3.1 Après Pierre Louÿs : au bout d’un fil
Le roman de Pierre Louys parait en 1898. Bien que Goya et Rops aient influencé le choix du titre, il ne s’agit d’un pantin qu’au figuré, et aucune illustration du livre n’en montre un directement.
Néanmoins, cette parution va donner de la chair et un second souffle à ce qui n’était jusqu’alors qu’un sujet quelque peu théorique : cas d’école où un événement purement littéraire va produire un effet de cristallisation graphique, et légitimer pour le grand public un thème jusqu’alors sulfureux et réservé aux happy fews.
Devenu à la mode, le Pantin XXème siècle va épouser toutes les péripéties de l’époque et se décliner à toutes les sauces : à fil, à main, réduit à une poupée voire simplement à un masque.
Au bout du fil
La manipulation sans contact est le geste qui met le mieux en valeur la supériorité de la Femme : cette haute teneur en masochisme en a fait, et de loin, la formule la plus répandue.
Léon Roze, couverture pour « Les amours de Napoleon III », par Marguerite Bellanger, 1900
La toute nouvelle iconographie se reflète dans cette métaphore de la République triomphante de l’Autocratie.
Mais c’est surtout dans le domaine léger qu’elle va faire florès.
Carte postale 1900
Dans une réminiscence de la pesée des âmes, cette cocotte rigolote sauve le bel homme svelte et condamne le vieux ventripotent.
Cake walk intime
Série de six cartes postale 1900
Les pas de la danse à la mode servent de prétexte à des nudités agrémentées d’accessoires variés, dont le Pantin.
Publicité pour une soirée d’Hommes à l’Opéra de Vienne,
Heinrich Lefler, 1901
Autodérision parfaitement assumée par les membres du Königliche et Kaiserliche Opera : la vie n’est qu’un théâtre de marionnettes aux mains de la Femme Fatale.
La rencontre | La présentation |
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La déclaration | L’invitation |
La danse | La promenades |
Série de six cartes postales, Raphael Kirschner, 1902
Toutes les phases de la parade amoureuse sont délicieusement manipulées par l’Eternel Féminin.
Notons que c’est dans la Déclaration seulement que le fil de la dame est relâché : comme si la marionnettiste voulait, à ce moment seulement, laisser le choix à sa créature.
Pour toutes les séries de cartes postales de Kirschner, voir le précieux site : http://www.ak190x.de/kirchnerneu.htm
Affiche pour l’Opéra : Le Chevalier d’Eon Francois and Victor Clerice, 1908 |
Illustration pour La femme et le pantin L.Clauss, 1916, Librairie Charpentier et Fasquelle |
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Deux trouvailles d’illustrateurs ingénieux :
- à gauche l‘ombre invertie du marionnettiste ;
- à droite la femme de chair piétinant l’ombre du pantin, au centre de sa toile d’araignée.
La femme et le pantin Angel Zarraga, 1909, Museo Andrés Blaisten, Mexico |
Le premier-né (El primogenito) Federico Beltran Masses, 1914 |
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Le peintre mexicain Zarraga a peint ce tableau juste après un retour aux sources en Espagne, dans l’atelier de Zuloaga : il s’agit explicitement d’une illustration non pas du roman, mais du titre de Pierre Louÿs. La Femme y apparaît debout et avec toutes les armes de son sexe (la nudité et les bijoux) tandis que le Pantin, mi Pierrot mi clown blanc, est affublé de dentelles et d’une robe fleurie.
Dans le « Premier-Né » de Federico Beltran Masses, Pierrot et Colombine deviennent un couple transgressif où un vieil enfant prolongé, aux membres interminables engoncés dans des linges blancs, anguleux et maladif, fait ressortir d’autant les courbes voluptueuses de sa « mère ».
Revenu en Espagne où il est né, sulfureux ou souffreteux, le Pantin de Louÿs ne trouble en aucun cas la placidité de la Nudité glorieuse à laquelle il est confronté.
Marionnettes siciliennes
Marionnettes (derrière le rideau) Sargent, 1903, collection privée. |
Renaud et Armide Ettore De Maria Berghez, 1912, Galleria d’Arte Moderna, Palerme |
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Le peintre américain s’intéresse à la technique exotique des baguettes, mais la portée de la composition va bien au delà, avec ces trois jeunes gens en blanc manipulant les passions humaines au profit de deux adultes en noir (le chef-marionnettiste et le spectateur). Sargent a conservé ce tableau toute sa vie et l’a légué à ses descendants.
Le peintre sicilien rappelle que la figure de la Femme qui manipule le Héros existe depuis bien longtemps dans la littérature nationale (La Jérusalem délivrée, du Tasse).
Sophia Loren, Festival du Film de Venise, 1958
Le Roi s’amuse (Illustration pour ‘The French Revolution A History’ par Thomas Carlyle
Edmund Joseph Sullivan, 1910
C’est ici Marie-Antoinette qui incarne une opulente marionnettiste.
