Daily Archives: 11 décembre 2019

1 Les pendants de Boilly : Ancien Régime et Révolution

11 décembre 2019

Dans l’oeuvre prolifique de Boilly, (4500 portraits et cinq cents scènes de genre), on trouve une quarantaine de pendants. Je les ai présentés autant que possible par ordre chronologique, à partir des catalogues de référence [0] [1].

L’ensemble est intéressant sur la durée, puisque la longue carrière de Boilly (1761-1845) commence sous l’Ancien Régime, traverse la Révolution, fleurit sous l’Empire et s’étiole sous la Restauration.


Dans le style hollandais

Boilly Le jeune commissionnaire et la cuisiniere Coll privLe jeune commissionnaire et la cuisinière Boilly Vieillard presentant un melon a une fruitiere Coll privVieillard présentant un melon à une fruitière

Boilly, 1785-88, Collection privée

Un jeune couple se rapproche autour de deux cerises, que la jeune fille tient par la queue tout en touchant délicatement l’index tendu du garçon.

Un couple âgé est séparée par une table sur lequel un couple d’oiseaux morts est posé : tenant en main un poireau étique, la vieille désigne du doigt son compagnon, lequel montre d’un oeil entendu un melon largement ouvert : ainsi chacun se moque du sexe déficient de l’autre.

Mêlant les métaphores galantes du XVIIIème siècle (le jeune couple reprend une composition de  Boucher, voir Le chat et l’oiseau) et le vocabulaire spécifique de Boilly (sur  le melon, voir Surprises et sous-entendus), ce pendant, qui n’est bienséant qu’en apparence, est construit sur des symétries rigoureuses : centre fermé/centre ouvert ; jeunesse et vieillesse ; femme debout/femme assise ; homme assis/homme debout ; légumes en haut sur le baril ; légumes en bas sur la panier.

Le vêtement strictement identique de la jeune et de la vieille femme laisse entendre qu’il s’agit de la même personne : le sujet du pendant est donc le début et la fin de la vie amoureuse.



sb-line

Boilly 1785-88 Jeune femme a la guitare tenant un oiseau dans sa main Ashmolean Museum OxfordJeune femme a la guitare tenant un oiseau dans sa main Boilly 1785-88 Jeune femme se moquant d'un vieil admirateur Ashmolean Museum OxfordJeune femme se moquant d’un vieil admirateur

Boilly 1785-88, Ashmolean Museum, Oxford

On croirait un pendant épistolaire à la Ter Borch (voir 1.1 Diptyques épistolaires : les précurseurs), mais transposé dans l’esprit galant du XVIIIème siècle :

  • d’un côté un jeune militaire glisse un billet doux dans la cage d’une demoiselle ;
  • de l’autre il vient chercher la réponse, tandis que l’intéressée fait les cornes à son vieil admirateur.

Les rubans roses, le pupitre relevé et la boîte à bijoux ouverte servent de motifs de jonction.



La période Calvet de Lapalun

Dans une série de tableaux pour un aristocrate avignonnais, Boilly transpose, en costumes modernes, l’esprit et la technique des peintres hollandais du XVIIème siècle.

Nous disposons de deux relevés très intéressants sur cette série :

  • « Sujets pour des tableaux ». :description détaillé des dix neufs projets que Calvet de Lapalun souhaitait faire réaliser ;
  • « Rôle des tableaux de Boilly » : liste des oeuvres qu’il a effectivement possédées.

 

Boilly 1789 La-visite-recue Musee Sandelin Saint OmerLa visite reçue,Musée Sandelin, Saint Omer  Boilly 1789 La-visite-rendue Wallace CollectionLa visite rendue,Wallace Collection, Londres 

Boilly, 1789

Ces deux toiles constituent les N° 1 et 2 du « Rôle des tableaux de Boilly ». Il est précisé que  la première toile appartenait à un ami de Calvet, Alexandre de Tulle, qui le lui avait offert ; et que la seconde a été « inventée par Mr de Tulle ». L’absence de toute description  fait que le sujet du pendant reste encore en grande partie énigmatique.

La visite reçue

Boilly 1789 La-visite-recue Musee Sandelin Saint Omer eclairci detail

Dans la moitié gauche, le souper est servi dans un logement en désordre : la boîte en carton est posée par terre, on a jeté sur le fauteuil une miche de pain, puis une cape, et une guitare par dessus. Un tableau est retourné contre un meuble. La carafe est vide, et la serviette posée dans l’assiette : on n’a pas commencé à souper.



Boilly 1789 La-visite-recue Musee Sandelin Saint Omer eclairci droite

La moitié droite du tableau est tout aussi énigmatique : un jeune messager vient d’amener (ou va prendre) une lettre adressée à « Un Mons<ieur> »..que le jeune femme tient dans la main gauche, en faisant de la droite un geste d’arrêt (à moins qu’elle ne vienne de tourner la clé). S’agit-il d’empêcher le messager de voir l’officier, ou l’officier de voir le messager ?


Un sujet délibérément ambigu

Les habits identiques de la jeune femme, ainsi que le titre, suggèrent que la visitée et la visiteuse sont une seule et même personne. Ainsi se met en route une mécanique interprétative entre deux scènes que rien de tangible ne relie, exercice d’imagination qui est sans doute l’effet même recherché par ce pendant.

Car le titre « La visite reçue » est volontairement ambigu : désigne-t-il celle de l’officier ? ou bien l’irruption du petit messager ? ou bien encore une autre visite, que le tableau ne montre pas ? Et en quoi la visite rendue est-elle la conséquence de la visite reçue, bien que l’officier et l’écrivain ne soient manifestement pas le même homme ? S’agit-il d’un titre ironique, suggérant que la jeune femme ne manque pas de visiteurs ?

Les possibilités narratives sont nombreuses.


La visite rendue

Boilly 1789 La-visite-rendue Wallace Collection homme

Suivie par sa compagne, une jeune femme élégante ôte ses gants en entrant dans l’appartement d’un homme, qui cesse d’écrire et se retourne vers elle en souriant. Il s’agit vraisemblablement de son futur mari, puisqu’il a accroché un portrait d’elle au dessus de son bureau, afin de l’avoir en permanence sous les yeux.

Boilly 1790 Les Malheurs de l'Amour,The Wallace Collection Londres,

Les Malheurs de l’Amour
Boilly, 1790, The Wallace Collection , Londres

D’un certaine manière, e thème est l’inverse du N°4 du « Rôle des tableaux de Boilly », où une jeune femme reçoit à la fois une lettre de rupture et son portrait qu’on lui retourne.


La logique du pendant (SCOOP !)

Je pense que c’est A. M. de Poncheville qui a flairé la meilleure explication [3], que je vais développer ici.

La jeune fille allait souper quand l’officier est arrivé à l’improviste (cape sur la miche). Ils ont vidé la carafe en buvant dans le même verre et joué de la musique, la jeune guitariste s’asseyant sur les genoux du claveciniste (pas de chaise visible). Mais un jeune messager a interrompu le concert, probablement pour annoncer l’arrivée d’un autre visiteur. Tout en l’empêchant de voir celui qui est déjà dans la pièce, elle lui donne un billet décommandant l’importun.

Le titre « La visite reçue » a donc un bien aspect ironique, puisque l’un des visiteurs a chassé l’autre.

Nous sommes ici dans le registre des amourettes d’avant mariage, avec leur lot de complications et de coups de théâtre.

Le second tableau nous montre, comme dans « L’amant constant » ou « Le cadeau délicat », une Amour stable. La jeune femme rend visite à son futur, chez lequel elle a ses habitudes. Nous ne sommes plus au stade du médaillon échangé, mais du portrait accroché au dessus du secrétaire.


Boilly 1789 La-visite-recue Musee Sandelin Saint Omer eclairci detail Boilly 1789 La-visite-rendue Wallace Collection homme

Ce tableau exposé, s’opposant au tableau retourné, symbolise bien la différence entre l’Amour déclaré et les amourettes versatiles. Nous ne sommes pas dans une histoire en deux épisodes, mais bien dans un pendant thématique et moraliste, opposant deux attitudes face à l’amour : l’inconvenante et la convenable.



sb-line

Boilly 1792 Les Conseils Maternels Coll priveeLes conseils maternels (N°10), Collection privée Boilly 1792 L'Amant constant Coll priveeL’amant constant (N°18), localisation inconnue

Boilly, 1791

Les deux toiles, commandées par Calvet de Lapalun, sont décrites aux  N° 10 et 18 de  « Sujets pour des tableaux ».


Les conseils maternels

Une jeune fille éplorée, qui lisait près du poêle, a laissé tomber son roman ou son journal intime, et la porte ouverte laisse voir une lettre qui brûle.

Dans sa description N°10, « deux amies moralisant sur les mariages d’amourette », Calvet de Lapalun avait prévu une mère expliquant à sa fille la signification du groupe sculpté, à savoir « la folie des mariages d’amourettes et les dangers que l’on court lorsque l’on n’a en vue en se mariant que de satisfaire une passion ». Le thème, y compris le groupe sculpté, n’a donc pas été inventé par Boilly, mais par son patron.



Boilly 1792 Les Conseils Maternels Coll privee detail
En revanche le texte du cartel est de son cru :

Vois le perfide Amour étouffant son flambeau
Quand l’Hymen de ses yeux enlève le bandeau

Ce qui peut se traduire ainsi : le désir s’éteint une fois que le mariage a enlevé les illusions.

