Accueil » Interprétations » = ICONOGRAPHIE = » - Inversions » - Lune, Soleil » - 2 Christianisme » La fresque de Saint Pierre de Rovon

La fresque de Saint Pierre de Rovon

Cette fresque absidale découverte en 2017 et classée MH recèle d‘intéressants problèmes iconographiques. L’article propose quelques pistes de réflexion dans l’état actuel des recherches, et dans l’attente de la publication de l’ouvrage sur l’édifice que Mr Fréderic Mérit,  chercheur indépendant, est en train de finaliser. Je le remercie pour son aide, pour les photographies fournies qui illustrent cet article, ainsi et surtout pour ses précieux documents de recherche historique.

décor peint St Pierre De Rovon (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

 



En aparté : le motif paléochrétien de la couronne de lauriers

 

Architectural Sarcophagus: Left sideMusée archéologique de Ravenne MuseeArcheologiqueIstambul phoro Nick ThompsonMusée archéologique d’Istambul

Chrismes paléochrétiens

Sur les sarcophages paléochrétiens, il est courant de rencontrer une couronne de lauriers entourant le chrisme xhi-rho. Elle est toujours composée de deux branches symétriques partant du bas, et parfois agrémentée par un ruban, le lemnisque. Dans la couronne de gauche il forme un enroulement continu, là encore de manière symétrique. Dans la version de droite, il se contente de nouer en bas les deux branches : très rarement, comme ici, il forme un X qui fait écho au khi.


Fin IVème-début Vème, Baptistére de San Giovanni in Fonte, Naples
Fin IVème-début Vème, Baptistère de San Giovanni in Fonte, Naples

Sa signification est assez claire : c’est la couronne qui vient récompenser le martyre. Ici la main de Dieu s’ajoute au lemnisque pour la tenir au dessus du Christ monté au ciel, symbolisé par le Chrisme.


La couronne de lauriers de Rovon

décor peint St Pierre De Rovon couronne (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

Particulièrement sophistiquée, la couronne de Rovon présente :

  • en haut et en bas, deux lemnisques en X tenant une fleur de lys dorée, d’où jaillissent des rinceaux argentés ;
  • latéralement, deux lemnisque en anneau tenant deux autres fleurs de lys avec rinceaux jaillissants ;
  • dans les intervalles, quatre lemnisques organisés non pas symétriquement, mais comme les pointes d’un grand carré.

L’artiste n’a donc pas recopié une couronne paléochrétienne ni voulu représenter un enroulement réaliste du ruban : il a conçu avec grand soin une couronne d’où jaillissent des rinceaux, dispositif dont je n’ai pas trouvé d’autre exemple.


Les rinceaux du cul-de-four

Ces rinceaux sont tout aussi sophistiqués : ils ne sont pas totalement symétriques par rapport à l’axe central, de manière à créer un effet de variété. Ils ont la forme de feuilles d’acanthes argentées, avec des spirales terminales soit argentées, soit dorées, soit rouges. Parfois une spirale argentée s’entrecroise avec une spirale dorée ; à deux endroits seulement, elles sont jointes par un anneau doré (en bas de la photographie).


Les rinceaux de l’arc triomphal

décor peint St Pierre De Rovon monogramme (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

On retrouve les mêmes motifs de feuilles d’acanthes argentées, en rinceaux qui s’entrecroisent, autour de fleurs de lys dorées, lesquelles sont enfilées sur un motif nouveau : un collier de perle. Ce collier s’attache en haut à un anneau doré fonctionnant comme un fermoir. Au centre le monogramme IHS est classique : on remarque le coeur rouge au pied de la Croix, qui évoque le douleur de Marie (dans la vesrion jésuite du monogramme, il est le plus souvent remplacé par trois clous).




Comme l’a remarque F.Merit, l’entrecroisement des rinceaux de l’arc s’amenuise en haut, ce qui accentue l’effet d’élévation.

Il y a donc une remarquable unité entre les deux familles de rinceaux (de l’arc triomphal et du cul de four), tous deux suspendus à un motif circulaire (couronne de lauriers, anneau doré).

Ces deux ramures tombant du ciel ont pour source l’une le Saint Esprit (colombe), l’autre le Fils (monogramme IHS).


La colombe de l’Esprit Saint

 

décor peint St Pierre De Rovon colombe (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

En comparaison de ces raffinements décoratifs, la colombe de l’Esprit Saint est très frustre, presque enfantine avec ses deux pattes en avant.