Carte postale, 1910 | Franz von Bayros, 1910 |
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En version populaire ou en version raffinée, le thème est désormais solidement ancré.
Régina Badet au Théâtre Antoine, 1910
Il permet de tirer les ficelles d’un masochisme et d’un lesbianisme discrets.
La Femme et les Pantins Georges Lepape, 1913 |
La Femme et le Pantin Herouard, 1913 |
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En style commedia dell’arte, le Moche offre vainement un bouquet somptueux quand le Beau peut se contenter d’une rose.
En style Parisien Polisson, c’est l’Homme de la Rue qui est préféré au Peintre, au Poète, au Juge, à l’Officier, au Député, au Monarque et au Moine, à l’issue d’un exercice d’élasticité comparée.
1914 | 1915 |
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Affiches pour le Carnaval de Nice, Gustav-Adolf Mossa
En 1915, la Ville de Nice personnifiée fait danser au son de ses grelots la population ficelée. Par contraste avec le joyeux Pantagruel affichiste de l’année précédente, cette image ambigüe, qui se rattache aux géantes fatales de Mossa, ne peut manquer d’évoquer la folie régnant sur le monde.
Sur l’état d’esprit de l’artiste à cette époque, voir Diane ZORZI, L’œuvre de Gustav-Adolf Mossa pendant la Grande Guerre 1915-1918, https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/file/9-Zorzi-Mossa.pdf
Et deux calamités arrivèrent : les Suffragettes et la Guerre.
« Je fais s’asseoir les petits garçons »
I’m making the boys sit up
Carte Postale en faveur des Suffragettes, 1916
Quadruple sens pour cette petite carte postale. Les garçons n’ont plus qu’à s’asseoir :
- pour assister au spectacle ;
- époustouflés par la marionnettiste ;
- parce que ce sont eux les pantins ;
- une fois les femmes élues.
Deux héros qui se vouent à tous les seins Hérouard, La Vie Parisienne, 1918 |
E finita la tragedia… la comédie recommence Umberto Brunelleschi, 1919 |
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Vers 1920, Julien Mandel, 1920, Studio Armand Noyer (AN)
Cette modèle qui est sans doute Alice Prin, la bientôt célèbre Kiki de Montparnasse, relance le thème sulfureux au tout début des années folles.
Les poupées | Opium |
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Max Brüning, vers 1920 Port folio F. Schemann, Leipzig
Sur les douze gravures de la série, Max Brüning en consacre deux à des marionnettes, illustrant deux extrêmes de la condition masculine :
- dans la version cosmopolite, la natte sert de laisse au chinois féminisé, supplanté par un Pierrot lubrique ;
- dans la version destroy, la pipe démesurée explique l’effroi de la fille.
Ex libris Dr Werner Wolff, Max Brüning
Dans un contrejour spectaculaire, la marionnettiste piétine la Liberté et la Tragédie, en manipulant la baguette de la femme qui se croit maîtresse.
Décidement, Polichinelle sera toujours un mauvais farceur
Vald’es, 1922
Dans cette version parisienne, au contraire, la marionnette réussit ce qui est impossible au passant : voir ce que cache la robe.
Harry Clarke, 1922, The Fairy Tales of Charles Perrault, p20 et 21
Ces deux bas de page élégants et subtils sont liées par la même idée d’une Fatalité qui tire les ficelles :
- à droite est illustrée non pas la fable, mais la moralité du Petit Chaperon Rouge : à savoir que toutes sortes de loups « suivent les jeunes Demoiselles, jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles « ;
- à gauche, l’introduction de Thomas Bodkin se clôt par une Fée avec sa baguette, dont on ne sait si elle va unir ou dissocier le couple.
Pour accéder au livre : https://archive.org/details/fairytalesofchar00perr/page/20/
Le sexe fort René Vincent, 1923, La Vie Parisienne |
Léo Fontan, Septembre 1923, Eros magazine |
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Mais les Fondamentaux reviennent la plupart du temps : l’homme des Années Folles aime se voir en chiffe molle, inerte ou suppliante.
Ex Libris Emil Netter, vers 1925 |
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Georg Erler
La Guerre a définitivement remis à leur place dérisoire les hommes à couvre-chefs qui pensaient régenter le monde.
Ex Libris Emil Netter, Michel Fingesten
Emil Netter était visiblement un amateur du thème de la femme-araignée, qui attrape sa proie au bout d’un fil.
1926, La Femme et le Pantin | 1928, affiche suédoise pour le film de Jacques de Baroncelli, LA FEMME ET LE PANTIN, avec Conchita Montenegro et Raymond Destac |
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La Femme et le Pantin
Jean Gouweloos, 1927, Musée Charlier, Bruxelles
Petites ou grandes, en chemise ou nues, en dessin ou en peinture, verticalement ou horizontalement, les Femmes s’amusent avec leur Pantin, en extension ou flagada.
La femme et le Pantin Pierre Dionisi, 1931 ou 36 |
La danse du Pantin Norman Lindsay, 1933 |
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La femme et le Pantin Georges Leonnec, LaVie Parisienne, 1936 |
Sorti de son pot à volonté, dégonflé et regonflé à loisir, le Pantin revêt un caractère de plus en plus scabreux.
