Autour de Julie Duvidal : les marquis de Montferrier
La vie et l’oeuvre de Julie Duvidal, portraitiste, est maintenant assez bien connue [1]. Mais autour d’elle, ont existé dans la famille de Montferrier d’autres portraits, parfois par de grands peintres, dont il ne nous reste aujourd’hui que quelques photographies.
C’est l’occasion de cette petite généalogie illustrée de la famille des Duvidal de Montferrier, d’abord en remontant dans l’Ancien Régime, puis en descendant le cours du XIXème et du XXème siècles.
Les illustrations non attribuées ci-après proviennent de la collection personnelle de Mr Nicolas Gladysz, que je remercie pour son soutien et sa sagacité.
Les dates ont été vérifiées et souvent corrigées par Mr Jacques Tuchendler, qui a bien voulu me communiquer par avance le résultat de ses recherches [1a].
Son père : Jean-Jacques du Vidal,
deuxième marquis de Montferrier (1752 – 1829)
Le père de Julie a eu quatre vies, passant à travers les changements de régime en perdant une bonne partie de sa fortune, mais ni son dynamisme ni son entregent. [2]
Première vie : le Languedoc sous l’Ancien Régime (1752-1789)
Le marquis et la marquise de Montferrier, par Pajou, 1781, collection privée
- 1781 : il épouse à Paris Charlotte de Chardon (1756-1824) , fille d’un grand administrateur de la Marine et des Colonies [9a], dont il a rapîdement une fille, Rose.
- Jusqu’en 1789, Jean-Jacques du Vidal fut l’un des trois syndics généraux du Languedoc, comme avant lui son père et son grand-père. Administrateur de haut niveau, le syndic général était une courroie de transmission essentielle entre les Etats de la province et les administrations royales.
Deuxième vie : Paris durant la Révolution (1789-1799)
- 1789 : après l’abolition des Etats provinciaux, il se cache quelque mois dans son château de Montferrier puis abandonne définitivement le Midi pour s’installer à Paris.
- 1794 : jouissant d’une réputation de philanthrope, il ne subit qu’un court séjour en prison [3]. Sa femme ayant préféré émigrer, il divorce.
- 1795 : il épouse Jeanne Delon (1762-1831), la nounou de sa fille, qui l’avait accompagnée depuis Montpellier et qui savait à peine lire [1a],[4].
- 1797 : Julie naît.
Jeanne Delon, seconde épouse du marquis de Montferrier
Ce tableau, identifié comme étant celui de Jeanne Delon par une mention manuscrite au dos de la photographie, est une énigme iconographique et historique.
Notons d’abord que, si le cadre est très similaire à celui de la marquise Anne de Fournas de la Brosse (voir ci-après), la pose est nettement moins officielle : le bracelet à l’antique, le ruban dans les cheveux, le robe lacée haut, et les deux fleurs écloses, plus un bouton de rose suggestif à l’emplacement du téton, signalent l’alibi mythologique habituel pour les portraits quelque peu osés : il s’agit d’une dame « en Vénus ».
Jeanne Delon était bien la nounou de Rose, elle a dû servir chez les Duvidal vers 1781, à l’âge de 19 ans : était-il concevable que le marquis, amateur d’art mais jeune marié, ait engagé cette dépense pour immortaliser une servante, si belle soit-elle ?
Date-t-il d’après son second mariage à Paris, en 1795 ? Jeanne avait alors 33 ans. Il n’est pas inconcevable que l’ex-marquis désargenté (en 1797, il vend l’hôtel de la rue de l’Aiguillerie et en 1798 le château) ait néanmoins décidé de rendre hommage à sa seconde épouse à la fois en marquise et en Vénus dans un style ostensiblement Ancien Régime….
Le détail des roses suggère une hypothèse de datation : la fleur de gauche, tournée vers l’arrière représenterait la première épouse, qui venait de disparaître de sa vie ; et la tige que tient la jeune femme représenterait la nouvelle branche de sa vie, porteuse de boutons encore dans l’ombre. Celui qui est mis en pleine lumière serait pour ainsi dire le premier « portrait de Julie », peint en 1797 à l’occasion de sa naissance.