 

1666 gloria-bernini Saint Pierre de RomeBernin, Gloire de Saint Pierre de Rome, 1666 gloire de bernin Saint Pierre de Rome Gravure de Venturini, 1685-91Gravure de Venturini, 1685-91 [1]

Cette posture très particulière a été inventée par Bernin pour le vitrail de la Gloire de Saint Pierre de Rome. L’artiste de Rovon a adapté comme il a pu ce modèle prestigieux, en conservant les rayons dorés et en remplaçant la couronne d’angelots par la couronne de lauriers de son cru.

Ce qui nous donne, pour la datation de la fresque, un terminus post quem de 1666, voire même de 1685-91 si on attend la première version gravée. Par ailleurs, le terminus ante quem est donné par le compte-rendu d’une visite épiscopale de 1732, qui mentionne la présence des fresques :

« le chœur est vouté en coquille peint sur les murs, le grand autel est assez propre, le tableau représente un crucifix, la St Vierge, St Pierre patron de la paroisse et St Jean. Immédiatement sous celui-ci est posé le tabernacle d’or sur azur et au-devant pend une lampe d’étain » [2]

Le rédacteur du compte-rendu ne parle pas de l’originalité iconographique que constitue une décoration absidale construite autour d’une unique colombe. Soit parce qu’il a compris que saint Pierre de Rovon se voulait un petit Saint Pierre de Rome, soit parce qu’il a interprété le motif comme complétant le tableau de la Crucifixion

Brousse le Chateau retable detail
Retable de Brousse le Château (détail)

…de la même manière que dans ce retable rouergat, le delta rayonnant illuminé par l’oculus surplombe le Père, qui surplombe le Fils.


Les motifs du bas des murs

 

décor peint St Pierre De Rovon vase de roses (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

Vase de roses

décor peint St Pierre De Rovon corbeille (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

Corbeille de fruits

Ils sont réalisée si sommairement que l’effet de trompe-l’oeil – le bouquet posé à droite de l’autel, la corbeille en surplomb au dessus de la porte – passe inaperçu. Il existait un second vase à l’extrême gauche, détruit lors du percement de la nouvelle fenêtre latérale.


Les deux croix de consécration

décor peint St Pierre De Rovon croix de consecration (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

Elles ne semblent pas faire référence aux armoiries d’une famille locale : les croix rouges pattées se rencontrent fréquemment dans les églises des environs, en tant que croix de consécration. Celles-ci sont néanmoins assez particulières (croix pattées arrondies alésées), plus les traits en faisceau qui séparent les pattes. L’alternance de tracés fins et gras vise à un effet de relief.


Les motifs des bordures

décor peint St Pierre De Rovon frise (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

Le premier motif est composé de feuilles d’acanthe en grisaille, pour la moulure du bas du cul de four qui sépare :

  • la partie Terre (avec les deux croix, les deux vases et la corbeille) ;
  • la partie Ciel (avec la colombe, la couronne de laurier et les rinceaux).

Le second motif, pour les encadrements de la porte et de la fenêtre, reprend les feuilles d’acanthe et les entrecoupe de fleurs rouges, qui posent un problème d’interprétation.

Au premier abord, on peut y voir des tulipes, un fleur qui a laissé un mauvais souvenir suite à la grande crise de 1637 (ce pourquoi on la trouve souvent dans les Vanités, comme symbole de l’illusoire). A la fin du siècle, elles constituent néanmoins un motif décoratif courant dans les meubles peints des pays du Nord, au point qu’on nomme Tulpenmalerei ce style de décoration.


Riquewihr peint Maison Zimmer 1615Rinceau avec tulipes et lys, plafond peint, Maison Zimmer, 1615, Riquewihr Armoire de mariage alsacienneArmoire de mariage alsacienne, 1823, collection privée


« La tulipe avec ses nombreuses variantes a toujours eu une haute valeur symbolique. Représentant un calice parfait, elle reçoit les dons que Dieu veut bien distribuer. Elle est symbole de la flamme du Christ, de l’amour, de la matrice féminine, de la féminité tout court. »
[3]


boutons-de-rose-qui-ne-souvrent-pas-5-615x410
Bourgeon de rose

Les fleurs rouges de Rovon sont fermées, ce qui ne correspond pas aux tulipes décoratives habituelles. On pourrait tout aussi bien y voir des roses encore en bourgeon, juste avant leur éclosion : ce qui en ferait un contrepoint  des roses épanouies du vase.


