3a Dieu sur le Globe : Byzance et les Iles
Après la fin de l’art paléochrétien en Occident, les images divines survivent dans l’art byzantin d’avant l’iconoclasme, puis dans l’art insulaire. Les témoignages de ces hautes époques sont rares, les images comportant un globe le sont encore plus.
Article précédent : 2 Dieu sur le Globe : époque paléochrétienne
Dans l’Ancien Testament, les deux Visions d’Ezéchiel (Ez 1:1-14 et Ez 10:1-22) apportent les éléments suivants :
- quatre Vivants (ou chérubins), chacun avec quatre ailes et quatre faces (Homme, Lion, Taureau et Aigle) ;
- Dieu est sur un Char doté de quatre roues, sortes de tourbillons « pouvant se déplacer dans les quatre directions sans avoir besoin de pivoter » (à ne pas confondre avec le char de feu d »Elie (2 Rois, 2:11) [1]
Le Tétramorphe
Evangéliaire de Trèves, 700-50, Cathédrale de Trèves, Ms 61 /134, folio 5 v
Les représentations des Vivants fusionnés sont rares et peu esthétiques : ici l’Homme porte une sorte de tablier fait des arrières-trains des trois Animaux.
Dans l’Apocalypse (4, 7-8), Jean l’Evangéliste renouvelle la vision d’Ezechiel en la rendant heureusement plus aisée à représenter :
- chaque vivant a un visage unique et six ailes ;
- pas de char ni de roue de feu : Dieu est assis sur un trône.
Initiale de ‘Et factum est’, Bible de Lobbes, Tournai, 1084, Codex Biblia Sacra, fol 229
L’artiste a profité de la barre horizontale pour représenter en haut les Vivants sous forme fusionnée, à côté d’Ezechiel, et en bas sous forme séparée, prouvant ainsi leur équivalence.
Mosaïque du Jugement dernier, XIIème, Torcello (détail)
Les textes sont souvent mélangées : dans cette figuration byzantine du Christ en gloire exhibant ses plaies au jour du Jugement dernier :
- le double arc-en-ciel dans la mandorle vient d’Apocalypse 2,3 : « ce trône était entouré d’un arc-en-ciel »
- les chérubins fusionnés sont bien ceux d’Ezéchiel,
- le fleuve de feu entre les roues est une référence à Daniel :
« Son trône était comme des flammes de feu, et les roues comme un feu ardent. Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et dix mille millions se tenaient en sa présence. » Daniel 7,10
1) Byzance
L’image dominante : Le Christ Pantocrator
Fresque du Pantocrator
7ème au 9ème siècle, Maaarası, Latmos près Hérakleion
Cette Majestas Dei, une des plus ancienne connues et des plus complètes, contient toutes les caractéristiques byzantines :
- auréole à chrisme ;
- trône impérial orné de joyaux ;
- mandorle en forme de lentille ;
- geste de bénédiction oriental.
Les pieds posés sur le globe terrestre, les deux anges qui portent la mandorle, et les médaillons du Soleil et de la Lune sont des caractéristiques plus rares, qui ne seront reprises en Occident que bien plus tard.
Le livre ouvert que le Seigneur tient dans sa main gauche porte les premiers mots de l’Evangile de Jean : « Au commencement était le Verbe ». L’inscription dans les livres des quatre Animaux ainsi que celle sur le bord de la mandorle reprennent la prière du Trisagion (le triple Sanctus d’Isaïe 6,3).
Mosaïque de l’impératice Zoé, XIème siècle, Sainte Sophie, Istambul
La figure dite du Pantocrator est clairement christique (comme le montrent les lettres IesuS ChristuS). La signification du Livre fermé est discutée :
- l’Evangile, loi divine qui s’impose aux puissances terrestres, l’Empereur et l’Impératrice. ;
- le Livre de Vie auquel fait allusion l’Apocalypse : avoir son nom inscrit dans ce registre signifie qu’on est juste devant Dieu et qu’on va hériter la vie éternelle ; avoir son nom effacé de ce livre, c’est subir une mort définitive au moment du Jugement Dernier (Apocalypse 3:5 et 20:15).
Ici, la croix marquée sur le livre, l’opposition avec le rouleau que tient Zoé (qui matérialise sa donation) et l’absence de références apocalyptiques justifient l’interprétation juridique : le Livre représente l’Evangile, et par extension la Loi divine.
Christ Pantocrator, 1148, Cathédrale de Cefalù
En emplissant tout l’espace de l’abside, le Christ Pantocrator, même en demi-figure, n’a pas besoin d’autre symbole de sa Puissance qui lui-même.