Mécontent de cette liberté, Calvert de Lapahun a tenu à faire inscrire au dos une tableau une réserve, qui rappelle son intention d’origine, nettement plus moraliste :

« au lieu de vers on voulait que le peintre mit simplement / L’hymen ote à l’amour son bandeau. / Danger des marriages d’amourette./ Inventé par M. de Calvet la Palun peint par Louis Boilly 1791 ou leçon d’un mère a sa fille »

Autrement dit : reviens à la réalité, éteins ta flamme et marie-toi.



Boilly 1792 Les Conseils Maternels Coll privee detail amoureux

Autre rajout de Boilly, pour illustrer le côté versatile des amourettes  : l’amant repoussé, convié  à prendre la porte malgré sa mine désespérée


L’amant constant ( N°18 )

Dans « Sujets pour des tableaux », cette oeuvre n’est pas consécutive à la précédente, et il n’est pas indiqué qu’elle en soit le pendant. Néanmoins la composition est identique : une figure d’autorité (homme ou mère) désigne à une jeune fille une statue allégorique.

Le tableau est très fidèle à la description : l’homme montre ce qui est inscrit sur le piédestal : « avec le tems », tandis que le Cupidon en statue commence à percer le rocher avec sa flèche. Le message à comprendre est que « l’amour avec de la constance rend sensibles les coeurs les plus durs« .

Pour le geste de la jeune fille, Calvet de Lapalun laissait le choix entre deux options:

  • une noble : « air dédaigneux, tournant un peu la tête et ayant les deux bras dans l’attitude d’une personne qui repousse ce qu’on lui propose » ;
  • une gaie : « avec un air riant et folâtre, (elle) frotte l’index de sa main gauche, avec celui de la droite. Elle a l’air de répondre au jeune homme : même avec le tems vous ne m’aurez pas ».

Sans surprise, Boilly a choisi la version « gaie », l’index frotté signifiant à l’époque, de manière assez crue : « je t’en ratisse ! », autrement dit : « va te faire voir, tu n’y toucheras pas ». A noter au premier plan le chien couché sur le tabouret, qui signifie peu pu prou  « La Fidélité vaincra ».

Ainsi l’amant constant venge, par sa patience, l’amant repoussé du premier tableau.


Je t’en ratisse ! Ah Si je te tenois !

Danloux, 1784, collection particulière

L’idée des gestes opposés sort peut être de ce pendant de Danloux, l‘index étant une métaphore virile transparente (d’autant plus qu’il est associé au bâton). Sur d’autres occurrences de ce thème chez Boilly, voir Boilly : Surprises et sous-entendus.



sb-line

Boilly 1791 ca Prends ce biscuit coll privPrends ce biscuit  Boilly 1791 ca Nous etions deux nous voila trois coll priveeNous étions deux nous voilà trois

Boilly, vers 1791, Collection privée [2]

Dans ce pendant plus trivial, destiné une autre clientèle, Boilly a recyclé le décor imaginé par son patron : le groupe sculpté, qui représente maintenant Bacchus revigorant Cupidon avec une coupe de vin, commente le geste de la jeune femme qui, pour ranimer son amoureux flapi, le régale d’un biscuit.  Sur le socle est inscrit : « Vive Bacchus ! L’amour repousse ».

Le second tableau  inverse les positions : c’est la femme qui est est fourbue et l’homme,debout, qui lui présente présente le résultat de tous ces efforts.



sb-line

Boilly 1787 D1 La lettre Collection Bemberg ToulouseLa lettre Boilly 1787 D1 Le cadeau delicat Collection Bemberg ToulouseLe cadeau délicat

Boilly, 1789-93, Collection Bemberg, Toulouse

 

Bien que ces deux tableau aient été vendus ensemble en 2002, il n’y a aucune preuve historique qu’ils aient jamais constitué des pendants. D’ailleurs ils sont loin d’être équilibrés : à gauche un couple, à droite un trio.

La lettre

sb-line

Boilly 1787 D1 La lettre Collection Bemberg ToulouseLa lettre Boilly 1789 La-visite-recue Musee Sandelin Saint OmerLa visite reçue

Le sujet se rapproche un peu de « La visite reçue », en plus simple, puisque la lettre est écrite sous les yeux de l’amoureux.


Le cadeau délicat

Boilly 1787 D1 Le cadeau delicat Collection Bemberg ToulouseLe cadeau délicat Boilly 1789 La-visite-rendue Wallace Collection inverseeLa visite rendue (inversee)

 

Le Cadeau délicat inverse quant à lui La visite rendue, et se compose maintenant de deux scènes disjointes :

  • un homme lit une lettre à son bureau ;

 

Boilly 1787 D1 Le cadeau delicat Collection Bemberg Toulouse detail

  • une femme vient déposer à son insu un médaillon qui la représente ; derrière elle, son chaperon regarde peureusement dans l’escalier et tente de retenir sa main : sans doute par crainte que quelqu’un ne voit cette visite compromettante et parce que le don est par trop audacieux.

Ces différences modifient le sens général :

  • le portrait officiel a disparu, remplacé par le médaillon qui, joint à l’attitude craintive de la compagne, trahit une relation dissimulée ;
  • la jeune femme porte maintenant un chapeau voyant, et pas de gants ;
  • en revanche le chapeau de l’homme est ordinaire, tandis que dans l’autre tableau c’était un bicorne excentrique, préfigurant ceux que porteront les Incroyables quelques années plus tard.



sb-line

http://collections.lesartsdecoratifs.fr/le-cadeau-delicatLe conseil maternel LOUVRE RF 1961.19) http://collections.lesartsdecoratifs.fr/le-conseil-maternelLe cadeau délicat (LOUVRE RF 1961.18)t 

Boilly, 1789-93, Musée des Arts Décoratifs, Paris

Ce pendant confirmé illustre une spécialité de Boilly à cette époque : l’« imitation de l’estampe » par des peintures en grisaille.

On reconnaît la copie pratiquement à l’identique des tableaux que nous avons déjà vus (seule différence : dans Le conseil maternel, l’amant rebuté à été remplacé par le carnet jeté par terre).


La logique du pendant (SCOOP ! )

Formellement, ce nouvel appariement est bien équilibré : deux femmes devant une statue ou un homme immobile.

La logique binaire retrouve celle que nous avons déjà noté dans les pendants pour Calvet de Lapalun :

  • dans le premier tableau, la jeune fille, morigénée par sa mère, montre son inexpérience amoureuse ;
  • dans le second, elle montre au contraire un esprit de décision, en se rendant chez son amant pour lui donner un portrait d’elle, sans se laisser dissuader par son chaperon.

Sous les apparences d’un pendant narratif (la jeune fille échappe à sa mère pour se rendre chez son amant), il s’agit en fait d’un pendant thématique, opposant les incertitudes des aventures aux certitudes de l’Amour.


Boilly Amourettes amours stable schema
Ce schéma récapitule les relations entre ces trois pendants qui, tout comme le groupe sculpté imaginé par Calvet, illustrent tous l’opposition entre les Amourettes (« le perfide Amour ») et l’Amour Stable (L’hymen).

Ajoutons que Boilly exposa en 1792 un autre pendant du même genre, dont il ne reste que les titres : « La pensée trouvée » et « Femme attachant un médaillon » ([4], p 37)


sb-line

Boilly 1791 ca L amant jaloux Hotel Sandelin Saint Omer

L’amant jaloux
Boilly 1791, Musée Sandelin Saint Omer

Le N°8 de la suite pour Calvet de Lapalun devait initialement illustrer un opéra comique, « Les fausses apparences ou L’amant jaloux » : derrière le paravent devait se cacher une jeune fille, ce qui ridiculisait le vieillard jaloux. Boilly adopte ici un parti moins convenable : la jeune femme a véritablement un amant et nie l’évidence malgré le souper fin et le portefeuille empli de billets doux, sa mère et sa fille faisant également barrage ; et elle a bien raison, vu l’aspect repoussant du mari qui, de rage, piétine un médaillon.

Boilly 1791 A2 Le souper interrompu Poussez fort PasadenaLe souper interrompu (Poussez ferme !) Boilly 1791 A2 Ah Le vieillard Jaloux Ah qu'il est sot PasadenaLe vieillard Jaloux (Ah Ah qu’il est sot !)

Boilly, vers 1791, Norton Simon Art Foundation, Pasadena

Boilly a repris la même scène à son propre profit, dans ce pendant moins élégant qui sera ensuite gravé par Simon Petit sous les titres graveleux de « Poussez ferme ! » et « Ah Ah qu’il est sot ! ».

Susan L. Siegfried ([4], p 8) note combien Boilly adapte l’expression des convenances selon son public, transformant des allusions acceptables pour un aristocrate en détails crus appréciés par des spectateurs moins raffinés. Ainsi, dans cette version vulgaire :

  • le souper fin est constitué d’un melon ouvert (côté féminin) et d’une saucisse (côté masculin) ;
  • l’amant empoigne le goulot de la bouteille en souriant à la poitrine dénudée de sa partenaire ;
  • le vieillard jaloux bourre de coups de poings le chapeau de l’amant ;
  • la complice fait le geste des index croisés (« je t’en ratisse »), qui moque la virilité du jaloux.


La logique du pendant (SCOOP !)

On pourrait croire à deux moments d’une scène de vaudeville (le mari légitime est retardé derrière la porte, puis il réussit à entrer tandis que l’amant se réfugie derrière le paravent) ; mais l’inversion des décors et du sein visible de la jeune femme, les couleurs différentes de la chaise renversée et du ruban dans les cheveux, indiquent que ce n’est pas le cas.

