Les pendants de Boucher : pastorales
On trouve parmi les nombreux pendants pastoraux de Boucher tous les appariements possibles : quelques rares femmes seules, mais surtout des couples, des trios, et des groupes plus importants de campagnards idéalisés.
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Pastorales : pendants femme-femme
La bergère à la cage vide | La bergère au panier de fleurs |
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Boucher, 1767, collection particulière
Autant les paires féminines sont fréquentes dans les pendants mythologiques de Boucher, autant elles sont rares parmi ses tableaux pastoraux : sans doute parce que les figures habillées se prêtent moins que les figures nues aux oppositions de posture qui l’intéressent
Ici, de manière banale, le panier rempli de fleurs fait écho à la cage qui attend les trois oiseaux devant lesquels le chien est tombé en arrêt.
Le messager discret | Vénus et les amours |
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Boucher, 1767, collection particulière
Dans cet autre essai la même année, Boucher mixe de manière exceptionnelle ses deux genres de prédilection : pastoral et mythologique.
Le second tableau rend visible la rêverie de liseuse, tout ce qui se cache derrière la lettre et le bas-relief aux trois amours : un monde où la nudité règne, où les pigeons et les colibris se bécotent, où les amours montent à l’assaut avec flèche et brandon. Le panier de fleurs identique fait jonction entre les deux tableaux, comme si la déesse s’était penchée hors du second pour le chiper dans le premier.
Pastorales : pendants de couple
Le vendeur de légumes Boucher, vers 1735, Chrysler Museum of Art, Norfolk |
Paysan pêchant Boucher, vers 1735, The Frick Museum,Pittsburg |
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Ces deux scènes campagnardes, en compagnie de deux plus petites, composaient une luxueuse décoration murale dont ni le commanditaire, ni le thème s’il y en avait un, ne nous sont aujourd’hui connus. Il est possible que les deux grands panneaux symbolisent la Terre (les légumes) et l’Eau.
Le pendant se justifie par la position symétrique du couple, à gauche et à droite d’une vallée et au pied d’un arbre en oblique, ainsi que par le thème de l’approvisionnement :
- à gauche le jeune vendeur propose ses carottes à la jeune fille, qui tient déjà un gros chou sur son ventre ;
- à droite une autre jeune fille est descendue depuis la maison à la rivière avec un panier, pour récupérer les poissons à la source.
La rencontre scabreuse des carottes, du choux et de la queue d’une casserole vide est innocentée, à gauche, par la présence de la marchande qui surveille la transaction. A droite, la jeune fille s’intéresse, au choix, à la canne à pêche, au poisson qui va mordre ou à la belle jambe qui taquine l’onde.
Tout en les édulcorant savamment, Boucher multiplie les sous-entendus et laisse la grivoiserie au spectateur.
Pendants avec couple
Avec deux pendants de porte réalisés pour la salle d’audience du Duc de Rohan, Boucher lance véritablement le genre de la pastorale : des jeunes gens de la meilleure société se déguisent en bergers et bergères pour se livrer, en toute bienséance, à des activités irréprochables mais hautement suggestives.
Le pasteur complaisant | Le pasteur galant |
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Boucher, 1736-39, Archives nationales, hôtel de Soubise, Paris
A gauche, le chien est intéressé par l’oiseau du berger, qu’il sort de sa cage pour le montrer à la bergère curieuse (voir La cage à oiseaux : en sortir).
A droite, les deux se sont rapprochés : le berger veut couvrir la bergère d’un collier de fleurs, celle-ci le repousse d’une main tout en posant l’autre sur une canne opportunément apparue. Et c’est cette fois un jeune garçon, caché derrière la volute, qui observe comment les choses évoluent.
La bergère endormie, 1743 | La musette ou La marotte, 1753 |
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Boucher, Mobilier National
Complété à dix ans de distance, ce possible pendant montre la même évolution entre une scène froide (la bergère endormie est admirée à distance par le pâtre) et une scène chaude…
…dans laquelle le berger, vautré sur un rondin, tient à deux mains le tuyau de sa cornemuse, que la bergère décore d’un noeud délicat.
