’ai préféré traduire le texte de 1048, connu par un unique manuscrit du XIVème siècle, conservé à Naples :
« Ainsi, ceux qui désirent sans cesse les plaisirs corporels, laissant leurs âmes souffrir de la faim et être humiliée de mille maux, j’estime qu’ils sont semblables à un homme fuyant devant une licorne furieuse et qui, ne pouvant supporter le son de sa voix et ses mugissement terribles, s’enfuit avec force pour ne pas être dévoré. Mais comme il courait vite, il tomba dans une fosse très profonde : englouti, en tendant la main, il attrapa un arbre et s’y cramponna fermement et, posant ses pieds sur quelque base, il lui sembla qu’il était maintenant en paix et en sécurité. C’est alors qu’il vit deux souris, l’une blanche et l’autre noire, qui rongeaient sans cesse la racine de l’arbre auquel il s’accrochait, et il ne leur restait plus qu’à finir de le couper . Regardant au fond du gouffre, il vit un dragon d’aspect terrible, crachant du feu et sifflant des flammes, avec une bouche affreuse qui attaquait pour l’avaler. Portant à nouveau son attention sur ce sur quoi étaient posés ses pieds, il vit quatre têtes d’aspic qui sortaient du mur. Et levant les yeux en haut, il vit du miel qui coulait peu à peu des branches de l’arbre. En voyant tout celà, il commença à se tourmenter de ce qui l’entourait : la terrible licorne à l’extérieur qui voulait le manger, le dragon prisonnier et d’autant plus amer qui, la bouche ouverte, était impatient de l’ingérer, l’arbre aussi auquel il se tenait, qu’il n’avait pas encore lâché mais qu’il lâcherait bientôt, puisque ses pieds allaient glisser de la base impossible sur laquelle ils s’appuyaient. Et néanmoins, oubliant tant de maux , il se désintéressa de lui-même et se changea les idées avec un peu de miel.
Voilà qui ressemble à ceux qui se sont laissés amollir par la séduction de la présente vie, ainsi que je vais te l’expliquer tout de suite. La licorne signifie la mort, qui poursuit et essaie toujours de saisir la nombreuse descendance d’Adam. La fosse est ce monde plein de pièges maléfiques et mortels. L’arbre que les deux souris ont rongé sans cesse, auquel nous nous sommes accrochés, est la mesure de la vie de chacun. C’est une institution de Dieu que nous, nous dilapidons et consommons au fil des heures du jour et de la nuit, en nous accoutumant petit à petit à nous en détacher. Les quatre aspics signifient les matériaux du corps humain, quatre Eléments fragiles et instables par lesquels ils tiennent leur état , et désordonné par les humeurs surabondantes et perturbantes du corps de l’homme, ce composé se dissout. Et dans tout cela, le dragon cruel et igné signifie le ventre de l’enfer, qui avale ceux qui font passer les délices du présent avant les biens futurs. Et le miel qui goutte montre la douceur des délices du monde, par laquelle ce séducteur empêche ses amis de préparer leur propre salut ». Chapitre XII, Hystoria Barlae et Josaphat, Manuscrit de Naples [2]
Un sujet condensé et repensé
Ce qui saute aux yeux dans la composition d’Antelami est que l’apologue proprement dit est concentré dans un tiers du tympan : quantitativement, on aurait pu tout aussi bien le baptiser « Portail du Soleil et de la Lune ».
Une deuxième particularité est l’élagage considérable du sujet : pas de licorne, qui est pourtant l’élément déclencheur de l’épisode. Pas de détails spectaculaires, tels que le gouffre et les serpents. Tous les aspects négatifs se concentrent dans le dragon, puisque les souris ont été ennoblies en deux quadrupèdes (loups, chiens ?) dont il est difficile de dire qu’ils rongent le tronc de l’arbre.
Il suffit de comparer avec deux représentations byzantines antérieures [3] pour constater que le parti-pris d’Antelami est d’abandonner les éléments narratifs :
Psautier Barberini, avant 1092, Vat ms Barb GR 372 fol 237v | Hagiographie d’Euthymios Hagioreites, 12ème siècle, Cambridge King College Cod 45 p 90 |
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La licorne et les deux souris sont bien présentes, plus les quatre serpents dans le manuscrit de Cambridge. La représentation du miel tombant le long des branches n’était pas facile : le dessinateur du psautier Barberini y a renoncé, celui de Cambridge s’est contenté d’une coulée jaune.