Troisième vie : le Consulat et l’Empire (1800 – 1815)
Duvidal, Président du Tribunat en 1804, Copyright KIK-IRPA,Bruxelles http://balat.kikirpa.be/Une fois Cambacérès devenu Second Consul, le sieur Duvidal se voit confier des postes administratifs importants :
- 1803 : il obtient a Légion d’Honneur ;
- 1804 : il est nommé président du Tribunat ;
- 1807 : Maître à la Cour des Comptes,
- 1808 : Chevalier de l’Empire.
On dit qu’une camaraderie de régiment avec le jeune Napoléon Bonaparte aurait pu faciliter ces promotions. Enfin son appartenance maçonnique, ainsi que celle de sa femme, ne gâtait rien.
- 1800 : Zoë naît, suivie en 1801 de Jean-Armand.
- A signaler en 1800 un des mariages les plus retentissants du Consulat entre sa fille Rose (celle de son premier mariage) et le banquier Basterrèche, richissime mais « le plus effroyable des monstres » [4], ce qui inspira à Bonaparte cette forte sentence : « Ah ! Le présent fait oublier le futur ! ». Ledit banquier eut le bon goût de décéder 18 mois plus tard, laissant Rose veuve et fortunée.
Quatrième vie : la Restauration (1815 – 1829)
- 1815 : Duvidal est tout bonnement restauré dans son marquisat, et confirmé dans ses fonctions à la Cour des Comptes
- 1827 : il prend sa retraite
Ainsi la vie de Jean-Jacques Philippe du Vidal, toute de compétence, de connivences de classe et d’une bonne dose d’ambition, éclaire cet esprit de continuité qui se lit dans le pendant imaginé par sa fille aînée à l’aube de sa carrière artistique, ainsi que la volonté d’excellence et la confiance en sa séduction.
Le grand-père : Jean-Antoine du Vidal,
premier marquis de Montferrier (1700 – 1786)
Jean Antoine Duvidal, portrait par Tocqué
Sa biographie nous est connue notamment par l’hommage que lui fit, à sa mort, la Société Royale des Sciences de Montpellier [5]
Un jeune homme des Lumières
- Il prête serment comme avocat, mas étudie également les mathématiques, la physique, l’anatomie.
- 1727 : adjoint anatomiste à la Société Royale des Sciences de Montpellier
- 1729 : mémoire sur une « trombe terrestre » qui avait fait de grands dommages dans la région de Montpellier
Un homme de pouvoir
- 1732 : voyage à Paris en remplacement de son père malade, pour remettre les Cahiers de Doléances
- 1733 : à la mort de son père, il devient Syndic général des Etats de Languedoc. On lui doit la construction du nouveau pont du Gard, à côté du monument romain, l’introduction en Languedoc des moulins à la Vaucanson.
- 1749 : mariage avec Marie-Rose Vassal
- 1762 : consul général de la noblesse aux Etats du Languedoc
Il est membre de la loge de la Triple alliance (parmi la trentaine de loges qui se créent à cette époque à Montpellier), pour laquelle il recrute son futur beau-frère Jacques de Cambacérès. Son beau-père Jean Vassal est également Franc-Maçon [3a].
Le premier marquis de Montferrier
- 1763 : à l’occasion du don fait au roi d’un vaisseau de cent canons ([6], p 78) , il obtient l’érection en marquisat de ses seigneuries de Montferrier et de Baillarguet ([7], p 43)
Armorial des États de Languedoc, Gastelier de La Tour, 1767 |
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L’Armorial de 1767 mentionne sa qualité de marquis, et montre les armoiries des Duvidal, celles qui figurent sur son portrait.
Mais de plus en plus souvent, par la suite, les Marquis écartèleront les armes des Du Vidal avec celles des Montferrier : « d’or à trois fers à cheval de gueule, chargés d’une étoile d’argent », accompagné de la fière devise « Au triomphe mon fer i est«
Il fait complètement reconstruire le vieux château de Montferrier, et le transforme en un des plus beaux châteaux du Languedoc (il sera détruit à la Révolution).
Hôtel de Montferrier, 23 rue de l’Aiguillerie à Montpellier.
Ayant vendu à faible prix sa source du « Boulidou » à la ville de Montpellier et autorisé le passage sur ses terres de l’aqueduc de la Lironde (qui relie celui des Arceaux) il obtient en 1775, luxe inouï, une prise d’eau particulière sur le tuyau qui traversait son hôtel pour alimenter la fontaine publique de la place Pétrarque. [8]
Trois siècles plus tard, l’eau est toujours gratuite pour les habitants de l’ancien hôtel particulier. [9]
L’arrière grand-père de Julie :
Jean-Antoine du Vidal (1665- 1733)
L’attribution à Rigaud est incertaine [10]. On peut néanmoins noter la grande ressemblance avec l’autoportrait de Rigaud qui doit dater de la même époque.
