Arches en harmonies
Hopper est un spécialiste des ponts vu de dessous : en voici deux exemples, un parisien et un new-yorkais, basés sur la même astuce de composition.
Le Pont du Carrousel dans la brume
1907, Whitney Museum
Une composition carrée
La composition est très simple ; le tablier divise le tableau en deux bandes horizontales, et la pile du pont en deux bandes verticales : une arche de chaque côté.
Une harmonie d’arches
Les deux arches du pont font résonner une première harmonique dans les arches des deux tas de sable, et une seconde dans les jambes des deux chevaux à l’arrêt.
Du coup le regard est invité à remonter en diagonale jusqu’au quart supérieur droit du tableau, où il ne rencontre que le vide. La brume grise qui voile la masse du Louvre vient contrebalancer la fumée blanche et bien délimitée qui s’élève dans la partie gauche.
Une illusion de locomotive
Le brouillard aurait-il le pouvoir de métamorphoser le pont du Carrousel en un pont de chemin de fer ?
Très probablement, la fumée vient de la grue à vapeur qui décharge les tas de sable.
En cachant derrière les tas de sable les charrettes, les ouvriers et les péniches, Hopper recourt une fois encore au procédé de subtilisation, qui accorde les vertus du mystère à toute réalité prosaïque.
Queensborough Bridge
1913, Whitney Museum
Pas de brouillard à New-York, mais un splendide effet de perspective atmosphérique qui enfonce dans la profondeur le gigantisme de ce pont.
La maison-miniature
Le point d’attention du spectateur est bien sûr la maison sur l’île, minuscule sous l’immense tablier. Elle semble entretenir avec le pont une sorte de relation symbiotique, comme le rémora sous la baleine. Et une affinité formelle : les trois pointes de son toit font écho aux trois pointes de l’armature.
Une harmonie de pointes
Les trois arbres sombres de l’ile reprennent le même motif. Hopper réitère ici le procédé d’harmoniques déjà utilisé pour le Pont du Carrousel, mais en l’étendant de deux arches à trois.
1910 |
1913 |
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La simplification des formes est une redoutable magie : car le peintre s’est contenté de calquer le réel… et peut-être même une simple carte postale.
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