Une particularité rare : la fenêtre latérale

Brousse le Chateau retable
Choeur de l’église de Brousse le Château

Pour l’éclairage du choeur dans les églises rurales, le cas le plus courant est celui d’une fenêtre axiale, quelque fois réduite à un oculus situé en hauteur lorsque le retable occupe toute la largeur.


<>Eglise de Saint Felix de Valois
Choeur de l’église de Saint Felix de Valois

On trouve parfois deux fenêtres latérales, de part et d’autre d’un retable de taille réduite.


Choeur de Rovon (reconstitution)

Le choeur actuel semble avoir été construit vers 1535. Avant le percement des deux fenêtres actuelles, l’unique fenêtre latérale est cohérente avec l’existence d’un retable de petite taille ; l’absence de fenêtre à droite s’explique par la nécessité de l’accès à la sacristie.

Un rare exemple de Crucifixion avec Saint Pierre est un tableau de Bosch, ici recomposé en supprimant le donateur, de manière à évoquer la description de 1732.


décor peint St Pierre De Rovon retable (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

L’emplacement du retable au moment de la réalisation des fresques est marqué par la niche rectangulaire aujourd’hui bouchée par des briques, dans lequel il était encastré. Les deux motifs peints latéraux, en forme de crosse de fougère, remplacent les consoles baroques qui flanquent habituellement les retables ou les tabernacles (les deux dans le cas de Brousse le Château).


L’ange lunaire

décor peint St Pierre De Rovon ange fenetre (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

 

La tête d’angelot munie d’ailes est un poncif du répertoire baroque. Elle est ici la source de deux rinceaux descendants (feuilles d’acanthe argentées et feuilles de lys dorées) qui ont presque totalement disparu lors de l’obstruction de cette fenêtre latérale.

Le croissant de lune sur la tête de l’ange, réalisé avec la même alternance de traits gras et fins que les croix, est le petit mystère de cette décoration murale. D’autant que sa forme cornue en fait, vu de loin, un attribut risqué.

Le motif médiéval des anges portant les symboles du Soleil et de la Lune apparaît au début du XIIIème siècle (voir 2 Les anges aux luminaires ), mais les luminaires vont toujours par couple.

Ici l’ange lunaire apparié à la colombe solaire est un unicum iconographique.

Nous proposerons plus loin une possible explication.


En synthèse

décor peint St Pierre De Rovon schema 2
Ce schéma fait apparaître la cohérence de la conception d’ensemble :

  • les trois familles de rinceaux descendants (en vert) , prenant leur source respectivement dans le monogramme IHS, la colombe et l’angelot lunaire (en jaune) ;
  • les trois récipients : deux vases et la corbeille (en brun, rose et rouge) ;
  • les deux types de bordure (en bleu).

Après cette description factuelle, nous allons présenter trois hypothèses, en commençant par la plus assurée.



Première hypothèse : une influence locale

Toussaint Largeot 1662-66 Chapelle Ste Marie d'en haut grenoble a
Toussaint Largeot, 1662-66, Chapelle Sainte Marie d’En haut, Grenoble

A quarante kilomètres de Rovon, les fresques de Sainte Marie d’En Haut sont un chef d’oeuvre baroque, dont certaines caratéristiques ont pu inspirer notre artiste : nervures décorées de feuilles d’acanthes en grisaille, alternance d’argent et d’or, arc triomphal avec des entrelacements autour d’un motif répété (ici le Sacré-Coeur).


Toussaint Largeot 1662-66 Chapelle Ste Marie d'en haut grenoble b
Les grosses feuilles d’acanthe se terminant en spirale abondent côté nef.

La fin de ce chantier prestigieux coïncide avec notre terminus post quem : il n’est donc pas impossible qu’un fresquiste ayant travaillé à Sainte Marie d’En haut ait proposé d’en faire une réplique à Rovon, ce qui a deux implications :

  • les fresques datent du tout début de la plage possible (peu après 1666) ;
  • un notable de Rovon a fait le voyage de Rome, où il a admiré la Gloire flambant neuve du Bernin (il est en effet impensable qu’un peintre purement décorateur ait fait ce voyage en personne).