Le joueur de flageolet Boucher, 1746, Localisation inconnue [3] |
Pensent-t-ils au raisin ? Boucher, 1747, Arts Institute, Chicago |
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Dans ces pendants exposés au salon de 1747, il s’agit d’illustrer deux scènes de la pantomime de Charles-Siméon Favart, Les Vendanges de Tempé. [11]
Dans la scène 5, le Jeune Berger joue du flageolet pour Lisette, instrument très apprécié des jeunes filles comme le souligne cette chanson de l’époque :
« Le seul Flageolet de Colin,
Fait nôtre symphonie,
S’il enjouoit soir & matin,
Que je serois ravie » [12]
Dans la scène 6, le Jeune Berger et Lisette se nourrissent de raisin, toujours en compagnie d’un jeune enfant qui ne figure pas dans la pantomime, rajouté à titre décoratif comme les moutons et le chien.
Boucher réalise en 1748 une série de trois tableaux pour un certain Monsieur Perinet, complété en 1750 par un quatrième, connu seulement aujourd’hui par une gravure. Il s’agit de quatre situations mettant en scène un berger et une bergère et dont au moins trois semblent inspirés de la même pantomime ([11], note 73). La chronologie des scènes n’a rien d’évident, nous en proposons une, basée sur le vocabulaire galant très précis dont Boucher s’était fait une spécialité.
Les titres entre parenthèses sont ceux du Salon de 1750.
A gauche, l’émissaire du berger (et non le berger lui-même) va déposer sur la robe de la fille endormie un panier de fleurs, parmi lesquelles un mot d’amour est caché. Acceptée par le chien fidèle, cette intrusion tout en douceur fait honneur au messager, qui montre de la main droite le panier intact et de sa main gauche un rondin prometteur. [13]
A droite, les deux amoureux sont physiquement rapprochés, appuyées contre deux troncs en V à l’image de leur union. Les métaphores se précisent : la fille apprend à jouer du pipeau tout en effleurant le bâton du berger, lequel taquine, sur le sol, le cercle de la couronne de fleurs. Le panier posé au bord du talus est bien prêt de verser, dilapidant en un instant les fleurs de la virginité.
Le bouc du premier plan regarde le spectateur d’un air entendu.
Quant à la « Fontana de la verita », avec son lion en garde et sa fente horizontale, elle est sans doute une réminiscence de la Bocca della Verita, à Rome, sensée mordre les menteurs qui y introduisent la main. Ou autre.
Le joueur de flageolet
Boucher, 1766, Collection privée
Dans cette reprise tardive, on retrouve toujours les mêmes ingrédients, mais présentés de manière plus directe : le flageolet frôle visuellement la couronne, tandis que la calebasse du berger entreprend le chapeau de la donzelle dont le pied, en se posant sur celui du garçon, concrétise ces métaphores inventives.
Les deux autres tableaux de la série de 1748 sont connus seulement par leurs gravures :
Le berger récompensé (Un Berger accordant sa Musette auprès de sa Bergère) Boucher, 1748, gravure de Gaillard |
Les amans surpris dans les bleds Boucher, 1750, gravure de Gaillard |
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A gauche, la jeune fille récompense par une couronne de fleurs le jeune vacher méritant (le panier est désormais rempli d’oeufs). La cornemuse et la couronne, manipulés pour l’instant par chacun, constituent d’heureux prémisses qui ne demandent qu’à se complémenter à nouveau.
Dans le dernier tableau de la série, le chien joue un tout autre rôle que dans le premier : il vient de débusquer le couple allongé dans les blés, tandis qu’un moissonneur, armé de sa faucille, donne à la pastorale une conclusion amusante et castratrice. [14]
Boucher va produire ensuite plusieurs pendantd sur le thème de la lettre d’amour, dans lesquels le pendant de gauche montre un couple de jeunes files.