- 1689 : épouse Anne de Fournas de la Brosse [10a]
- 1691 : succède à son père comme Conseiller Maître en la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier
- 1704 : Syndic général des Etats de Languedoc
- 1707 : obtient la survivance de sa charge, pour son fils.
Jean-Antoine du Vidal, en robe de conseiller
La famille possédait un second portrait au même âge, mais en habit de conseiller : il était peut-être destiné à l’hôtel de Montpellier, le pendant avec son épouse, en habit de grand seigneur, étant pour le château de Montferrier [10b].
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Son arrière-arrière grand-père :
Antoine du Vidal, bourgeois de Montpellier (1621-1690)
- Lieutenant de cavalerie
- 1675 : ennobli par la charge de Secrétaire du Roi, nommé Conseiller Maître en la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier
Colline basaltique de Montferrier (don de Léopold Hugo en 1890 à la société de géographie) | Montferrier aujourd’hui |
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- 1684 : achète la coseigneurie de Montferrier en 1683 à Louise de Baudan veuve de Pierre Dhauteville pour 49.000 livres et l’année suivante acquiert l’autre moitié de Montferrier au marquis de Toiras. D’après une tradition que certains généalogistes mettent en doute ([11], p 329) et que d’autres confirment ([12], p 17) , les anciens seigneurs de Montferrier auraient pris le nom de Du Vidal en 1386 : le château ne faisait donc que revenir dans la lignée.
- Il démolit le château féodal et le reconstruit en style Louis XIV.
- 1687 : Premier consul de Montpellier
L’énigme du mestre de camp
Jacques de Montferrier, Mestre de Camp | Jean-Antoine du Vidal, premier marquis |
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Ce tableau aujourd’hui perdu pose un épineux problème, dont voici les données :
- l’inscription, très peu lisible, semble être « JACQUES DE MONTFERRIER <…> MESTRE DE CAMP
- son cadre ainsi que la position des armoiries, identiques à celles du portrait de Jean-Antoine du Vidal, semble en avoir fait une sorte de pendant ;
- les armories sont celles des Duvidal de Montferrier, munies de la couronne de marquis, ce qui place le portrait après 1763 (érection du marquisat) ;
- l’homme porte une armure et une décoration de type militaire (sans doute la plus courante à l’époque pour les militaires méritants : celle de l’Ordre de Saint Louis).
Détail des armoiries et de la décoration
L’opuscule d’Etienne Dalvy [13] comporte une mention intéressante sur les membres de la famille Montferrier ayant fait une carrière militaire :
« Hannibal de Montferrier du Vidal, tué à Lens en 1638 ; Samuel du Vidal de Montferrier, tué à Slaffarde, 1690, qui servirent sous le duc d’Enghien et Turenne ; Jacques de Monlferrier. mestre de camp de cavalerie, qui se conduisit héroïquement à Minden. »
Dans l’annuaire des membres de l’Ordre de Saint Louis [14], on trouve un chevalier de Vidal (sans prénom), reçu dans l’ordre en 1740 en tant que Capitaine au régiment de Picardie, et mort en 1759 à la bataille de Minden, toujours en tant que Capitaine. En admettant que cet officier ait eu une trentaine d’années lors de son entrée dans l’ordre, il serait donc né vers 1710, ce qui en fait un contemporain de Jean-Antoine du Vidal.
Mis à part ces maigres indication, Jacques de Montferrier ne figure dans aucune généalogie de la branche aînée des Duvidal : il devait donc faire partie d’une branche cadette (comme l’autre Mestre de camp mort au combat dans la famille, Samuel du Vidal de Montferrier), mais sans doute pas celle-ci, qui était en majorité protestante (un protestant pouvait acheter le grade de Mestre de camp, mais pas accepter la médaille de Saint Louis)
Portrait inversé | Jean-Jacques Philippe du Vidal, Pajou, Terre Cuite, Musée des Beaux Arts de Montréal |
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Si l’on verse au dossier la ressemblance frappante entre notre inconnu et le buste de Jean-Jacques Philippe du Vidal en 1781, nous en arrivons à une hypothèse raisonnable.