Le titre à double-sens des gravures incite à les considérer comme les métaphores de deux stades d’un processus plus anatomique : celui où l’intéressé est dans la place (« Poussez ferme ! ») et celui où il doit la quitter. Dans les deux cas, le « vieillard » symbolise ce qui peut gêner la plaisir : le manque de vigueur et l’interruption prématurée.



sb-line

Boilly 1791 ca Amante decueL’amante déçue Boilly 1791 ca Le vieux jalouxLe vieillard jaloux

Boilly, vers 1791, autrefois dans la collection Paul Sohège [5]

Dans cette autre pendant, Boilly modifie Le Vieillard jaloux pour l’apparier avec une toile bien différente.

En rentrant chez elle (la cape jetée sur la table), la dame a trouvé une lettre de rupture. De rage elle piétine le portrait de l’amant et arrache son médaillon qu’elle portait au cou. Mais par la porte de droite la servante, l’esprit pratique, amène l’écritoire pour raccommoder les choses.

En rentrant chez lui, le vieux mari a trouve sa femme lisant une lettre d’amour. De rage il piétine le médaillon et laisse tomber sa canne. Mais à droite l’alcôve ouverte laisse entendre qu’une réconciliation sur l’oreiller est possible.

Là encore, il ne s’agit pas malgré les apparences d’un histoire en deux temps, mais de la mise en parallèle ironique d’une même situation : la lettre qui déclenche la colère.



Les commandes de tableaux de genre se raréfiant durant la Révolution, Boilly se lance dans toute une série de tableaux et gravures alimentaires de qualité très variables, souvent vendues en pendants.

Boilly Voila ma mere nous sommes perdus gravure de BeaubleVoilà ma mère, nous sommes perdus ! Boilly Jouir par surprise n'alarme pas la pudeur gravure de BeaubleJouir par surprise n’alarme pas la pudeur

Boilly, 1789-95 , gravures de Beaublé

Dans ces deux scènes très convenues, l’effet comique tient à la figure qui apparaît à l’arrière plan, par la porte ou le rideau :

  • la vieille mère interrompt les ébats à peine amorcés sur la chaise (le corsage pend mais le lit n’est pas défait) ; les linges posés sur les différents ustensiles signifient, comme dans les tableaux flamands, le ménage négligé ; mais ils évoquent aussi comiquement, par une métaphore visuelle, la situation du galant réfugié sous le couvre-lit ;
  • le voyeur, en revanche, « n’alarme pas » (ne gêne pas) la jeune fille qui lace sa jarretière (les chaussons plats qu’elle porte encore montrent qu’elle est en train de s’habiller, et donc que le jeune homme a déjà assisté au meilleur) ; le minou – comme souvent au XVIIIème siècle, effectue à l’intérieur de la gravure le rôle espéré par le galant : attraper le ruban et empêcher le rhabillage.



sb-line

Boilly 1789-93 L'attention dangereuse coll privL’Attention dangereuse Boilly 1789-93 La jarretiere gravure de TrescaLa Jarretière
Boilly 1789-93 la jardiniere (Jeune femme deposant un panier de fleurs sur un banc)La Jardinière Boilly 1789-93 L'amusement de la campagne gravure de TrescaL’Amusement de la Campagne
Boilly 1789-93 La solitude gravure de TrescaLa Solitude Boilly 1789-93 La precaution gravures de TrescaJLa Précaution

Entre 1789 et 1793, Boilly réalise une série de six jeunes filles en extérieur, destinées à être gravées par Tresca.  Les appariements proposés ici sont ceux du catalogue de la vente, mais les poses sont conçues pour se répondre à volonté. A noter, dans la dernière gravure, le détail qui suscite l’attention de la demoiselle, et que nous allons tout de suite retrouver.



sb-line

Boilly 1789-93 L'amant poete gravure de LevillyL’amant poète Boilly 1789-93 L'amant musicien gravure de LevillyL’amant musicien [0]

Boilly, 1789-93, gravures de Levilly 

Le thème piquant de ces deux gravures est le voyeurisme féminin, qui plus est à deux : l’objet de la concupiscence de ces dames manie d’une part le crayon du poète, de l’autre la flûte de l’oiseleur.

Il faut sans doute aussi comprendre que les deux hommes sont bien différents quant à leur attitude envers les femmes : l’un est fasciné par l’académie d’Apollon tandis que l’autre attire les filles dans les buissons.



sb-line

Boilly 1791 ca Ah Qu'il est gentil La cocarde Nationale« Ah, Qu’il est gentil ! » (La Cocarde Nationale)
Boilly 1791 ca Ah Qu'elle est gentille gravure de Bonnefoy« Ah, Qu’elle est gentille ! »

Boilly, 1791, gravures de Bonnefoy

  • D’un côté, une jeune femme au buste avantageux ajuste un bicorne républicain sur un séduisant militaire, en lui tenant le menton.
  • De l’autre, un jeune mari au jabot avantageux ajuste une couronne de rose sur un séduisante mère en lui tenant le menton.

Le petit garçon vient, par une sorte d’automatisme d’Ancien Régime, classer ce pendant dans la catégorie Amourette/ Amour durable.



sb-line

Boilly 1790 ca La douce impression de l'Harmonie coll privLa douce impression de l’Harmonie Boilly 1790 ca Suite de La douce impression de l'Harmonie coll privSuite de la douce impression de l’Harmonie

Boilly, vers 1790, collection privée

La jeune femme s’est levée du fauteuil et a fait passer sa guitare dans l’autre main ; l’homme, dont les poings serrés projetaient sur l’entrejambe une ombre suggestive, est passé de l’autre côté de sa compagne pour l’embrasser : tout annonce deux moments consécutifs.

Cependant les pièces sont différentes : le salon avec sa cheminée allumée s’oppose à la chambre avec le lit défait, avec une servante derrière la porte que vient de refermer le galant, posant son chapeau et sa canne juste à côté.

Ce type étrange de pendant, où les personnages jouent une scène continue, mais dans des lieux et à des moments différents, est typique des compositions de Boilly à cette époque.


sb-line

Boilly 1796 Le Sommeil trompeur coll privLe Sommeil trompeur Boilly 1796 Le Reveil premediteLe Réveil prémédité

Boilly, 1796, collection privée

Ce pendant très sage est sans doute le dernier de Boilly dans le style Ancien Régime :

  • une jeune femme qui rentre de promenade (avec sa canne et à demi gantée) récupère le livre que le musicien endormi allait laisser tomber par terre ;
  • une jeune femme sur le point de sortir est soudainement enlacée par le musicien, qui faisait semblant de dormir, et le livre tombe quand même.

Le grand intérêt de ce pensant est qu’il nous livre la véritable raison de la réticence de Boilly à traiter dans un même décor et avec les mêmes personnage deux scènes clairement conçues pour être consécutives (comme le prouve le détail du livre). Il ne s’agit pas ici d’éluder une scène intermédiaire scandaleuse mais, dans une optique d’artisan consciencieux, de justifier ses prix en livrant une composition graphiquement complète, couleurs chaudes contre couleurs froides, cheveux blonds contre cheveux bruns : deux types de beauté féminine.

La préférence pour la richesse visuelle contre la vérité narrative est une convention raffinée, dont la mode touche à sa fin.



sb-line

Boilly La lecon de dessin la lecon de musique dessin coll priv

La leçon de dessin, la leçon de musique
Boilly, date inconnue, dessin, collection privée

Après toutes ces scènes tendancieuses, ce pendant de couple frappe par l’absence de tout sous-entendu : l’homme est simplement un maître de dessin et de musique, son crayon n’est qu’un crayon et son archet qu’un archet.


Boilly repos_pendant_la_lecon_de_musique.
Le repos durant la Leçon de Musique
Boilly, date inconnue, dessin, collection privée

Il existe néanmoins une version plus intrusive, dans laquelle le chien a sauté du tabouret sur les cuisses de sa maîtresse, et où la main a abandonné l’archet on ne sait où.



Les pendants grivois

Boilly 1791, la serinette

La serinette, 1791, Boilly, Collection privée

Ce tableau détourne un thème déjà traité par Chardin (voir La douce prison) : le serinette, boîte à musique destinée à entraîner les oiseaux à chanter, les incite ici à copuler, et leur maîtresse toute émotionnée à dégrafer son corsage.

Le tableau a été gravé par Honoré, avec pour pendant « Ils sont éclos » de Van Gorp, qui montrait visiblement le résultat de l’opération

 

sb-line

Boilly-1789-95-Il-dort-Le-doux-reveil-Musee-Cognacq-JayIl dort (Le doux réveil), Musée Cognacq-Jay Boilly 1789-95 Que n'y est-il encore gravure de PetitQue n’y est-il encore (gravure de Petit)

Boilly, 1789-95

Dans le premier tableau, une jeune femme dépoitraillée vient dans la chambre où dort un militaire venu lui jouer de la contrebasse (probablement son amant , à en juger par le portrait sévère du mari au mur).

Dans le second tableau, les habits d’homme ont disparu, le lit est vide : l’amant vient de se retirer, la jeune femme se rhabille et, désolée comme la petite statue de Cupidon, elle déplore son absence par une phrase à double-sens.

Le pendant est aussi l’occasion amusante d’opposer, dos à dos, les deux fauteuils où sont posés les vêtements masculin et féminin, dans l’ordre précis du déshabillage.



sb-line

Boilly 1791 La dispute de la rose gravure EymarLa dispute de la rose Boilly 1791 La rose prise gravure EymarLa rose prise

Boilly, 1791, gravures de Eymar

Le sujet de la rose à défendre contre les avances masculines était un poncif de l’époque (voir 4 La cruche cassée (version révolutionnaire) ):

Le corsage dégrafé de la fille, sa main entre les cuisses, son sourire plus satisfait que moqueur, et la rose posée maintenant sur l’entrejambe du garçon, invitent à une lecture Avant-Après qui laisse deviner ce qui s’est passé entre les deux (voir Une transformation).