Antelami au contraire a développé à l’extrême ce détail, tout en s’éloignant du texte : il nous montre une grande ruche suspendue comme une lanterne, et barricadée comme un coffre-fort, que l’homme regarde d’un air plus désespéré que joyeux, sans tenter d’y plonger la main : tout l’inverse d’un addict au miel.
On notera la manière astucieuse de représenter un détail difficile : la « base » sur laquelle s’appuient les pieds de l’homme est faite de deux branches coupées à ras, qui expriment sa situation précaire sans gêner la visibilité.
Les fruits et la ruche (SCOOP !)
Deux particularités de la composition (les fruits et la ruche) sont mentionnées, mais séparément, dans des récits postérieurs. Géza de Francovich ([3a], p 215) suppose qu’Antelami a trouvé ces détails dans une source commune, aujourd’hui disparue.
Je pense pour ma part qu’il s’agit là encore d’une surenchère graphique inventée par le sculpteur, pour illustrer le comble de l’absurdité de l’Homme : alors qu’il est au milieu de périls mortels, il ne pense qu’à manger mais en outre, ayant des fruits à portée de la main, il préfère la fourrer dans une ruche piquante.
L’expansion du couple Soleil-Lune
Le couple des luminaires n’apparaît dans aucune autre illustration de l’histoire de Barlaam, même au 13ème ou 14ème siècle où elles sont devenues très nombreuses [4]. Antelami est le seul à avoir eu l’idée de développer cette dialectique à partir d’un des sept symboles de l’apologue : les souris, qui représentent le jour et la nuit.
L’expansion des luminaires est telle qu’on est tenté de chercher dans le texte une justification supplémentaire. Il y a bien, dans la Légende Dorée, une autre mention du couple soleil / lune, mais beaucoup plus loin dans le texte :
« Certain roi venait de voir naître un fils lorsque les médecins lui dirent que si, pendant dix ans, l’enfant apercevait une seule fois le soleil ou la lune, il perdrait l’usage de ses yeux. Alors ce roi fit enfermer son fils, jusqu’à l’âge de dix ans, dans une grotte souterraine. » Légende dorée, Saints Barlaam et Josaphat CLXX [5]
Malheureusement, après vérification dans les deux versions disponibles à l’époque d’Antelami (le manuscrit de Naples et la « Vulgate »), le passage équivalent (Chapitre XXX) dit seulement « si pendant dix ans, il apercevait le soleil ou le feu« .
Le couple Soleil-Lune du tympan de la Vie repose donc uniquement sur les souris, que par ailleurs Antelami a choisi de ne pas représenter.
Aperçu de quelques oeuvres postérieures
En Italie, elle se comptent sur les doigts de la main, et sont décrites en détail dans l’article de Francesca Tagliatesta [1]. Voici les deux plus importantes, qui montrent bien la singularité de la composition d’Antelami.
L’homme et la licorne, Maître des Bois , XIIIe s, Bas-relief provenant du portail sud de la cathedrale, Museo del Duomo, Ferrare.
La solution retenue ici est de placer la licorne en haut, ce qui suggère le gouffre. La précarité est exprimée par les deux moignons de branches, ainsi que par l’élasticité et le croisement des branches.
Cette licorne pourchasse les âmes des hommes |
VNICORNIS ISTE INSEQUITUR ANIMAS HOMINUM |
L’inscription du phylactère montre que l’artiste s’est intéressé à représenter la partie spectaculaire de l’apologue (la fuite et la chute) et non son discours moral : le miel des plaisirs, qui fait oublier la précarité de la vie.
Apologue de la licorne, Cristoforo di Bindoccio et Meo di Pero, 1350-75, Museo Civico Archeologico e d’Arte Sacra, Asciano
Dans cette décoration civile pour un palais d’Asciano [6], tous les éléments narratifs sont là : l’artiste montre bien la main de l’homme qui rentre dans la ruche, et il a même rajouté deux nouveaux détails : son autre main qui tient une bourse (pour emporter le miel ?) et la main de Dieu qui lui fait la leçon. La licorne et le dragon, qui dans l’apologue sont dans le même camp négatif (la Mort et l’Enfer) sont ici répartis de part et d’autre de l’arbre, ce qui place implicitement la licorne du bon côté, dans le camp du Jour et de Dieu.