Peu après 1763, dans la foulée du succès de ses ambitions, le premier marquis Jean-Antoine aurait décidé, pour étoffer la gloire militaire de la famille, de faire peindre, en pendant de son propre portrait en habit (et quitte à améliorer quelque peu son grade) un Montferrier en armure : ce lointain cousin Jacques, encore auréolé par sa mort héroïque à Minden. Et, le modèle n’étant plus disponible, il aurait poser le deuxième marquis, de sorte que le pendant officiel (un noble de robe, un militaire) dissimule un petit secret familial : un pendant père-fils.
Après Julie
Jean-Armand du Vidal, (1799-1866)
Troisième marquis de Montferrier
Le frère de Julie a fait une carrière exclusivement militaire, et n’a laissé que peu de traces.
- 1817 : officier aux Gardes du Corps du Roi Louis XVIII, sous les ordres du Duc d’Havré
- 1827 : Lieutenant. Il servit également dans les Carabiniers et les Lanciers
- 1827 : épouse Catherine Jacquinot (1796-1846) à Pont-à-Mousson, où il demeure en bon notable local, s’occupant de zoologie et de sociétés de bienfaisance.
Portefeuille de Napoléon | Le Figaro, Supplément littéraire du 16 mars 1929 |
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Il a joué néanmoins un petit rôle au service de la grande Histoire, en conservant dans la famille un portefeuille que lui avait confié le Baron de Méneval sous la Restauration, et qui contenait un manuscrit éclairant d’un jour nouveau l’Assassinat du duc D’Enghien (voir le récit dans le Figaro).
Six semaines marquis : Pierre Olivier Duvidal
Lorsque Jean Armand décède le 30 juillet 1866, le titre de marquis échoit à son fil aîné, Pierre Olivier, qui décède lui-même le 27 août à l’âge de 35 ans, laissant le marquisat à son frère cadet Antoine-Edgar. [1a]
Antoine-Edgar du Vidal, (1832-1894)
Quatrième marquis de Montferrier
Abel-François Villemain. Portrait par Ary Scheffer, 1855 Louvre
- 1860 (8 mai à Paris 6ème) : il épouse Lucie Villemain, fille d’un homme célèbre : Abel-François Villemain (1790-1870), écrivain, historien, critique littéraire, ministre de l’Instruction Publique, Pair de France [15].
- 1861 : suite à cette alliance prestigieuse, il est propulsé sous-préfet de Tonnerre, jusqu’à la fin du Second Empire. Selon son frère le comte Anatole de Montferrier :
« Mr Thiers, en obtenant à Bordeaux de l’Assemblée Nationale la paix à tout prix, m’avait forcé à émigrer de Metz, et mon frère, le marquis de Montferrier, fidèle à sa parole et à son serment, avait refusé de servir le gouvernement du 4 septembre et s’était retiré à Genève. » [16]
La Charente, 20 janvier 1879 [16a]
Il semble avoir manoeuvré sans grand succès dans les milieux de la presse bonapartiste, à en croire cette appréciation peu flatteuse de La Charente, à propos de la prise de contrôle ratée du journal « Le petit Caporal ».
- 1880 : on le trouve Président de la Société civile obligataire de la Société foncière et agricole de la Basse Egypte.
Antoine-Abel du Vidal (Tonnerre 17 avril 1861- Paris 1937)
Cinquième marquis de Montferrier
A 21 ans, au XIIème régiment de Chasseurs de Rouen, 1882(cliquer pour voir l’ensemble) |
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Antoine-Abel du Vidal de Montferrier
L’affaire du testament de Léopold
En avril 1895, le cinquième marquis de Montferrier conduit l’enterrement de Léopold Hugo, qui avait désigné comme légataire universel son cousin le quatrième marquis (mort juste avant lui, en 1894). Ceci donna lieu à un imbroglio judiciaro-mondain dont la presse fit un feuilleton à épisodes : en effet Célestine Solliers, l’épouse divorcée de Léopold (et femme de moralité douteuse), produisit un autre testament, réclama la moitié de la fortune et traîna le marquis au tribunal.
L’Univers, 19 juillet 1896 | Le Grand écho du Nord de la France, 26 février 1898, [17] |
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Ce testament ayant été reconnu comme un faux par les experts, elle fit quinze mois de préventive (il faut dire elle avait déjà été condamnée par contumace, en 1891, à 1 an de prison pour abus de confiance , et n’était rentré en France qu’après l’expiration du délai de prescription).