Une image plus rare : l’Ancien des Jours
Initiale theta, Lectionnaire, cod. 587, fol. 3v, 11ème siècle, Dionysiou Monastery, Mount Athos
L’iconographie proto-trinitaire, beaucoup plus rare, représente la nature polymorphe du Christ en combinant trois figures :
- l’Emmanuel – le Christ incarné, enfant né de la Vierge Marie ;
- le Christ Pantocrator – le Christ en juge suprême ou en Roi des Cieux (ici évoqué par le trône et le Chrisme) ;
- l’Ancien des Jours – le Christ en tant qu’identique à Dieu le Père
L’Ancien des Jours et le Christ Pantokrator, Evangéliaire, Constantinople, 11ème siècle, BnF, Parisinus Graecus 64, fol. 158v.
La source est la Vision de Daniel, où d’abord apparaît l’Ancien des Jours suivi par le Fils de l’Homme :
« Je regardais, jusqu’au moment où des trônes furent placés, et où un vieillard s’assit. Son vêtement était blanc comme de la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure…. Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur tes nuées vint comme un Fils d’homme; il s’avança jusqu’au vieillard, et on le lit approcher devant lui ». Daniel 7:9-13
Christ Ancien des Jours, 7ème siècle, Monastère Ste Catherine, Mont Sinaï
Cette très ancienne icône met déjà en place tous les éléments des Majestas Dei telles qu’elles se développeront trois siècles plus tard en Occident à l’époque romane :
- le nimbe crucifère, attribut du Pantocrator ;
- la mandorle emplie d’étoiles portée par quatre anges (on n’est pas sûr ici qu’il s’agisse du Tétramorphe) ;
- l’arc-en-ciel comme trône ;
- le globe comme escabeau.
Ici en outre, l’inscription EMMANUEL rajoute la troisième facette de l’image proto-trinitaire.
Cette iconographie du Christ à la barbe et à la chevelure blanche restera cantonnée à l’Orient.
Un prototype unique de la Majestas Domini
480-500, église de Latomos (aujourd’hui Hosios David), Monastere de Latomos, Thessalonique
Cette extraordinaire mosaïque, une des rarissimes conservées en Orient et datant d’avant l’iconoclasme, n’a été redécouverte qu’en 1921.
Ezéchiel | Habacuc |
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Deux des prophètes ayant raconté une vision de Dieu, Ezéchiel et Habacuc, sont présents de part et d’autre. Ils ont été identifiés grâce à cette icône, copie de la mosaïque très tôt reconnue comme étant miraculeuse :
Icône Poganowo (verso) Le miracle du Christ à Latom (ou la vision du prophète Ezéchiel) 1395, Galerie Nationale d’Art, Sofia
L’iconographie, absolument unique, n’illustre pas une vision précise, mais combine différentes sources [2] :
- le texte inscrit sur le rouleau est une adaptation d’Isaie 25, 9-11 : « Voici notre Dieu, en qui nous espérons, réjouissons-nous de notre Salut, car il amènera le repos dans notre maison.”
- d’Isaie provient également l’image du globe terrestre « escabeau sous ses pieds » (Isaie 66,1) ;
- l’arc en ciel comme siège ne provient d’aucun texte connu, mais se rapproche également d’Isaïe :
« Comme l’aspect de l’arc qui est dans la nuée en un jour de pluie, tel était l’aspect de l’éclat tout autour de lui ». Isaïe 1,28 - le Tétramorphe avec les livres de Evangélistes ne vient pas d’Ezéchiel (vivants fusionnés) mais de l’Apocalypse (vivants séparés).
- le Jourdain (personnifié par le personnage effrayé par le lion dans le lit du fleuve) et les quatre sources du Paradis suivent l’iconographie rencontrée à Rome notamment dans les « traditio legis » (voir 2 Dieu sur le Globe : époque paléochrétienne).
Mais la particularité unique de cette mosaïque est le halo qui entoure le Christ comme une lentille sphérique, laissant transparaître les ailes des animaux. On peut y voir là encore l’influence d’Ezéchiel :
« Au-dessus des têtes des êtres vivants, était la ressemblance d’un firmament, pareil à un cristal éblouissant; il était étendu au-dessus de leurs têtes. » Ezéchiel 1,22
Cet exemple vénérable et unique montre que, dès l’origine, la représentation de la vision de Dieu s’accommodait d’une combinaison de textes.
Cinq siècles plus tard, l’art roman va sélectionner avec parcimonie dans ces mêmes sources textuelles, pour aboutir, en quelques décennies, à une iconographie stable et normalisée de la Majestas Domini (voir 4 Dieu sur le Globe : âge roman et après).
Mais restons-en pour l’instant à la longue période intermédiaire de ruptures, d’oublis, et de reviviscences partielles.