Psautier de Yolande de Soissons, Amiens 1280-99, Morgan Library MS 729 fol 354v
Cette tendance à polariser le propos et à blanchir la licorne est particulièrement évidente dans cette composition bipartite : la licorne est presque dans le camp du Bien, moins menaçante, malgré sa corne pointée, que la gueule béante de l’Enfer. Le miel est remplacé par un fruit et tout le message désespérant de l’apologue est transposé en une sorte de péché perché, où l’on comprend que le gourmand ferait mieux de tomber du côté de la blanche licorne, symbole christique bien établi par ailleurs .
Tentative d’interprétation
Un coup d’oeil au portail de la Vierge
Avant de revenir au Portail de la Vie, il est utile de faire halte au portail qu’Antelami a signé de son nom, du côté opposé de l’édifice (pour une description détaillée des trois portails, voir l’article de Dorothy F Glass [7]).
Portail de la Vierge (Nord), Antelami, 1196, Baptistère de Parme
Les montants latéraux sont décorés par deux arbres généalogiques :
- à droite l’arbre des douze premiers descendants de Jessé, bien connu, cuminant avec la Vierge ;
- à gauche, une invention d’Antelami : l’arbre des douze premiers descendants de Jacob, avec Moïse à son sommet.
Deux autres arbres se développent discrètement sur les faces internes ([3a], p 197) :
- à gauche un arbre de vie où les colombes peuvent se cacher, protégées par le coq qui veille.
- à droite un habitué des bestiaires médiévaux, l’Arbre Peridexion, avec à sa base deux dragons qui attendent les colombes attirées par ses fruits.
Enfin un cinquième arbre, autre rareté iconographique, parcourt l’archivolte au dessus du tympan. Il est composé de douze prophètes (Ancien Testament), chacun portant dans un médaillon l’Apôtre qui lui correspond (Nouveau Testament).
Ce programme arboricole éclaire la présence singulière de l’Apologue au tympan Sud : c’est moins l’histoire de Barlaam que son arbre (lui aussi planté au dessus d’un dragon), qui a motivé le choix de ce sujet inédit, afin de compléter par un sixième arbre les cinq du portail de la Vierge.
Retour au portail de la Vie
Une piste d’interprétation, négligée jusqu’ici, est fournie par la présence, sur le linteau, de trois médaillons représentant de droite à gauche Saint Jean Baptiste, le Christ tenant un livre avec l’inscription EGO SUM ALPHA ET O(mega), et l’Agneau de Dieu.
Le tête-à-tête, de part d’autre du Christ, entre l’Agneau et le Baptiste, traduit évidemment la parole de ce dernier : « Ecce Agnus Mundi » (Jean 1,29). Mais elle crée également une similarité formelle avec les deux médaillons du Char du Soleil et du Char de la Lune, qui eux-aussi sont affrontés.
Cette association entre l’Agneau et le Soleil d’une part, Saint Jean-Baptiste et la Lune d’autre part, n’est pas fortuite, puisque ce dernier a, d’une certaine manière, reflété la lumière qui allait venir :
« Il n’était pas la lumière, mais il était venu pour rendre témoignage à celui qui était la lumière. » Jean 1, 8
Les deux médaillons côté Lune
Dans le médaillon du bas, la Lune mène son attelage de deux boeufs, la main droite tenant un bâton et la main gauche le timon. Seul le boeuf du fond porte des cornes, sans doute en raison de la difficulté pratique de les ciseler au premier plan.
Dans le médaillon du haut, la Lune est représentée en demi-figure, brandissant de la droite une torche allumée, et avec au dessus d’elle une tête bovine.
L’opposition entre les deux médaillons est celle entre le mouvement et le repos, mais aussi entre l’obscurité et la lumière, puisque la torche allumée ne se trouve qu’en haut.
Les quatre figurines côté Lune (SCOOP !)