C’est alors qu’un alibi purement graphique et parfaitement hypocrite vient démentir la lecture séquentielle : l’inversion des décors, les deux races de chiens, la modification de la statue de l’Amour (qui fait le geste de la discrétion, puis celui de la douleur) prétendent qu’il ne faut pas lire le pendant comme une histoire en deux temps, mais comme une opposition parfaitement morale : la Fille sérieuse et le Galant puni (qui s’y frotte se pique… le doigt).

Ce pendant audacieux, mais pas encore osé, va laisser place à des productions de plus en plus grivoises.


sb-line

Schall 1790 Le Modele dispose gravure ChaponnierLe Modèle disposé, Schall Boilly 1790 Le Prelude de Nina gravure ChaponnierLe Prélude de Nina, Boilly

1790, gravures de Chaponnier

Tandis que Schall peint une scène galante, mais prosaïque (la chaufferette ne sert qu’à réchauffer), Boilly met en musique, de manière aussi inventive que suggestive, un véritable vocabulaire sexuel des objets (voir Surprises et sous-entendus).



sb-line

Boilly 1791 C1 La Comparaison des petits pieds gravure de ChaponnierLa comparaison des petits pieds Boilly 1791 C1 L'amant favorise gravure de ChaponnierL’amant favorisé

Boilly, 1791, gravures de Chaponnier

Les deux scènes sont surtout des prétextes à montrer une poitrine dénudée et des petits souliers pointus. Le pendant se justifie, faiblement, par le rôle des portes :

  • dans la première gravure, elle laisse passer le voyeur qui se faufile au ras du sol :
  • dans la seconde, l’une favorise la fuite de l’amant et l’autre retient le mari (ou plus probablement un autre amant, vu l’expression peu effrayée de la fille) ;

Mais le vrai sujet, sous-entendu par les titres, est celui de la comparaison et du choix : les deux filles échangent leurs souliers, la fille a choisi l‘amant qui lui va le mieux.

Aussi étrange que cela puisse paraître, ce sujet est décrit en bien plus scabreux par le bienséant Calvet de Lapalun au N°9 de « Sujets pour des tableaux » sous le titre « L’abbé, juge des petits pieds » : il y rajoute une soubrette qui se moque de la « coquetterie » de l’homme efféminé, « avec sa frisure avec art arrangée… une fleur à la boutonnière et un éventail à la main » [6]. Boilly n’a pas réalisé cette version pour Calvet de Lapalun, mais a réutilisé l’idée pour des créations personnelles.


 

Boilly 1791 ca La Comparaison des petits pieds collection priveeCollection privée Boilly 1791 ca The Ramsbury Manor Foundation - Photo (c) courtesy the TrusteesThe Ramsbury Manor Foundation – Photo (c) courtesy the Trustees

La comparaison des petits pieds, Boilly, vers 1791

Dans la version peinte (à gauche), les couleurs montrent bien l’échange de souliers et le voyeur est un abbé poudré qui reste derrière la porte.

Dans le seconde version plus décente (à droite), les seins sont voilés et le voyeur est absent.



sb-line

Boilly 1792 ca Ca ira gravure Mathias GallicaÇà ira Boilly 1792 ca Ca a ete gravure TexierÇà a été

Boilly, vers 1792, gravures de Texier

La lettre de l’homme dans le tiroir entrouvert est une métaphore claire de ce qui se passe entre les deux moments. Seule  l’inversion de la position du lit et de la source de lumière s’oppose encore faiblement, comme par un reste de convention bienséante, à la lecture Avant-Après, confortée par la crudité des titres. Plus tard, le second sera d’ailleurs modifié, par prudence, en « Le lever des époux » ([7] , p 49).


sb-line

Boilly 1794, La douce resistance gravure de TrescaLa douce résistance Boilly 1794, On la tire aujourd’hui gravure de TrescaOn la tire aujourd’hui

Boilly 1794, gravures de Tresca.

Autant la première estampe est dans la droite ligne des gravures galantes de l’Ancien Régime, autant la seconde est provocante par son titre à double-sens, qui prend comme prétexte les billets de loterie du jeune homme pour suggérer le geste que la jeune femme au téton baladeur ne fait pas (pour plus de détails sur cette estampe, voir  Surprises et sous-entendus). Il est possible également que la licence, coutumière côté aristocrate emperruqué, ait été jugée transgressive côté bourgeois en chapeau.

Quoiqu’il en soit, sous la Terreur, en avril 1794, Bailly fut dénoncé pour immoralité devant la Société Républicaine des Arts, pour les estampes dont aucun alibi ne voile l’intention érotique, telles justement que On la tire aujourd’hui ou La comparaison des petits pieds .



sb-line

Boilly 1794 ca defends-moiDéfends-moi Boilly 1794 ca Le lecon d'union conjugaleLa leçon d’union conjugale

Boilly, date inconnue, gravures de Petit

Ce pendant un peu plus acceptable renoue avec la veine Amourette – Amour stable : à gauche la fille fait mine de pousser son bichon à attaquer le jeune homme qui dénoue sa jarretière, mais le geste de sa main tendue est toujours aussi suggestif. A droite l’union stable est sanctifiée par les deux tourterelles et les deux gants blancs (voir Les oiseaux licencieux).


Boilly 1794 ca defends-moiDéfends-moi Boilly 1794 ca Tu saurais ma penseeTu saurais ma pensée

Boilly, date inconnue, gravures de Petit

Dans la scène la plus osée, la belle ordonne mollement à son chien de la défendre contre les entreprises de l’amant, qui s’attaque à sa jarretière. En désignant ostensiblement son sac à main posé sur le canapé, la belle fait comme si l’agresseur n’était qu’un brigand ordinaire, tout en lui désignant symboliquement ce qu’il s’agit désormais de fouiller.

La gravure était parfois contrebalancée par cette autre scène, à la moralité en apparence irréprochable : après avoir fait de la musique (la guitare, le Cupidon avec fifre et tambour), les deux prennent le café, et la belle superstitieuse refuse de boire dans la tasse de son soupirant, ce qui lui révélerait ses pensées. En illusionniste confirmé, Boilly attire l’oeil sur la main qui refuse et laisse dans l’ombre celle qui traîne au dessous de la table.


sb-line

Boilly 1795-96 Hercule et AlcesteHercule et Alceste Boilly 1795-96 Persee et AndromedePersée et Andromède

Boilly, 1795-96, collection privée [0]

Raretés mythologiques et érotiques, ces deux petites compositions, présentées dans un étui en maroquin noir, appartenaient à Livry, un collectionneur qui possédait d’autres tableaux de Boilly. Tel la coccinelle de Gotlib, le Cupidon de Boilly commente l’action, d’un coté en tirant une flèche vers Cerbère, gardien des Enfers, de l’autre en imitant Persée aux chevilles ailées atterrissant sur Andromède.


Les pendants sentimentaux

Boilly a fort peu exploité la veine du sentimentalisme à la Greuze et, lorsqu’il le fait, c’est avec une forme de crudité visuelle, d’alternance du chaud et du froid, qui confine à la Cruauté.

boilly 1785 ca La crainte mal fondee coll partLa crainte mal fondée boilly 1785 ca La tourterelle coll partLa tourterelle

Boilly, vers 1785, collection privée

Ce pendant non daté remonte probablement aux premières années de Boilly à Paris, à la fin du règne de Louis XVI.

Dans le premier tableau, la grande soeur console son petit frère, effrayé par le chien (qu’elle s’est sans doute amusé à exciter contre lui). Dans le second, pour se faire pardonner, elle se laisse bécoter les lèvres par l’oiseau sorti de sa cage.

Sous une apparence charmante, le pendant n’est pas exempt d’arrières-pensée : encore à l’âge tendre, la fillette s’exerce déjà à son métier de femme (sur le thème du baiser de l’oiseau, voir L’oiseau chéri).



sb-line

Boilly 1790 ca l'affligeante-nouvelleL’Affligeante Nouvelle Boilly 1790 ca Les coeurs reconnaissants The Ramsbury Manor Foundation - Photo (c) courtesy the TrusteesLes Coeurs reconnaissants (Trait de bienfaisance de la Duchesse d’Orléans), The Ramsbury Manor Foundation

Boilly, 1791

Le pendant existe en couleur, et en imitation d’estampe (j’ai ici mélangé les deux).

Un pendant Avant-Après

  • le malheur : un curé, suivi par son bedeau, vient apprendre à une mère de famille le décès de son époux ; la brouette-jouet et le tambour relégués sous la table nous indiquent que le temps des jeux et de l’opulence est fini ;
  • le bonheur : sous l’oeil approbateur d’une bonne soeur, une dame riche, suivie d’un laquais, offre une bourse à une famille méritante : il s’agit de la duchesse d’Orléans, connue pour sa générosité, et on reconnait le grand escalier du Palais-Royal.

En pleine Révolution, ce sujet hagiographique s’explique par le fait que la duchesse était encore l’épouse du populaire Philippe-Egalité, ainsi que par la proximité de Boilly avec la famille d »Orléans.


sb-line

Boilly 1793-96 Jeune mere et sa fille donnant la becquee a un oiseau coll partJeune mère et sa fille donnant la becquée à un oiseau Boilly 1793-96 Jeune femme a la robe bleue prenant son enfant dans les bras coll partJeune femme à la robe bleue prenant son enfant dans les bras

Boilly, 1793-96, collection privée

Jusqu’à la fin de la Révolution, Boilly continuera à peindre en style Ancien Régime d’affriolantes élégantes, ici sous un prétexte maternel.


sb-line

Boilly 1793-96 Jeune femme a la guitare coll partJeune femme à la guitare Boilly 1793-96 L'enfant a la rose coll partL’enfant à la rose  [0]

Boilly, 1793-96, collection privée

Ces deux tableaux ont été vendus comme pendants en 1816.