La lettre d’amour Boucher, 1750, National Gallery of Art, Washington |
Le sommeil interrompu Boucher, 1750, Metropolitan Museum, New York |
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Le départ du courrier Boucher, 1765, Metropolitan Museum |
L’arrivée du courrier Boucher, 1765, gravure de Jacques Firmin Beauvarlet |
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Au Salon de 1765, Boucher reprendra le même thème du courrier d’amour dans une série de quatre tableaux, dont seul le premier a été conservé :
- Acte I : assis à côté du colombier, le berger indique à la colombe, de manière fort peu réaliste, la direction de la destinataire.
- Acte II : la lettre arrive, très attendue par la jeune fille et le chien
- Acte III : la jeune fille lit la lettre à sa confidente
- Acte IV : les amoureux se rencontrent
L’école de l’amitié | L’école de l’amour |
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Boucher, 1760, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe
Commandés en 1760 par Caroline Luise, margravine de Bade, ces deux pendants, pots-pourris des pastorales de Boucher, donnent une bonne idée des deux tableaux perdus du salon de 1765.
Côté Amitié, la statue de l’Amour fourrage dans son carquois tandis que la jeune fille en robe blanche lit à sa confidente le mot doux qu’elle a reçu : à remarquer, à gauche de la statue, un enfant en chair et en os qui épie les demoiselles.
Côté Amour, les deux statues miment la posture des deux amants. La même jeune fille en robe blanche, alanguie, assiste à la cueillette de la rose – autrement dit de sa propre virginité, tandis que la houlette du berger, posée sur un tissu bouillonnant, dit la chose d’une autre manière.
Pastorale aux jeunes femmes | Pastorale au berger suppliant |
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Boucher, 1760, collection privée
Même thème en format ovale.
Berger et bergère se reposant, Wallace collection. | L’oiseau mal défendu, collection privée |
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Boucher, 1761
Cet autre pendant, qui qui reprend le second tableau du pendant de Karlsruhe, est particulièrement intéressant en ce qu’ il nous livre certains des procédés de fabrication de Boucher.
Berger et bergère
Boucher, 1760, Kunsthalle, Karlsruhe
Au départ, il y a ce couple d’amoureux, où le garçon tend le bras pour cueillir une rose tandis que la fille tient de la main droite un panier et de la gauche une couronne de fleurs bleues. A noter les deux amours en pierre dont les poses font vaguement écho à celles des deux jeunes gens. Et le compagnon à quatre pattes que la jeune fille tient en laisse, image de la fidélité qu’elle attend.
En passant au format ovale, Boucher n’effectue que quelques modifications mineures :
- il décale le chapeau et la houlette au premier plan, ce qui dégage l’emplacement du mouton, substitut docile du chien ;
- il supprime la couronne de fleurs, pour montrer plus clairement la main qui tient la laisse ;
- il remonte celle du garçon, qui se pose audacieusement sur l’épaule ;
- il supprime le fontaine, ce qui ouvre l’arrière-plan vers un colombier lointain.
Tout ceci relève de la recomposition graphique et de l‘amélioration de la lisibilité, et non d’une modification sémantique.
Pour générer le pendant, Boucher commence par une inversion horizontale. Il rapproche les deux amoureux, pour faire se croiser leurs regards. Il déplie ou replie les avant-bras, et remplace le couple d’objets sexués (le chapeau et la houlette) par un couple équivalent (le tambourin et la flûte).
On touche ici l’intérêt, et les limitations, de la formule des pastorales : un vocabulaire visuel et symbolique restreint permet des variations à peu de frais, conduisant quasi mécaniquement à des combinaisons harmonieuses, au détriment de leur profondeur sémantique : nous sommes ici plus proches des procédés de la peinture décorative que des ambitions de la peinture d’histoire.
La cueillette des cerises | L’offrande des raisins |
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Boucher, 1768, Kenwood House, Londres
Encore une variation sur le thème de la distance et du rapprochement : dans le premier tableau, les cerises tombent à distance ; dans le second, la grappe s’échange contre un oeuf, afin de satisfaire un enfant (on comprend qu’il s’agit d’opposer le temps des amourettes et celui des conséquences).