2 La survivance insulaire
Alors que sur le Continent l’enluminure mérovingienne est en quasi-totalité ornementale, les très rares formes figurées de Dieu trônant se perpétuent uniquement en Irlande ou en Northumbrie.
Le Codex Amiatinus
Maiestas Domini, Codex Amiatinus 692-716 (fol. 796v), Biblioteca Medicea, Florence
On reconnaît, au plus près du Christ montrant le Livre, les deux anges porteurs de verges qui s’inclinent avec respect (voir mosaïque de Saint Vital, 2 Dieu sur le Globe : époque paléochrétienne, on déduit de cette particularité une influence italienne).
Les Evangélistes sont disposés « en carré », dans l’ordre standard établi par Saint Jérôme ; rien d’étonnant puisque ce codex, le plus ancien manuscrit complet de la Vulgate, contient la préface « Plures fuisse » qui définit cet ordre.
La cartographie d’une Ascension ?
L’extraordinaire configuration concentrique, qui obéit pourtant à une intention précise, n’a à ma connaissance jamais été expliquée (voir par exemple le livre le plus récent sur la question [3]) .
En partant de l’extérieur, on rencontre :
- une coque externe à trois couches (A), constituée d’une plage rouge constellées de pierreries, entre deux bandes faite d’un alliage métalliques qui s’est maintenant oxydé ;
- une seconde coque à cinq couches (B), avec un motif de ruban en relief, entre deux cercles jaune et orange ;
- un noyau composé de sept couches bleues d’épaisseur croissante (la première étant très mince) remplies de motifs cruciformes formés de cinq points.
Or deux des originalités de l’image, les sept cieux d’épaisseur croissante et la présence des deux anges, présentent une ressemblance frappante avec un récit apocryphe, celui de l’Ascension d’Isaïe. Lors d’une vision, le prophète, guidé par un ange, monte, au delà du firmament, à travers de sept cieux d’épaisseur croissante, qui chacun offrent une vision de plus en plus précise de « celui qui était assis sur un trône », chaque fois entouré de deux anges . Par exemple :
« Et alors il me fit monter au quatrième ciel. Et la distance qui sépare ce ciel du troisième ciel est plus grande que celle de la Terre au Firmament. Et je vis encore des anges debout à droite et à gauche ; et celui qui était assis sur un trône au centre« . Livre de l’Ascension du Prophète Isaïe, 2, 7
Si l’on suit le texte, la coque rubannée (B) correspondrait alors au firmament, que le texte décrit ainsi :
« il y avait là un grand combat, des anges de Satan se portant violemment envie l’un envers l’autre. Et il s’y passait ce qui se passe sur la Terre, car il y a une ressemblance parfaite entre ce qu’il y a dans le firmament et ce qu’il y a ici. »
L’alternance irrégulière des trois couleurs rouge, jaune et gris pourrait évoquer ces perturbations, qui reprennent les trois couleurs des bandes horizontales à l’extérieur de la coque.
Malheureusement, nous sommes là en présence d’une coïncidence extraordinaire : l’Ascension d’Isaïe est un texte très ancien, confidentiel, considéré très tôt comme hérétique (sauf en Ethiopie) , et dont la version latine n’existe que dans des fragments datant d’avant 450 ( [3b], p 38 et ss).
En revanche, l’idée que le ciel était décomposé en sept cieux était assez courante à l’époque de l’Amiatinus : Bède le Vénérable, qui a probablement participé à la compilation du codex, les connaît sous ces dénominations : aer, aether, olympus, spatium igneum, firmamentum, caelum angelorum, caelum Trinitatis. [3b]
Le Monde comme un Livre (SCOOP !)
Même si elle ne représente pas le firmament de l’Ascension d’Isaïe, la coque rubannée constitue une frontière pourvue de sa logique propre : les quatre brisures de la pliure, aux points cardinaux, divisent le « ruban » en quarts de cercle, chacun associé à un Evangéliste.
On comprend alors que ce « ruban » n’est autre qu’un long texte plié en accordéon, dont les quatre sections diffèrent par l’ordre des couleurs, tout comme les quatre Evangiles diffèrent dans leurs détails tout en étant globalement identiques : le ruban constitue un sorte de déploiement intermédiaire du Livre sacré que tient le Christ, dans lequel chaque Evangéliste vient puiser sa version finale.
Cette interprétation du ruban comme un texte conforte l’analyse récente de Peter Darby [(3a], p 356). Selon lui, le sujet de la miniature est l’unicité des Ecritures, telle que l’exprime par exemple Saint Augustin :
« Tout comme dans l’Ancien Testament le Nouveau est caché, de même dans le Nouveau l’Ancien est révélé ».
L’image montrerait en somme comment le Livre interne (tenu et lu par Dieu seul) se déploie dans le Long livre de l’Ancien Testament, encore inaccessible à l’intérieur de sa coque, avant de se scinder dans les quatre Livres du Nouveau Testament (en jaune).