D’un côté, une jeune femme accorde sa guitare à la lumière d’une lampe qui découpe sur le sol une ombre dentelée (à remarquer la chambre noire, un instrument d’optique que Boilly collectionnait). On suppose qu’il pourrait s’agir de son épouse Julie.

De l’autre une scène au grand soleil, où un petit garçon tend une fleur à une jeune femme qui s’intéresse à autre chose, fixant quelque chose ou quelqu’un en hors champ.

Mis à part l’opposition lumière artificielle / lumière solaire, le thème commun est difficile à saisir. De même, la différence de taille entre les deux femmes heurte l’oeil, sauf s’il s’agit à droite non pas d’une mère, mais d’une grande soeur qui s’ennuie en gardant le gosse.


Boilly 1790–94 Deux jeunes femmes s'embrassant, The Ramsbury Manor Foundation. Photo (c) courtesy the Trustees.Deux jeunes femmes s’embrassant, 1790–94 The Ramsbury Manor Foundation. Photo (c) courtesy the Trustees boilly A l'entreeA l’entrée, 1796-98, Musée de l’Ermitage, St. Petersbourg

Boilly a abordé plusieurs fois le thème émoustillant de la grande et de la petite fille (l’initiatrice et l’adolescente qui s’éveille) soir explicitement, avec ds deux jeunes filles s’entraînant au baiser sur la bouche, soit comme dans le second tableau au travers de nombreux sous-entendus sexuels (voir Surprises et sous-entendus).


sb-line

Boilly 1795-96 S’il Vous Plaits Toledo Museum of ArtsS’il Vous Plaît, Toledo Museum of Arts Boilly 1795-96 Filles agacant un chien coll partFilles agaçant un chien (Le favori) 

Boilly, 1795-96, collection privée

Même sujet de l’éveil de la féminité : d’un côté la pomme n’est encore qu’une gourmandise, de l’autre une jeune fille à demi-sortie de l’enfance (une de ses mains est nue, l’autre gantée) apprend de sa mère comment faire enrager un favori.

Pour la suite de la carrière de Boilly, voir 2 Les pendants de Boilly : du Directoire à la Restauration

Références :
[0] Etienne Bréton, Pascal Zuber, « LOUIS–LÉOPOLD BOILLY (1761–1845) », éditions Arthena 2019

[1] Henry Harrisse « L. L. Boilly, peintre, dessinateur, et lithographe; sa vie et son œuvre, 1761-1845; étude suivie d’une description de treize cent soixante tableaux, portraits, dessins et lithographies de cet artiste »  https://archive.org/details/gri_33125003381288/page/n165

[2] Catalogue de quatre tableaux célèbres par L.-L. Boilly.- COLLECTION PAUL SOHEGE – 1900
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12483698.texteImage
[3] A. M. de Poncheville « A L’EXPOSITION BOILLY », Revue des Deux Mondes, SEPTIÈME PÉRIODE, Vol. 58, No. 1 (1er JUILLET 1930), pp. 224-229
https://www.jstor.org/stable/44850579
[4] Susan L. Siegfried, « The Art of Louis-Leopold Boilly – Modern Life in Napoleonic France »
[5] Catalogue de quatre tableaux célèbres par L.-L. Boilly.- COLLECTION PAUL SOHEGE – 1900
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12483698.texteImage
[6] John S. Hallam, « Boilly et Calvet de Lapalun », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1985, Page 177  et ss
[7] André Mabille de Poncheville, Boilly, 1931

2 Les pendants de Boilly : du Directoire à la Restauration

11 décembre 2019

Boilly n’adoptera jamais les courants dominants du néo-classicisme, ni du romantisme. Fidèle à ses sources flamandes, il passera des salons aux cabarets en louvoyant entre les modes, sans rien perdre de sa méticulosité ; ce qui en fait un témoin irremplaçable des bouleversements de l’époque.

Pour les pendants du début de la carrière, voir 1 Les pendants de Boilly : Ancien Régime et Révolution.


Boilly 1793-94 Autoportrait Dedie a l'amitie grisailleAutoportrait dédié à l’Amitié Boilly 1793-94 Portrait de la mere Chenard Dedie a la nature grisaillePortrait de la mère Chenard, dédié à la Nature

Boilly, 1793-94, grisailles, localisation inconnue [0] 

Ces deux trompe-l’oeil à la vitre cassée, offerts à son ami le chanteur Simon Chenard, ont probablement été réalisés par Boilly au plus fort de la Révolution. Le même pendant existe également en version couleur [0a].

De manière doublement iconoclaste, l’artiste brise la vitre et la convention du pendant marital : il représente non pas un couple légal, mais un couple d’affection, lié à Chenard d’un côté par l’amitié, de l’autre par l’amour maternel.


Le chanteur Simon Chenard en costume de sans-culotte, portant un drapeau à la fête de la liberté de la Savoie, le 14 octobre 1792Portrait du chanteur Simon Chenard en costume de sans-culotte, portant un drapeau à la fête de la liberté de la Savoie, le 14 octobre 1792, Musée Carnavalet, Paris Boilly Portrait aavc Chenard PBA LillePortrait avec Chenard, Palais des Beaux Arts, Lille

Boilly, 1792

Dans son autoportrait avec pipe et bicorne à cocarde, Boilly fait ouvertement référence au grand portrait patriotique de spn ami, qu’il vient de réaliser.


Les Incroyables

Deux pendants satiriques sont consacrés par Bailly à la mode excentrique des Incroyables et des Merveilleuses, qui se développe en réaction à la Terreur. Les gravures issues des tableaux, parues en mars avril 1797, font partie d’une série d’une vingtaine, par différents artistes, caricaturant les moeurs du jour : leur format commun est l’absence de décors et la présence de deux ou trois personnages au maximum. ([1], p 73)


boilly 1797 A2 Faites la paixFaites la paix Boilly 1797 A2 Les CroyablesLes Croyables

Boilly, 1796

  • Après s’être affrontés avec leurs cannes, un Muscadin et un Patriote en sont à tirer l’épée : une Merveilleuse s’interpose entre eux.
  • Un jeune dandy qui tente de revendre ses « Mandats territoriaux » dévalués est escroqué par un spéculateur tandis que par derrière un complice lui vole son mouchoir. Le spéculateur est habillé en homme de tous les régimes, avec à la fois la cocarde tricolore et le « bâton démocratique » des royalistes ([1], p 74).

Le thème commun est ici celui de l’ingénue ou du naïf, pris en sandwich entre deux terribles.


boilly 1797 A1 La folie du jour Staedel MuseumLa folie du jour, Staedel Museum boilly 1797 A1 Point de Convention (Absolutely no agreement)Point de Convention (Le désaccord)

Boilly, 1796

  • Un violoneux aviné lève un archer concupiscent vers une Merveilleuse en tenue extrêmement provocante, qui danse avec un Merveilleux. « La folie du jour » est le nom d’un danse à la mode, et d’une pièce jouée en 1795.
    .
  • Tout en faisant décrotter ses bottes, un Merveilleux tend une pièce à une Merveilleuse en robe si transparente qu’il la prend pour une prostituée : et celle-ci lui répond comme telle, en faisant des deux index le signe que quelque chose est trop court (la bourse ou la virilité du jeune homme). « Point de Convention » est un titre à double-sens : il exprime le refus de la fille  (Pas d’accord !) , mais est aussi un slogan des Muscadins ( Non à la Convention !).

Le thème est l’Accord et le Désaccord du couple ; mais au delà, la critique est féroce contre ces riches jeunes gens qui arborent leur tenue ridicule devant la misère du petit peuple : musicien étique ou gamin des rues.

Il faut remarquer que, pour faciliter la vente, les appariements sont assez lâches. On pourrait tout aussi bien remonter les pendants comme suit :

Boilly 1797 A2 Les CroyablesLes Croyables boilly 1797 A1 Point de Convention (Absolutely no agreement)Point de Convention

« La transaction inéquitable »

boilly 1797 A1 La folie du jour Staedel MuseumLa folie du jour boilly 1797 A2 Faites la paixFaites la paix

« Le Couple encouragé, Le Couple menacé »


sb-line

boilly 1797-98 Jeune femme en train de moudre du cafeJeune femme en train de moudre du café Boilly 1797-98 Le chien cheriLe chien chéri

Boilly, 1797-98, collection privée [0] 

Sous un aspect de peinture fine à la hollandaise, ce pendant recèle probablement un message sur les bouleversements du temps.

Dans une belle chambre avec lit clos et secrétaire en bois précieux, la ménagère broie son café (un met de luxe) et fait chauffer son repas sur un petit brasero ;


Boilly 1797-98 Le chien cheri The Ramsbury Manor Foundation - Photo (c) courtesy the Trustees

Le chien chéri
Boilly, 1797-98,  The Ramsbury Manor Foundation – Photo (c) courtesy the Trustees

Dans une soupente à la cheminée éteinte, une jeune fille se console avec son bichon de son maigre repas (du pain et deux oeufs). Le bougeoir doré (avec une bougie éteinte et une autre trop courte posée sur la table) et la chaise de style suggèrent qu’elle a dû connaître des jours meilleurs. La paire de ciseaux suspendue au dossier semble indiquer que son seul moyen de subsistance est la couture.