A ce stade de l’art de sous-entendre, les objets se dotent d’une sexualité débridée qui déborde vers le spectateur :
- d’abord, l’arrosoir se détourne de la brouette aux cuisses ouvertes ;
- puis le pot ouvert s’épanche sur le gourdin pastoral.
Pastorales : pendants à trois
Les charmes de la vie champêtre | Le Nid (le Présent du berger) |
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Boucher, 1737, Louvre, Paris
La pastorale s’étoffe par la présence d’une compagne qui vient assister la bergère :
- à gauche, elle tient un mouton en laisse, confirmant l’index négatif de la bergère couverte de fleurs ;
- à droite, il y a deux compagnes : l’une tond un mouton et l’autre observe le nid offert à la bergère émue : le déshabillage du mouton et la nudité des oisillons étant probablement la métaphore de ce qui menace la bergère.
La couronne accordée au berger | Les mangeurs de raisin |
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Boucher, 1749, Wallace Collection
Le trio est constitué ici d’un couple et d’un importun :
- une promeneuse interrompt le concert de cornemuse dans l’intention de décerner sa couronne de fleurs au berger méritant, dont la compagne en titre fait la tête (offrir sa couronne étant ce qui se fait de plus direct en vocabulaire rococo) ;
- un jeune homme qui fait semblant de dormir, tout en jetant un oeil sous son chapeau.
Le pêcheur, Kunsthalle, Hambourg | Amoureux dans un parc, Timken Museum of Art. |
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Boucher, 1758
Ce pendant présumé, beaucoup plus complexe, nécessite de comprendre d’abord la logique interne de chacun des tableaux.
Le pêcheur (SCOOP !)
Une manière d’aborder le problème est d’associer les trois enfants aux trois adultes :
- celui qui pêche dans un baquet rappelle le pêcheur tenant sa canne ;
- celui qui le bouscule semble traduire l’arrière-pensée de la compagne du pêcheur, qui se contente pour l’instant de flatter de l’index la belle prise ;
- celui qui se goinfre de raisin, au milieu du couple allongé, rappelle la porteuse de raisins debout sous le filet du pécheur : elle aussi regarde avec convoitise le poisson, malheureusement déjà en main ; et le pêcheur a déjà une grappe couchée à côté de lui.
Amoureux dans un parc, (SCOOP !)
Le même procédé de correspondance s’applique au second tableau :
- les deux amours sculptés de la fontaine, vautrés l’un sur l’autre, imitent la pose des deux amoureux au dessous d’eux ;
- la porteuse de fleurs, qui arrive sur le chemin, constate que le chapeau accroché à l’arbre est déjà rempli : ses services sont superflus ; avec sa main droite sur son balancier, elle ressemble au chien délaissé, la patte droite sur le bâton.
La logique du pendant (SCOOP !)
Ces deux pastorales donnent à la compagne un rôle bien connu dans les trios : celle qui arrive trop tard.
La surprise | Le goûter |
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Boucher, 1759, collection privée
Le premier tableau parodie le thèmz des « amans surpris dans les bleds » (1750).
Le second tableau donne une conclusion heureuse, valable seulement en version enfantine : l’intrus est réconforté, et le berger en titre se contente de sa flûte.
La pêche |
La chasse |
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Lithographies d’après Boucher, 1766, Les amusements de la jeunesse au village
Les deux filles ici ne sont pas rivales : toutes deux attirées par la canne à pêche ou par l’appelant brandi par le garçon, elles sont à égalité comme proies.
La diseuse de bonne aventure, mobilier national | La pêche, Grand Trianon |
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Boucher, 1767
Ce pendant équivalent confirme le thème : les deux filles naïves sont captivées par plus rusé qu’elles.
Le départ pour la pêche | Les villageaois a la pëche |
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Boucher, 1766, collection particulière
Deux scènes sur la rivière, opposant :
- le château et la chaumière ;
- un trio familial et un trio galant ;
- le labeur et le plaisir.
Le goûter champêtre | Pêcheur accompagné d’une femme |
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Boucher, 1769, Walters Art Museum Baltimore
Deux autres scènes de rivière sur une thématique voisine : les devoirs maternels et la pêche amoureuse.