Ces figurines énigmatiques ont suscité beaucoup de commentaires ([3a], p 219). Notant que les deux personnages du haut soufflent dans un cor, certains y ont vu des Vents ou bien les quatre phases de la Lune , deux croissantes et deux décroissantes (cors vers le haut et cors vers le bas). Comme les deux du haut sont vêtus et les deux du bas nus, certains ont proposé d’y reconnaître les quatre Saisons (deux froides et deux chaudes) D’autres ont pensé aux quatre Eléments ou aux quatre vigiles de la Nuit. Un interprète astucieux a proposé que les deux sonneurs annoncent la Résurrection, tandis que les deux figurines armées de leviers, arrêtent la course de la Lune : mais pourquoi n’y en a-t-il pas pour arrêter le Soleil ?
L’étrange objet en forme de club que tiennent les deux personnages du bas est quelquefois interprété comme une torche retournée, ce qui pose la question de possibles influences mithraïques (les tauroctonies comportent le couple Soleil-Lune, ainsi qu’un couple de porteurs de torches, l’une vers le haut et l’autre vers le bas, voir cultes orientaux).
Ces rapprochements laborieux obscurcissent le problème et masquent le point crucial : vu la symétrie en miroir des personnages, les deux nus sont associés au médaillon de la Lune statique, et les deux vêtus à celui de la Lune en mouvement. L’objet que tiennent ces derniers est probablement un long cor à bout retourné, ancêtre des cromornes ou des alpenhorns : ce sont bien deux sonneurs, mais qui ne sonnent plus.
Les deux sonneurs du haut, auxquels la nudité confère un caractère sacré, sont en revanche deux hérauts qui annoncent l’éclairage de la torche lunaire.
Cette idée d’annonce rend évidente la parenté avec la figure de Saint Jean Baptiste, faible lueur anticipant la grande lumière à venir. De la même manière que, dans le portail de la Vierge, chaque Prophète portait le médaillons d’un Apôtre, c’est ici le médaillon du bas portant celui du haut qui évoque l’Avant et l’Après :
- avant, un mouvement incessant dans le silence et la nuit, telle la souris noire de l’apologue ;
- après, une stase à la lueur de la torche et au son des cors, lesquels détournent l’attention du personnage réfugié dans l’arbre et l’empêchent de goûter au miel.
Les deux médaillons côté Soleil
Le médaillon du bas exprime la rapidité de la course, aiguillonnée par le fouet, le manteau et la queue flottant en arrière. L’étrange motif en forme de feuille, derrière la main droite tendue, est difficile à interpréter : c’est avant tout un artifice de sculpteur pour éviter des parties détachées.
En haut Hélios tient par la bride, d’un seul doigt, le cheval stoppé net et encore écumant. Là encore, le parcours étrange de la bride passant par dessus la tête du cheval est un artifice de sculpteur.
Cette opposition entre mouvement et repos développe un des thèmes de l’Apologue :
« L’arbre que les deux souris ont rongé sans cesse, auquel nous nous sommes accrochés, est la mesure de la vie de chacun. C’est une institution de Dieu que nous, nous dilapidons et consommons au fil des heures du jour et de la nuit ».
On pourrait dire, très simplement, que :
- les deux luminaires en mouvement représentent, en bas, la rapidité de la vie terrestre,
- les deux luminaires statiques, en haut, reprennent leur valeur classique d’attributs de l’Eternité.
La conception d’ensemble (SCOOP !)
La figure divine, avec son inscription Alpha et Omega, suggère de lire la composition comme une série de débuts et de fins :
- horizontalement, sur le linteau (flèche blanche) début et fin de la Vie du Christ, depuis son baptême jusqu’à son sacrifice ;
- verticalement, dans la partie « Luminaires » (flèches jaune et bleue), passage de la Succession des Jours et des Nuits à l’Eternité du Soleil et de la Lune ;
- verticalement, dans la partie « Apologue » (flèche rouge), chute inéluctable de l’Homme, des délices du miel aux flammes de l’Enfer.
On remarquera l’opposition entre les deux flammes, celle infernale du dragon et celle, céleste mais faible, de la Lune. Cette dissymétrie de la composition, qui place les deux flammes du côté Nuit, comporte probablement un message d’espérance, qui permet de résoudre positivement l’apologue.
Il suffit à l’homme de détourner son regard du miel pour voir apparaître, de l’autre côté de l’arbre, un « omega » de secours : la lumière et la nourriture véritables, celle du Soleil et de l’Agneau, que désignent les index pointés du Seigneur et du Précurseur.
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