Les ustensiles identiques (carafe d’eau, bougeoir, cafetière, poêlon en poterie, malle) servent de motif de jonction entre les deux tableaux.


sb-line

Boilly 1801-03 Jeux de jeunes gens loc inconnueJeux de jeunes gens (localisation inconnue) Boilly 1801-03 Rendez-vous d'amour (Conversation dans le parc) Horvitz Collection WilmingtonRendez-vous d’amour (Conversation dans le parc), Horvitz Collection , Wilmington

Boilly, 1801-03 [0] 

Bien qu’ils aient été mentionnés comme pendants dans une vente en 1812, on ne discerne aucune continuité entre les deux tableaux :

  • d’un côté trois enfants jouent avec trois chiens (les filles avec des petits, le garçon avec un grand) ;
  • de l’autre deux soeurs viennent interrompre la discussion galante de la mère (ou plus vraisemblablement de la grande soeur) sous la statue de Cupidon.

Ni le nombre de personnages ni les tailles ne correspondent (comparer par exemple celles de la petite fille blonde en robe grise, seul personnage commun aux deux scènes). Il s’agit donc probablement d’un faux-pendant.


sb-line

Boilly 1806 ca La jeune mere Musee de Boulogne sur merLa jeune mère, Château-Musée de Boulogne sur Mer Boilly 1806 ca Le marchand d'oiseaux detruitLe marchand d’oiseaux, probablement détruit

Boilly, vers 1806 [0] 

On n’a pas d’indication sur ce portrait de famille, où la même jeune femme est représentée deux fois, accompagnée de cinq enfants.



sb-line

Boilly 1804 Mes petits soldats The Ramsbury Manor Foundation - Photo(c) courtesy the TrusteesLes petits soldats, 1804, The Ramsbury Manor Foundation – Photo(c) courtesy the Trustees Boilly 1809 Les petites coquettes gravure de Jacques-Louis BanceLes petites coquettes, 1809

Exposé au salon de 1804 (l’année du camp de Boulogne), le premier tableau montre trois des fils de Boilly, Julien, Edouard et Alphonse (il aura au total dix enfants de deux mariages, dont cinq survivront). Réalisé cinq ans plus tard, le second ne montre pas ses filles, qui n’ont jamais atteint cet âge.

L‘aîné(e) joue dans les deux cas un rôle paternel (maternel) par rapport au (à la ) plus jeune, rectifiant la position de la tête ou celle du ruban. Et le chien prend part à l’action, avec bâton ou bonnet.


Boilly 1825 ca Le bonnet de la grand mere litho de DelpechLe bonnet de la Grand mère Boilly 1825 ca La perruque du Grand pere litho de DelpechLa perruque du Grand père

Boilly, vers 1825, lithographies de Delpech

Le thème des enfants et du chien en bonnet réapparaîtra bien plus tard dans cette paire de lithographies, qui fait partie de la série des Grimaces (édition Aubert 1837).


sb-line

Boilly-1803-04-La-petite-chapelle-32.4-×-40.3-cm-The-Ramsbury-Manor-Foundation.-Photo-c-courtesy-the-TrusteesLa petite chapelle (La Fête des petits autels) Boilly-1803-04-Peage-urbain-31.7-×-39.8-cm-The-Ramsbury-Manor-Foundation.-Photo-c-courtesy-the-Trustees.jpgPassez-payez (ou L’averse)

Boilly 1803-04 , The Ramsbury Manor Foundation.

Ce pendant existait en peinture, mais le premier a été détruit lors du bombardement du musée de Douai durant la Seconde Guerre Mondiale. Je présente ici les deux aquarelles préparatoires.


La petite chapelle

Durant la Fête des petits autels dans les Flandres, les enfants construisaient de petites chapelles dans la rue et faisaient la quête auprès des passants. Le père donne une pièce en caressant le menton de la mignonne, tandis que la grande soeur incite son petit frère à faire la charité à un couple de vieux mendiants peu ragoûtants.


Passez-payez

Vu l’état des rues après la pluie, un petit métier de Paris consistait à proposer des planches pour passer à sec. A gauche une femme du peuple donne la pièce (ce n’est pas la servante, comme le propose Wikipedia ([1a]), tandis que la famille riche est déjà passée sans se mouiller les pattes (y compris le chien) et que le père fait semblant de ne pas voir le gagne-petit qui demande son dû.


Boilly 1805 ca Passez Payez Louvre

Passez-payez (ou L’averse)
Boilly, vers 1805, Musée du Louvre, Paris

 Dans la peinture, Boilly renforce le message de condamnation morale, avec le geste de la main et le regard sévère du riche, qui refuse clairement de payer.

Il en profite aussi pour en rajouter sur l’anecdote, , en nous montrant trois solutions au problème de voirie :

  • l’ignorer (le patriote en bonnet phrygien et en bottes qui marche tranquillement au milieu),
  • se faire porter par un Savoyard costaud (la vieille femme à droite),
  • passer sur la planche.


La logique du pendant

Certains voient une ambiguïté volontaire dans « Passez-payez » ([1], p 87 et ss) : Boilly critiquerait non pas le riche, mais la mendicité intrusive, tout en valorisant dans La petite chapelle la charité lorsqu’elle est encadrée par l’Eglise.

Autant Boilly pratiquait volontiers l’ambiguïté dans ses oeuvres galantes, autant il était capable de critiques virulentes envers les outrances des riches, comme on l’a vu à l’encontre des Merveilleux. De plus le personnage de la femme du peuple qui paye son péage sert clairement de contre-exemple à l’avarice du riche.

J’en reste donc à un pendant binaire : la Dureté et la Charité.



sb-line

Boilly-1808-The-Card-Sharp-on-the-Boulevard-National-Gallery-of-Arts-Washington1Le tricheur du boulevard, 1806, National Gallery of Arts, Washington BOILLY 1808 SAVOYARDS-MONTRANT-LA-MARMOTTE.-UNE-SCENE-DES-BOULEVARDS.Coll priveeSavoyards montrant la marmotte, 1806, Collection privée

Ces deux tableautins (24 X 33 cm) ont été présentés au Salon de 1808, puis à celui de 1814, où ils ont été acquis par le Duc de Berry. Véritable prouesse technique, ils peuplent cette petite surface d’une scène de rue à multiples personnages.

Dans Le tricheur, la foule au fond fait la queue devant une pâtisserie à la mode. Au premier plan, deux groupes se distinguent :

  • à droite, le tricheur est en train de faire entrer dans son jeu une élégante ;
  • à gauche, un couple composé d’un homme âgé (inspiré d’un portrait d’Oberkampf) et d’une jeune femme passe dignement à distance.

Boilly 1808 4

Comme souvent, chez Boilly, des thèmes secondaires viennent déjouer la moralité apparente : à la droite du digne vieillard, un gamin est visiblement en train de lui faire les poches ; à sa gauche, un chien renifle l’arrière-train d’un autre, sous-entendant un rapport à la fois intéressé et animal entre la belle et le bourgeois.




Boilly 1808 The Card Sharp on the Boulevard National Gallery of Arts, Washington detail
Une petite fille, qui se retourne pour observer les canidés, crée un lien entre le groupe du tricheur visible, et celui des deux tricheurs cachés : le pickpocket et la prostituée.

Dans l’autre pendant, la composition s’organise autour d’un seul groupe central, dans lequel la marmotte remplace le jeu de cartes comme point d’intérêt principal. On retrouve certains personnages : la fillette en robe longue, les deux élégantes, le musicien avec un bicorne à plumet à l’emplacement du tricheur. Le mendiant avec son bâton et son chapeau s’est transformé en un colporteur qui s’éloigne vers le droite.

Mis à part ces quelques correspondances et le fait qu’ils représentent tous deux,  devant le mur d’un jardin,  une scène de la rue parisienne, les deux pendants fonctionnent essentiellement en solitaires.


Le peintre de genre Ancien Régime – avec ses types de personnages limités, impliqués dans des interactions raffinées et complexes, s’est transformé maintenant en un peintre reconnu du spectacle des rues, dans lequel d’innombrables personnages cohabitent avec simplicité. « Conteur réjoui de la réalité », Boilly travaillait à la loupe chaque détail : les spectateurs appréciaient son rendu réaliste des matières et la variété des expressions, facilement reconnaissables.

Exploitant un autre veine flamande que la « peinture , b nde », celle des scènes populaires, Boilly va désormais transporter en intérieur son habileté de metteur en scène.


La fête de la grand-mère (localisation inconnue) Boilly 1818 La fete du grand pere Galleria Nazionale d'Arte Antica RomaLa fête du grand-père, Galleria Nazionale d’Arte Antica, Roma

Boilly, 1818

Le fête du grand-père fédère tous les âges, avec tendresse et sans ironie : tout le monde trinque, même les enfants avec l’eau de leur gobelet en étain.


Boilly 1826 ca la premiere dent coll priveeLa première dent Boilly 1826 ca la derniere dent coll priveeLa dernière dent

Boilly, vers 1826

C’est ici un événement trivial qui rassemble la famille, dans un cadrage serré où chaque tableau  devient une véritable étude d’expressions
2] :

  • attendrissement et inquiétude chez la nourrice qui touche du doigt et la mère qui la retient ;
  • surprise et mélancolie côté grands-parents, tandis qu’un nourrisson endormi est encore bien loin de ces problèmes.



sb-line

Boilly 1824 Mon pied de boeuf Palais des Beaux Arts LilleMon pied de boeuf, Palais des Beaux Arts, Lille Boilly 1824 La main chaude Musee de ChateaurouxLa main chaude, musée de Chateauroux

Boilly, 1824

Ce pendant est consacré à deux jeux familiaux qui ne demandent d’autre accessoire que les mains :

  • dans l’un on les dépile soudainement et le moins rapide se fait prendre ;
  • dans l’autre on frappe celle de la victime, qui doit deviner le coupable parmi tous ces bras tendus.