Pastorales : pendants de groupe
La Halte à la fontaine | La Ferme (la Fermière courtisée) |
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Boucher, vers 1735, Alte Pinakothek Munich
En allant au marché vendre les produits de la ferme (le coq et l’agneau suspendus à l’âne), le père de famille donne à boire à sa femme et à son jeune fils.
Revenus à la ferme, le père et le fils se reposent dans le foin, tandis que la mère prépare la bouillie. Un jeune homme lutine une jeune fille, illustrant la simplicité de la vie dans cette campagne idyllique.
La halte à La Source |
Une Marche de Bohémiens ou Caravane dans le goût de B. di Castiglione (Return from Market) |
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Boucher, 1765, Museum of Fine Arts, Boston
La profusion des personnages et des objets rend difficilement lisible la structure en pendant.
Dans le premier tableau, la composition en V sépare une version profane du Repos pendant le fuite en Egypte, et une amourette entre un berger et une bergère.
Dans le second, la composition pyramidale, en V inversé, abrite une caravane d’hommes et de troupeaux qui s’écoule de droite à gauche. Au premier plan, un berger s’est précipité avec son bâton et son chien pour barrer le chemin à un âne qui s’est écarté du chemin.
Le plaisir de l’accumulation submerge ici la logique du pendant, qui voudrait opposer une scène statique et une scène dynamique mais ne réussit qu’à ajouter un grouillement à un autre.
A deux siècles d’écart, la surenchère visuelle et l’artificialité volontaire de Boucher préludent à la boulimie fellinienne.
Le bonheur au village ou les lavandières | La halte ou la fête du berger |
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Boucher, 1768, MET, New York
Ce pendant tardif de Boucher décorait le Salon de réception du Duc de Richelieu, où il cohabitait avec un pendant de sa période italienne, Le vendeur de légume et Le paysan pêchant de 1733 (voir plus haut) : c’est sans doute le thème de l’Eau qui justifiait la série (Le Marchand de Légumes montre une halte près d’un puits).
- Dans le premier tableau, trois lavandières, trois enfants, deux chiens et un âne se répartissent autour d’un ruisseau ;
- Dans le second, trois bergères, accompagnées de deux enfants, de deux chiens et de bétail, se regroupent près d’une fontaine, pour offrir des fleurs à un berger qui leur joue de la flûte.
A la fin de sa carrière, Boucher traite avec une grande liberté ces deux scènes campagnardes n’ayant apparemment pas grand rapport entre elles, sinon de montrer deux aspects des charmes de la campagne : le travail au grand air entre femmes, et les plaisirs de la galanterie pastorale.
En fait, les deux pendants sont plus rigoureusement équilibrés qu’il ne semble à première vue : le centre des attentions des trois femmes se décale de l’eau au pâtre au manteau rouge, qui occupe la même place que l’enfant à la robe rouge : comme si Boucher voulait nous signifier que le sentiment amoureux n’est, pour les bergères, qu’une variante affaiblie de l’amour maternel : tout comme la fontaine presque à sec est une variante affaiblie du ruisseau.
Le même Duc de Richelieu possédait, dans son petit Salon, deux autres pendants de Boucher eux aussi sur le thème de l’Eau :
La halte a la fontaine, 1731 | L’heureux pêcheur, 1769 |
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Boucher, collection particulière
Pour compléter le tableau, réalisé trente huit plus tôt, d’un couple flirtant dans la nature , Boucher choisit le thème de la famille au travail devant un moulin.
Le retour du marché | Le bonheur au village |
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Boucher, 1769, collection particulière
L’autre pendant réalisé pour cette même pièce ne montre que des paysannes, des enfants et des bêtes. Le pont de bois, sur lequel avance la paysanne avec son âne, se recolle visuellement avec l’architecture à arcades, derrière la femme qui avance sur le sentier :
noue retrouverons dans les pendants paysagers le même procédé d’une continuité approximative, qui ouvre une circulation virtuelle entre les deux tableaux.
Voir la suite dans Les pendants de Boucher : paysages et autres
http://www.ngv.vic.gov.au/explore/collection/work/3803/
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