Deuxième hypothèse : un souvenir de Rome

Abside San Clemente XIIeme s Rome
Abside de San Clemente, XIIème siècle, Rome

Cette mosaïque, composée de rinceaux en spirale proliférant autour d’une croix, est connue comme un unicum iconographique. Il s’agit d’évoquer des vrilles de vigne, ainsi que le précise l’inscription en bas du cul de four :

Comparons l’Église du Christ à cette vigne, que la Loi rendait sèche mais que la Croix a fait reverdir.

Ecclesiam Christi viti simulabimus isti, quam lex arentem set crus (sed crux) facit esse virentem.


Abside San Clemente XIIeme s Rome detail couronne Abside San Clemente XIIeme s Rome detail corbeille

Cette mosaïque médiévale intègre de nombreux motifs paléochrétiens, comme la couronne de lauriers à lemnisques et la corbeille de fruits. A l’époque baroque, ces styles sont considérés comme totalement archaïques : il n’existe d’ailleurs aucune reproduction de la mosaïque de San Clemente avant le XIXème siècle. Pour la voir, il fallait donc se déplacer à Rome.


ND de la Garde Cul de four de l'abside ND de la Garde Cul de four de l'abside detail colombe

Mosaïque du cul de four de Notre Dame de la Garde, 1874-82, Marseille

Notre voyageur de Rovon aurait en somme anticipé de deux siècles la démarche éclectique d’Henri Revoil pour les dessins de cette mosaïque néo-byzantine, qui combine explicitement les deux mêmes modèles romains, la mosaïque de San Clemente et la colombe de Saint Pierre.

A Rovon, la réminiscence incongrue de motifs décoratifs paléochrétiens s’expliquerait non par un goût pour cet art, impensable à la fin du XVIIème, mais par le souci de s’adapter aux moyens modestes de l’artiste, tout en servant une iconographie ambitieuse.



En aparté : l’orientation des églises

Les églises sont orientées de façon à ce que le desservant, dans le choeur, officie face au soleil levant (et non en direction de Jérusalem, comme on le dit souvent). Les rares textes canoniques qui préconisent une orientation [4] précisent qu’il s’agit du lever du soleil à l’Equinoxe de printemps, soit plein Est, ce qui coïncide approximativement avec la fête de l’Annonciation, le 25 mars (qui a longtemps marqué le début de l’année).


Eva Spinazze The Alignment of Medieval Churches in Northern-Central Italy fig 1

Diagramme d’Eva Spinazzè [4]

Cependant la majorité des édifices ne suit pas exactement cette orientation : on rencontre des choeurs  dans toutes les directions possibles, entre le lever du soleil au solstice d’hiver (vers le Sud Est) et le solstice d’Eté (vers le Nord-Est).

Malgré des recherches intensives, il n’y a pas de consensus scientifique sur la raison de ces écarts. Ils pourraient indiquer le lever de soleil :

  • à la pose de la première pierre (indémontrable, cette date étant le plus souvent inconnue) ;
  • lors d’une fête religieuse importante ou aux solstices ;
  • à la fête du Saint patron de l’église (cette hypothèse semble démentie par des études statistiques [5] ).

La question est compliquée par le fait que l’horizon astronomique est différent de l’horizon local : le lever observé du soleil dépend de l’altitude du lieu, et surtout des montagnes qui masquent le lever astronomique du soleil au jour dit.

Les techniques médiévales connues permettaient néanmoins de déterminer cet azimut théorique :

  • soit empiriquement, en visant deux points du parcours solaire et en le prolongeant jusqu’à l’horizontale ;
  • soit astronomiquement, grâce à des technique gnomoniques connues depuis l’Antiquité : connaissant la longueur de l’ombre du gnomon à l’équinoxe (équivalente à la latitude), il est possible de construire géométriquement la projection (sur un plan méridien, horizontal ou vertical) des coniques qui décrivent le parcours de cette ombre, tous les jours de l’année.




Troisième hypothèse : une Annonciation symbolique

L’orientation de Saint Pierre de Rovon

St Pierre de Rovon orientation schema
Si on raisonne avec l’horizon astronomique, on constate que l’édifice est orienté en direction du Solstice d’hiver et de la fête de Noël, à la latitude de Rovon. La fenêtre latérale pointe le lever théorique du soleil vers le 10 avril, un peu après l’équinoxe (plein Est). Si l’on tient compte du décalage de 11 jours entre le calendrier julien et le calendrier grégorien, la fenêtre indique approximativement le lever du soleil vers la fête de l’Annonciation, dans l’ancien calendrier [6].