Le premier jeu rassemble toute la maisonnée, sauf les plus jeunes (la fillette au chien, le bébé dans les bras), les plus vieux (le vieux qui fume près de l’âtre) et les plus indépendants (le chat qui chipe dans l’assiette).

En revanche le second jeu passionne tout le monde, y compris la grand-mère (trop loin pour frapper dans la main) et la jeune femme dont les bras sont occupés par le bébé.

Exposé lors de la dernière participation de Boilly au Salon, ce pendant attachant, mais dans le style démodé des scènes flamandes à la Teniers, ne trouva pas d’acheteur.



A côté des scènes familiales et de l’intimité de la maison, Boilly déploie la même verve dans la description minutieuse des lieux publics : ceux qui lui conviennent le mieux, car tous les âges conditions sociales et humeurs s’y rencontrent, sont les cabarets.

Boilly 1818-_Les_Hommes_se_disputent coll priveeLes Hommes se disputent Boilly 1818-_Les Femmes se battent coll priveeLes Femmes se battent

Boilly, 1818, collection privée

Dans la pénombre du cabaret, sous l’effet de la boisson, les hommes s’affrontent du regard, mais les femmes s’empoignent férocement.


Boilly 1818-_Les Femmes Les hommes se battent schema

Mis à part la partie gauche perturbée par le combat, le reste de la composition s’ordonne rigoureusement. On trouve ainsi, de droite à gauche :

  • un couple de portefaix attablés, formant repoussoir (en rose) ;
  • un(e) combattant(e) retenu(e) par sa moitié (en bleu) ;
  • des figures d’interposition : le cabaretier avec sa toque et l’enfant (en blanc) ;
  • un résumé à quatre pattes : le chien que le simulacre n’inquiète pas, mais que le vrai combat terrorise (en jaune).



sb-line

Boilly 1792 Cafe de la Regence
Au café de la Régence
Boilly, 1792

Boilly aurait observé cette partie d’échec au café de la Régence et elle montrerait les deux meilleurs joueurs de l’époque : Philidor le joueur de gauche et Legall le vieil homme en manteau vert debout sur la droite [3].


BOILLY 1810 Le jeu des echecsLe jeu d’échec Boilly 1810 Le jeu de cartesLe jeu de cartes

Boilly, 1810-20, lithographies de Lemercier [4]

Vers 1810, Bailly la déclina en une série de quatre jeux de société. Ces deux scènes comptent chacune douze personnages.


Boilly 1810 Le jeu de dames Le jeu de dominos lithos de Lemercier

Le jeu de dames Le jeu de dominos
Boilly, 1810-20, lithographies de Lemercier

Les deux autres, à treize personnages cette fois, apparient elles-aussi un jeu à deux et un jeu à quatre.


Boilly 1845 La partie de damesLe jeu de dames Boilly 1845 La partie de cartesLe jeu de cartes

Boilly, 1845

L’année de sa mort, Boilly reviendra une dernière fois sur cette opposition, dans ces deux magnifiques lavis.


sb-line

Boilly 1828a Le jeu de billardLe jeu de billard Boilly 1828a Le jeu de l'ecarteLe jeu de l’écarté (gallica)

Boilly, 1828, lithographies de Villain

Après les jeux d’hommes, Boilly illustre ici deux jeux où s’affrontent un homme et une femme C’est l’occasion d’une comparaison d’éclairage (lumière zénithale brutale contre lueurs des bougies, du feu et de la salle de bal) ; mais aussi de deux lieux contrastés :

  • une salle de jeux ouverte à tous les âges, aux bourgeois comme aux serviteurs (vour les nourrices sur le banc du premier plan) ;
  • un hôtel particulier où l’on vient en habit et en couple, pour s’ennuyer à danser avec des vieux messieurs, et où le jeu de cartes constitue une distraction intéressante.



Boilly 1828a Le jeu de billard detail
On notera l’enfilade centrale, délimitée au fond par la carte de géographie, où s’étagent les trois âges du couple.


Un antécédent célèbre

Boilly 1808 Le jeu de billard Ermitage
Le jeu de billard
Boilly, Salon de 1808, Ermitage, Saint Peterbourg

La lithographie reprend, dans le goût Restauration un des tableaux de Boilly qui avait fait sa célébrité sous l’Empire, du temps de la sensualité moulante des longues robes à la grecque.



Boilly 1808 Le jeu de billard Ermitage centre
Dans le triangle central, les deux groupes du premier plan (le petit chien posant ses pattes sur le grand, le petit garçon enserrant dans un même cerceau une petit fille et son chien) font un écho charmant à l’enfant qui enlace son père entre ses bras.


Boilly 1808 La partie de billard dessin preparatoire
Le jeu de billard (dessin préparatoire)
Boilly, 1808, collection privée

Par rapport au dessin préparatoire, avec son splendide effet de lumière oblique, on note la suppression d’éléments parasites (le lustre éteint et la fresque du fond – un loup attaqué par des chiens) ; et l’ajout de deux détails : un troisième chien sous la table et un chariot-jouet au premier-plan, qui attire l’oeil sur la femme en train de viser.

Boilly 1808 La partie de billard dessin preparatoire detail

Boilly 1808 Le jeu de billard Ermitage detail

Vue de profil dans le dessin préparatoire, elle est maintenant penchée vers la table, ce qui la fait paraître plus petite tout en mettant en valeur ses appas : de mère indiscutable, elle est devenue grande fille. Si l’on ajoute la substitution du fils qui enlaçait son père par une petite soeur, on constate que ces discrètes modifications vont toutes dans le même sens : remplacer la symétrie familiale de la scène centrale (un couple montre à ses enfants comment on joue au billard) par une scène plus sensuelle et beaucoup plus équivoque : un homme puissant entouré de jeunes filles, toutes séduisantes et élégantes. Pour desserrer l’étreinte devenue trop ambigüe, Boilly a néanmoins déplacé la canne de la main droite à la main gauche de l’homme, sans illogisme puisqu’il attend son tour pour jouer.

Au final, les deux pseudo-couples du premier plan apparaissent moins charmants que troublants   :

  • désir canin (accentué par le regard du troisième chien sous la table) ;
  • désir enfantin (le garçon a laissé tomber son chariot pour prendre la petite fille avec son propre cerceau).

Cette toile magistrale nous laisse dans l’expectative : salon privé ou lieu public ? vertu publique ou vice privé ? libération de la femme (jouant au billard comme les hommes) et libération de son corps ? Sous-entendus sexuels propres à ce jeu ?


Boilly 1808 Le jeu de billard Ermitage femme Boilly 1828a Le jeu de billard femme

Il est en tout cas flagrant que le pendant de 1829 normalise le sujet, éradiquant consciencieusement toute lecture déviante.


sb-line

Boilly 1828 Le jeu de tonneauLe jeu du tonneau Boilly 1828 L'interieur d'un cabaretL’intérieur d’un cabaret

Boilly, 1828, lithographies de Villain

C’est sans doute par association d’idée que Boilly a situé son « jeu de tonneau » à l’entrée d’un cabaret, pour un classique pendant Extérieur / Intérieur.



Boilly 1828 Le jeu de tonneau detail

Son talent pour la narration de la comédie humaine se lit dans la direction des regards : tous se concentrent sur le palet qui va être lancé (même le chien), sauf les buveurs et les amoureux à l’arrière-plan, qui ont d’autres préoccupations.



Boilly 1828 L'interieur d'un cabaret detail

Dans le second tableau au contraire, les regards vont de tous côtés, et une scène secondaire, sous la table, occupe les enfants et le chien : un petit savoyard joue de la vielle en faisant danser des marionnettes avec son pied.



Sujets sociaux

boilly 1804 premiere scene-de-voleurs coll priveePremière scène de voleurs boilly 1804 seconde scene-de-voleurs (les voleurs arretes)Seconde scène de voleurs (l’arrestation)

D’après les toiles de Boilly exposés au Salon de 1804, collection privée

Pour une fois, Boilly nous montre une histoire en deux temps ; mais, privilégiant le graphisme au réalisme, il inverse les décors :

  • les trois voleurs dévalisent une pauvre femme et à son fils endormis ; une voisine terrorisée observe la scène par le vasistas mais heureusement des secours se profilent dans l’escalier ;
  • une petite fille (sans doute est-ce elle qui a donné l’alarme) se jette dans les bras de sa mère (qui se réveille avec terreur) et de son frère (que tout ce vacarme n’a pas dérangé) tandis que les trois malandrins sont désarmés (pistolet, sabre) et mis à mal par les sauveteurs et le chien. Le rideau du vasistas est retombé.

Malgré leur côté théâtral et forcé, ces pendants, qui eurent un grand succès, reflètent les inquiétudes des contemporains quant à l’insécurité.


sb-line

boilly 1825-30 premiere scene_de_voleursPremière scène de voleurs boilly 1825-30 scenes_de_voleursSeconde scène de voleurs (l’arrestation)

Boilly 1825-30, collection privée, 23,8 x 32,4 cm6]

Boilly reprendra la même séquence une vingtaine d’années plus tard, cette fois sans inverser les décors, avec des costumes remis au goût du jour et quelques modifications significatives :

  • dans la première scène, les sauveteurs arrivent désormais de partout (de tous les étages et par le vasitas) et les voleurs sont pauvres (habits rapiécés) et faiblement armés (un seul pistolet pour trois) ;
  • dans la seconde, maintenant que tout danger est écarté, des voisines se pressent dans l’escalier et dans le vasistas ; le personnage émouvant de la petite fille a disparu ; et le troisième voleur tente de sauver sa peau en se réfugiant sous le canapé.