La coque métallique et ornée de joyaux, sorte de « reliure circulaire » de l’Ancien Testament trouve son écho dans le cadre orange, orné des mêmes joyaux, sorte de « reliure quadrangulaire » du Nouveau Testament (en vert).
Une iconographique proche
Evangéliaire de Gundohinus, 754-55, Autun BM MS 3 fol12v
Cette Majestas est la seule réalisée à cette époque sur le continent.
Les médaillons des quatre Evangélistes obéissent à une disposition en Z, très particulière, qui suit l’ordre naturel de la lecture : de gauche à droite et de haut en bas.
Le pont commun avec le Codex Amiatinus est la présence des deux anges dans la capsule, qui ici n’ont pas de lances et dont celui de gauche est identifié par le mot « CYRUBIN ».
Comme ils sont très différents des chérubins de la vision d’Ezéchiel (qui sont quatre et ont quatre ailes), les érudits ont pensé à un autre passage de la Bible où deux chérubins sont mentionnés : ils décorent le propitiatoire de l’Arche d’Alliance, autrement dit son couvercle en or, qui était aspergé chaque année de sang expiatoire :
« Tu feras deux chérubins d’or; tu les feras d’or battu, aux deux extrémités du propitiatoire. Fais un chérubin à l’une des extrémités et un chérubin à l’autre extrémité; vous ferez les chérubins sortant du propitiatoire à ses deux extrémités. Les chérubins auront leurs ailes déployées vers le haut, couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et se faisant face l’un à l’autre; les faces des Chérubins seront tournées vers le propitiatoire. « Exode 25,18-20
Plan du Temple (détail) Codex Amiatinus 692-716 (fol. 2v et 3r), Biblioteca Medicea, Florence
Il se trouve que le Codex Amiatinus contient un plan du Temple, avec ses enceintes concentriques entourant l’arche, et ses deux chérubins aux ailes tournées vers le haut.
Or il ne manque pas de textes théologiques comparant le Christ, et son sacrifice, avec une nouvelle Arche d’alliance, mais cette fois située dans le ciel et non sur Terre :
« Car ce n’est pas dans un sanctuaire fait de main d’homme, image du véritable, que le Christ est entré: mais il est entré dans le ciel même, afin de se tenir désormais pour nous présent devant la face de Dieu. Et ce n’est pas pour s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre entre chaque année dans le sanctuaire avec un sang qui n’est pas le sien: autrement il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde; mais il s’est montré une seule fois, dans les derniers âges, pour abolir le péché par son sacrifice. » Epitre aux Hébreux, 9,24-25
D’où l’idée que les deux « chérubins » de l’Evangéliaire de Gundohinus (qui se regardent, ont une aile tournée vers le haut, et touchent le trône) illustreraient cette métaphore complexe du Christ comme « Nouvelle Arche d’alliance dans le Ciel ». Et par extension, les deux anges du Codex Amiatinus (qui pourtant ne ne se regardent pas, ont leurs ailes vers le bas, portent une lance et ne ressemblent pas du tout à ceux qui figurent sur le plan du Temple ) illustreraient la même idée.
L’autre option, qui me semble hautement plus probable, est que l’illustrateur de l’Evangéliaire de Gundohinus a vraiment voulu illustrer la vision d’Ezechiel, avec ses faibles moyens graphiques, et a représenté les Chérubins de deux manières :
- symboliquement, sous la forme des Vivants dans les quatre « roues » externes ;
- visuellement, sous la forme des deux anges aux ailes alternativement levées et baissées, à l’intérieur de la grande « couronne » posée sur les roues – le « firmament » dont parle Ezéchiel :
« Au-dessus des têtes des êtres vivants, était la ressemblance d’un firmament, pareil à un cristal éblouissant; il était étendu au-dessus de leurs têtes. Et sous le firmament se dressaient leurs ailes, l’une vers l’autre, et chacun en avait deux qui lui couvraient le corps de chaque côté. Et j’entendis le bruit de leurs ailes, quand ils allaient, comme le bruit des grandes eaux, comme la voix du Tout-Puissant, un bruit tumultueux comme celui d’un camp; quand ils s’arrêtaient, ils laissaient retomber leurs ailes… Au-dessus du firmament qui était sur leurs têtes, Il y avait comme l’aspect d’une pierre de saphir, en forme de trône; et sur cette ressemblance de trône, il semblait y avoir comme une figure d’homme au-dessus. » Ezéchiel 1,22-26
Sur quelques détails insolites du Codex Amiatinus, voir Dissymétries autour de Dieu
Article suivant : 3b Dieu sur le globe : renaissance carolingienne
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