Les Assises furent acrobatiques, reportées à plusieurs reprises suite à l’état nerveux de l’accusée. Je n’ai pas trouvé le jugement définitif, mais la peine devait être largement couverte par la détention préventive. [18]
L’arrière petite fille de « Notre Dame de Thermidor »
Marie Louise Tallien de Cabarrus, 1897, portrait par Comerre
- 1892 : 892 : Antoine-Abel du Vidal fait, à l’exemple de son père, un beau mariage. Il épouse au château de Clayes une fille de la meilleure société : Marie-Louise Tallien de Cabarrus, arrière-petite fille de Mme Tallien, (cette dernière, spécialiste de la survie par temps de tempête, avait eu pas moins de onze enfants avec cinq maris différents, certains nobles et d’autres moins)
Comerre peignant Marie Louise Tallien de Cabarrus, collections du Musée d’Orsay
Château des Cabarrus, à Clayes sous Bois | Le château de Clayes aujourd’hui (détruit durant la Seconde guerre mondiale) |
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Ce mariage, ainsi que la fortune de Léopold, on dû beaucoup faire pour l’aisance financière du couple, qui mène désormais grand train.
Les Modes Juin 1903 |
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Tandis que la marquise figure parmi les Parisiennes élégantes, le marquis est nommé assez fréquemment dans les journaux.
Le Figaro, 7 août 1898 | Le Figaro 15 septembre 1898 |
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Membre de plusieurs Cercles huppés, Il donne des réceptions, préside à des assauts d’escrime, et est un des tous premiers automobilistes.
L Idole | Le Livre : revue mensuelle, 1889, p 496 |
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Homme de lettres, il dessine, écrit des poèmes et de petits spectacles joués devant la haute société.
« Histoire des théâtres de société, Léo Claretie, 1906, p 270 et 271
Dans ses confidences à Léo Claretie, il inscrit ce goût pour le théâtre privé dans une tradition doublement familiale, à la fois côté Monferrier et côté Villemain.
Il donne fréquemment des conférences historiques, qu’il fait paraître en recueil à la Librairie Académique Perrin : « Les femmes, la danse, la politesse ». Selon la Revue des lectures du 15 juillet 1930 :
« On ne mettra pas cet ouvrage dans toutes les mains : il s’y trouve des plaisanteries légères, un peu risquées parfois. Mais les gens formés liront avec plaisir ces pages pétillantes et fort amusantes ».
Marie-Louise Tallien de Cabarrus
Portrait par Thérèse-Marie-Rosine Géraldy
Le couple vit une vie mondaine, possède au port de Loctudy un petit sloop de 4,6 tonneaux, le Star.
Portrait de mademoiselle de Cabarrus
Chassériau , exposé au Salon de 1848, Musée des Beaux-Arts de Quimper.
Marie-Louise était trçs proche de sa tante Marie-Thérèse de Cabarrus (1825-99), qui l’avait adoptée. Elle est ici portraiturée pour tante Marie-Thérèse de Cabarrus (1825-99), portraiturée ici par Chasseriau à l’âge de 23 ans. Considérée comme l’une des plus belles femmes de Paris, elle était la fille de Jules Adolphe Edouard Tallien de Cabarrus, le médecin du peintre, dit le « Docteur Miracle » [19] , et d’Adèle de Lesseps, soeur ainé deFerdinand de Lesseps.
Château de Langoz près de Loctudy
L’année du tableau, elle épousa un avocat, le baron Claude Saint-Amand Martignon, et vécut au château de Langoz près de Loctudy, qui devint un peu le nouveau point d’attache des Duvidal de Montferrier. C’est sa nièce Marie-Louise qui fit don en 1901 de son portrait au musée de Quimper.
Après le Cinquième marquis
1898 : Abel et Marie-Louise aux Clayes, après six ans de mariage | 1936 : Abel et Marie-Louise au mariage de Cecil, un an avant sa mort |
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- En 1936, le fils d’Abel de Montferrier, le comte Cecil de Montferrier épouse une américaine ; il devient le sixième marquis l’année suivante à la mort de son père.
- Le septième marquis est décédé en 2010.