La caricature évolue ici dans le sens d’une double charge :

  • contre les voleurs, dont les trognes reflètent plus la bêtise que la cruauté ;
  • mais surtout contre les bourgeois, toujours prêt à rappliquer en surnombre quand leurs intérêts sont menacés.


boilly 1804 avant la scene-de-voleurs coll privee
Les voleurs dans le jardin Collection privée

Boilly a également peint cette scène préliminaire de la même taille, expliquant comment les voleurs se sont introduits dans la pièce et comment les voisins ont été prévenus : ce qui explique incidemment pourquoi le personnage de la petite fille n’était plus nécessaire.



sb-line

Boilly 1830 Une Loge Musee Lambinet VersaillesSpectacle gratis (Une loge) Boilly 1830 L'effet_du_melodrame Musee Lambinet VersaillesL’effet du mélodrame

Boilly, 1830, Musée Lambinet, Versailles

Comme le remarque avec finesse Susan L. Siegfried ([1], p 163), Boilly invente un théâtre fictif où le peuple et les bourgeois seraient dans des loges adjacentes (et non au poulailler et au balcon). Ce qui lui permet de caricaturer simultanément les deux classes :

  • une bourgeoise réclame des sels, dans une pose plus mélodramatique que le spectacle en cours ;
  • le populaire se tourne vers ce « spectacle gratis » (avec toutes les expressions de la curiosité à la jalousie)au lieu lui-aussi de s’intéresser à ce qui se passe sur scène.

Le spectateur qui observe les deux pendants se trouve du même coup inclus dans ce théâtre, et placé dans la situation inconfortable de l’acteur dont tous les regards se détournent.



Suite et fin dans 3 Les pendants de Boilly : humour et caricature

Références :
[0] Etienne Bréton, Pascal Zuber, « LOUIS–LÉOPOLD BOILLY (1761–1845) », éditions Arthena 2019
[1] Susan L. Siegfried, « The Art of Louis-Leopold Boilly – Modern Life in Napoleonic France »
[4] Le Palamède: revue mensuelle des échecs et autres jeux, Cercle des échecs, 1845, p 402 https://books.google.fr/books?id=5f0lMil7n0wC&pg=PA402

3 Les pendants de Boilly : humour et caricature

11 décembre 2019

En avançant dans sa carrière, Boilly se consacrera de plus en plus à des paires ou à des séries déclinant un même thème, souvent de manière humoristique ou caricaturale.


Boilly 1818 Le liberal grav Hulot CarolineLe Libéral (Jean qui rit) Boilly 1818 L'Ultra a mi-corps, pleure sa defaite aux elections d'octobre 1818 et le triomphe du parti liberal grav Hulot Caroline GallicaL’Ultra (Jean qui pleure)

Boilly, 1818 , gravure de Caroline Hulot

Ces deux études d’expression reprennent une classique opposition souvent traitée au XVIIème siècle dans les figures d’Epicure – le Philosophe qui rit – et de Démocrite – le Philosophe qui pleure (voir Pendants solo : homme homme). Le pendant transpose ces types dans le domaine politique : le Libéral, un jeune homme rieur inspiré d’un autoportrait de Boilly, se moque du vieux royaliste chauve, qui a perdu les élections d’octobre 1818 .


sb-line

Les Grimaces

Cette série, constituée de 93 lithographies éditées entre 1823 et 1828, connut un succès constant et apporta à l’artiste de quoi vivre à la fin de sa vie. Elle comporte quelques pendants, qui se passent de commentaires :

Boilly 1823 Consultation des medecins 1760 Les grimacesConsultation des médecins, 1723 Boilly 1823 Consultation des medecins 1723 Les grimacesConsultation des médecins, 1823

Boilly, 1823, Les Grimaces

Boilly 1824 La punition Musee National de l'Education Les grimacesLa punition VLa récompense

Boilly, 1824, Les Grimaces, Musée National de l’Education

Boilly 1824 Les petits ramoneurs Les grimacesLes petits ramoneurs Boilly 1824 Les savoyardes Les grimacesLes Savoyardes

Boilly, 1824, Les Grimaces

Boilly 1824 Les Oreilles percees Les grimacesLes Oreilles percées Boilly 1824 Les Papillottes Les grimacesLes Papillottes

Boilly, 1824, Les Grimaces

Boilly 1825 Les cornes Les grimacesLes cornes
Boilly 1825 La Frayeur Les grimacesLa frayeur 

Boilly, 1825, Les Grimaces

Boilly 1825 Les mangeurs d'huitres Les grimacesLes mangeurs d’huîtres Boilly 1825 Les mangeurs de glace Les grimacesLes mangeurs de glace

Boilly, 1825, Les Grimaces

Un hors d’oeuvre et un dessert qui se servent dans des récipients.

Boilly 1825 Les mangeurs de raisins Les grimacesLes mangeurs de raisins, 1825 Boilly 1826 Les mangeurs de noix Les grimacesLes mangeurs de noix, 1826

Boilly, Les Grimaces

Un fruit tendre et un fruit coriace.

Boilly 1826 Rejouissances publiques Depart pour et retour de la distribution Les grimaces

Réjouissances publiques : Départ pour et retour de la distribution
Boilly, 1826, Les Grimaces

Boilly 1825 ca La rosiere Les grimacesLa rosière Boilly 1825 ca La mariee Les grimacesLa mariée

Boilly, non daté, Les Grimaces



sb-line

Additions aux Grimaces (édition Aubert 1837)

VLa mauvaise nouvelle Boilly 1824 La Bonne Nouvelle Les grimaces AubertLa bonne nouvelle

Boilly, 1824

Boilly 1825 Le depart (du conscrit) Les grimaces AubertLe départ du conscrit Boilly 1825 Le retour (du conscrit) Les grimaces AubertLe retour du conscrit

Boilly, 1825

Sur le même thème, voir Départ et retour.



sb-line

Boilly 1825 ca Le second moisLe second mois Boilly 1825 ca Le neuvieme moisLe neuvième mois

Boilly, non daté, Les Grimaces

Fidèle à sa répugnance pour les histoires en deux temps, Boilly prend soin de nous montrer deux couples différents :

  • au second mois un mari brun fait respirer des sels à son épouse blonde en robe décolletée ;
  • au neuvième mois, un mari blond pose sa main sur le ventre rebondi de son épouse brune, emmitouflée.


Boilly 1807 La tendresse conjugale dessin coll priv1807, dessin Boilly 1807 ca La tendresse conjugale coll priv1807-10, huile sur bois

La tendresse conjugale, Boilly,  collection privée

L’origine du thème est probablement ce dessin daté de 1807, qui montre le couple (et son chien) à la fin de la layette : l’épouse était en train de coudre la layette et l’époux attentionné en train de lui faire la lecture quand soudain le bébé a tressauté, attirant l’attention de tous.

Le tableau inverse les couleurs des chevelures, et montre l’épouse cette fois en robe décolletée.


Boilly 1790 ca A1 Le premier mois risdmuseum Rhode islandLe premier mois Boilly 1790 ca A1 Le neuvieme mois risdmuseum Rhode islandLe neuvième mois

Boilly, vers 1790 ?, Risd museum, Rhode island

Il existe un pendant peint avec le même sujet, que le site du musée date de 1790 (période où Boilly était surtout occupé à des sujets galants) : ce qui impliquerait qu’il aurait repris en caricature, 35 ans après, un pendant invendu traité sur le mode élégant : le flacon de sel est presque invisible et la femme du neuvième mois porte la même robe qu’au second.
Il serait plus logique que ce pendant, sorte de synthèse du dessin et du tableau, ait été réalisé après 1807.


sb-line

Boilly 1829 Diane et Medor Musee CarnavaletDiane et Médor Boilly 1829 Flore au Tombeau Musee CarnavaletFlore au Tombeau

Boilly, 1829, Musée Carnavalet

Dans ce pendant improbable, Boilly s’essaie, en version canine, à un pastiche des pendants mythologiques du siècle précédent.Mais c’est surtout une caricature de deux oeuvres de confrères sérieux :

Louis Hersent 1822 Ruth et Booz coll privRuth et Booz , Louis Hersent, 1822, collection privée Atala_au_tombeau,1808,Girodet_de_Roussy_-Trioson,_LouvreAtala au tombeau, Girodet de Roussy-Trioson, 1808, Louvre


Pendants non retrouvés

Les numéros sont ceux du catalogue de Harrisse [1] :

  • Levrette habillée à la grecque (367), Barbet en costume élégant (93) : vers 1797 (Satire des Incroyables)
  • Le Rendez-vous (472), La promenade (461)
  • La Toilette, La toilette (après N° 538, p 133)
  • Parc de Versailles (551), Le bassin des Suisses à Versailles (552)
  • La Porte Saint Denis (568), La Porte Saint Martin (569)
  • L’amitié filiale (865), Le sommeil de l’innocence (866)
  • La couturière (906), La modiste (1096)
  • La solitude (1160), L’innocence ?



Références :
[1] Henry Harrisse « L. L. Boilly, peintre, dessinateur, et lithographe; sa vie et son œuvre, 1761-1845; étude suivie d’une description de treize cent soixante tableaux, portraits, dessins et lithographies de cet artiste » https://archive.org/details/gri_33125003381288/page/n165