Si on raisonne avec l’horizon local, on peut supposer que l’orientation de l’édifice correspond à la pose de la première pierre début mars. La fenêtre latérale reçoit le soleil levant en juin, soit le mois de la Saint Pierre.

Quelle que soit la cause initiale de l’orientation ESE de l’église de Rovon, la fenêtre latérale constitue, par sa direction très proche de l’Est, une sorte de compensation.


Mise à profit d’une particularité architecturale

Présentes avant la réalisation des fresques, les deux ouvertures latérales constituaient à la fois un problème, par leur dissymétrie ; et une opportunité, par leur opposition quasiment  théâtrale : ouverture vers le Ciel « côté jardin », ouverture vers la Terre « côté cour ».


 

Si on ajoute le fait que la fenêtre latérale s’ouvrait du côté du lever de soleil au printemps, on peut imaginer que le concepteur du décor ait eu l’idée de mettre en scène une Annonciation symbolique :

  • dans le rôle de l’Archange Gabriel, l’angelot de la fenêtre ;
  • dans le rôle du Saint Esprit, la colombe de Saint Pierre ;
  • dans le rôle de la Vierge, le vase de roses épanouies.


décor peint St Pierre De Rovon angelot détail (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

décor peint St Pierre De Rovon colombe (c) photo Frederic Merit

(c) Frédéric Merit

Le croissant de lune aurait pour but de mettre l’accent sur le rôle de l’ange lors de l’Annonciation : transmettre fidèlement le message divin, tout comme la Lune réfléchit, sans la produire, la lumière du Soleil.


La corbeille de fruits, au dessus de la porte, évoquerait quant à elle :

  • la conséquence immédiate de l’Annonciation, la Fructification de Marie ;
  • sa conséquence plus lointaine, la Rédemption de l’Humanité (en opposition à la pomme du péché originel).

décor peint St Pierre De Rovon schema 4

Avec une grande économie de moyen, les trois familles de rinceaux décoratifs font chorus avec cette thématique, pour peu qu’on les comprenne, telle la vigne de San Clemente, comme trois figures de l’Eglise :

  • Eglise encore potentielle, dans ceux qu’apporte l’angelot ;
  • Eglise en germination à l’intérieur de l’abside, dans ceux qui naissent de la couronne de lauriers, symbole de l’acceptation de Marie et de son élection (« tu es bénie entre toutes les femmes ») ;
  • Eglise réalisée, dans ceux de l’anneau de l’arc triomphal, qui naissent de la Crucifixion (croix et coeur de Marie) et tombent jusqu’au sol de la nef.

En conclusion

Rustique par sa réalisation et ambitieuse par sa conception, la fresque de Rovon résulte probablement de la rencontre d’un praticien local, influencé par la décoration de Sainte Marie d’en Haut, et d’un voyageur savant, ayant ramené de Rome la vigne de San Clemente et la colombe de saint Pierre.



Références :
[1] Gravure de Venturini, 1685-91, Giovanni Giacomo de Rossi, Disegni di vari altari e cappelle nelle chiese di Roma : con le loro facciate fianchi piante e misure de piu celebri architetti https://archive.org/details/gri_33125010879787/page/n26/mode/1up
[2] Frédéric Merit, « L’église Saint-Pierre de Rovon (Isère) », avril 2022, archives communales de Rovon et dossier d’inscription MH DRAC AURA.
[3]  Georges Klein « Riquewihr: Richesses dévoilées »
[4] Eva Spinazzè, « The Alignment of Medieval Churches in Northern-Central Italy and in the Alps and the Path of Light Inside the Church on the Patron Saint’s Day », Mediterranean Archaeology and Archaeometry, Volume 16, No. 4, 2016, Pages 455-463 https://www.academia.edu/39945921/THE_ALIGNMENT_OF_MEDIEVAL_CHURCHES_IN_NORTHERN_CENTRAL_ITALY_AND_IN_THE_ALPS_AND_THE_PATH_OF_LIGHT_INSIDE_THE_CHURCH_ON_THE_PATRON_SAINTS_DAY
[5] Ian Hinton « Church Alignment and Patronal Saint’s Days » 2006, The Antiquaries Journal https://www.academia.edu/10935334/Church_Alignment_and_Patronal_Saints_Days
[6] L’écart entre les deux calendriers joue à plein aux équinoxes, mais très peu au moment des solstices, où l’azimut du lever varie lentement.

Aucun commentaire to “La fresque de Saint Pierre de Rovon”

Leave a Reply

(required)

(required)