Une autre famille : Les Sarrazin de Montferrier
Une étonnante complication vient du fait que Victor Hugo connaissait deux familles de Montferrier :
- par son frère Abel, il était apparenté aux Duvidal de Montferrier ;
- par Juliette Drouet, il connaissait les Sarrazin de Montferrier qui , bien que d’une famille tout à fait différente, se faisait donner également le titre de marquis [20].
C’est donc ce marquis Alexandre Sarrazin de Montferrier qui, en 1851, lors du coup d’état du 2 décembre, hébergea au 2 rue de Navarin Victor Hugo pendant 5 jours et le mit lui-même dans le train de Bruxelles
C’est ce même marquis Alexandre, par ailleurs mathématicien et beau-frère de Wronski, qui fut le compagnon en 1853 de Marie-Noémie Cadiot (plus tard Marie Rouvier), sculptrice, femme de lettres et féministe, connue sous son pseudonyme de Claude Vignon : contrairement à ce qu’on lit parfois, il ne s’agit donc pas du quatrième marquis Antoine-Edgar du Vidal.
https://books.google.fr/books?id=uBier9fFHekC&pg=PA18&lpg=PA18&dq=jeanne+delon+duvidal&source=bl&ots=Ncc3CeFQZu&sig=rmNwd0kJcodg5_k0912-BL63pqQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi-oaeTiancAhUJWsAKHZh0DAwQ6AEwBHoECAQQAQ#v=onepage&q=jeanne%20delon%20duvidal&f=false
On trouve son acte de baptême le 13 avril 1752 à la paroisse Notre Dame des Tables, Montpellier
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k366209/
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1120080/
Le Grand écho du Nord de la France, 26 février 1898, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k47574027/
et de « L’Aurore : littéraire, artistique, sociale » du 30 mars 1898 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7015308/f3.item.r=%22Clémentine%20Solliers%22.zoom
Bonsoir,
J’apprécie parcourir de temps en temps Artifex in opere pour lire vos interprétations mais je n’ai jamais osé intervenir,n’ ayant tout simplement pas,ce talent.
En revanche,je viens de parcourir votre interprétation récente concernant l’énigme iconographique Jeanne Delon et ai envie de tenter pour celle-ci.
Je me demandais si on ne pourrais pas interpréter aussi la Rose visible représentant son épouse et la rose retournée,sa Maitresse?,ce qui justifierais qu’il aurait engagé cette dépense.
Bien a vous
Pierre Mayence
Bonjour,
Découvrant votre artifexinopere, je vous propose, histoire de continuer la discussion, une autre interprétation: dans le bouquet tenu par Jeanne Delon, la rose retournée représente Charlotte, première épouse du Marquis, perdue pour lui car partie en émigration, alors qu’il était resté en France. La seconde rose, bien éclairée, représente Rose, fille de Charlotte et « nounoutée » par Jeanne Delon, avant le départ puis en l’absence de Charlotte émigrée, et le bouton représente effectivement Julie, demi-sœur de Rose.
A noter que, descendant moi-même de Rose à la sixième génération, une tradition familiale dit que, lorsque Rose rencontra pour la première fois sa mère Charlotte rentrée d’émigration, elle se précipita pour l’embrasser, et sa mère s’écarta horrifiée, en disant: »ma fille, on ne s’embrasse pas comme celà en public… » Les moeurs avaient apparemment changé sous la république, et pouvaient sembler choquantes aux yeux des émigrés de retour en France.
Bonjour, vous dites que Alexandre Sarrazin de Montferrier a eu une relation avec Marie-Noémi Cadiot en 1865, or il est mort en 1863…. problème !
Bonjour, merci de votre remarque pertinente. J’avais trouvé cette date dans Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89liphas_L%C3%A9vi (« En 1865 Marie-Noémi Constant, qui avait une liaison avec un certain marquis de Montferrier depuis quelque temps, s’enfuit un jour à Lausanne pour ne plus revenir. Elle obtient un jugement en nullité de son mariage » et effectivement, c’est faux.
Après vérification, la vraie date est 1853, comme mentionné dans https://www.matemius.fr/biographies/constant-alphonse-louis-47.html : « en 1860, il passa un an chez son père naturel, qui était lui-même séparé de sa femme (Noémi Cadiot) depuis 7 ans (un an avant la mort de leur fille Marie, mort qui affecta la santé mentale de Noémi). »
1865 est la date du jugement en nullité du mariage, douze ans après la séparation effective entre Eliphas Levy et Marie-Noemi Cadiot.
J’ai effectué la correction dans mon texte.