Frontispice | Hymne a la Beauté, p 41 |
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Illustrations de Manuel Orazi pour « Les fleurs du mal », éditions Le Vasseur, 1934, gallica
L’Ange Bleu Couverture de la revue Das neue Film Programm, 1930 |
L’Ange Bleu Affiche française, 1930 |
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C’est seulement en 1935 que Von Stroheim mettra à l’écran La femme et le Pantin (The Devil Is a Woman) avec Marlène Dietrich. Mais dès 1930 les deux avaient inauguré leur collaboration fracassante avec un thème tout aussi sulfureux, bien qu’il n’y a pas à proprement parler de pantin au bout d’un fil dans l’« Ange Bleu ». La richesse de l’histoire tient à ce qu’elle oscille entre deux thèmes contradictoires :
- à gauche, la vision « Doctor Unrat » : celle de la femme-poupée qu’il sera facile de ployer, à l’image des branches de lunette ;
- à droite, la réalité : celle de l’homme-clown manipulé de toutes parts.
Si Unrat avait fixé son attention sur le haut-de-forme plutôt que sur les bas, peut-être aurait-il évité de finir la tête enfoncée dans ce faux-col vaginal :
du danger d’interchanger les symboles sexuels !
Spicy Stories
Edition de Mars 1934
En passant l’Atlantique, le thème va revenir à sa simplicité originale, et s’adapter à l’imaginaire local. Le Pantin n’est plus un looser désigné, mais un homme qui a les moyens de rendre le match intéressant : le Millionnaire avec son haut-de-forme, insigne de puissance et de virilité.
Danse de poupées
Vers 1940
Dans ce numéro burlesque de danse en miroir, Rene doit suivre les mouvements d’Arlette la marionnette, bien sûr sans la regarder. On se demande ce qui est le plus apprécié dans ce spectacle : la perfection de la coordination, la plastique de la chair exaltée par celle du bois, ou bien le vieux fantasme de plier à sa volonté une Géante, par la seule force de la pensée.
Jack In The Box Pinup de Gil Elvgren, vers 1945 |
« Ils sont faciles à mener quand on sait comment » « they are easy to handle when you know how » Pinup de Gil Elvgren, mars 1949 |
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Même monté sur ressort, portant une moustache irrésistible et coiffé de son symbole phallique substitut de celui de Pinocchio, le Millionnaire n’est pas de taille à impressionner la pinup.
Lorsqu’il est à fil, noter que c’est la main droite qui manipule avec agilité les parties supérieures, tandis que la main gauche suffit à agiter la canne et les guibolles.
Danse macabre
Vers 1950
Même technique chez cette blonde et cette brune, spécialistes du dépouillement jusqu’à l’os.
Getting Gertie’s Girdle Peter Driben, Février 1953, Flirt magazine |
Bill Randall, calendrier Mai 1953 |
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La pin-up de gauche expose, un par jambe et par sein, les deux qualités masculines nécessaires pour la satisfaire : l’argent et le muscle.
Celle de droite fait danser les hommes, jusqu’à ce qu’elle se retrouve prise à son propre piège.
Et vous pouvez vous pencher, 1953, Publicité pour les gaines Jantzen
Preuve de l’efficacité de la gaine, un mannequin de bois prouve à ses deux marionnettes humaines, la femme en tenue de gala et celle en tenue d’extérieur, que leur taille est aussi souple que la sienne.
Le Jardin d’Eden
Mahlon Blaine, 1956, Collection privée
Dans cette oeuvre dédicacée au magicien Dunninger, Blaine nous montre un Diable marionnettiste, aux seins de femme et au collier de serpent, rejouant de ses deux mains griffues la scène de la Pomme, tandis que l’Ange vengeur attend de rentrer en scène.
Pour un illustrateur réputé déjanté (voir sa biographie sur http://grapefruitmoongallery.com/9449) , une logique subtile est à l’oeuvre : pour la saisir, il suffit de suivre les dix fils.
- aucun ne mène à la figurine du serpent : le diable ne se manipule pas lui-même ;
- cinq fils partant de sa main droite (en bleu) animent Eve : ses deux pieds, son torse, sa tête et sa main gauche qui tend la pomme à Adam ;
- un fil supplémentaire partant de sa main gauche (en jaune) se dirige, sans l’atteindre, vers la main droite d’Eve ; celle-ci fait le geste traditionnel de la réception de la Parole, paume à l’avant, face à la tête du serpent ;
- les quatre autres fils partant de la main gauche animent Adam : ses deux pieds, sa tête et sa main droite, qui enlace la hanche d’Eve.
Autrement dit : la pomme est manipulée par le Diable : mais aucun fil n’oblige Eve à écouter le Serpent, aucun n’oblige Adam à accepter la pomme.
Même chez les Pantins, il n’y a Péché que s’il y a Liberté.
Les tissus Amorella 1963 rayonnent dans le monde entier, 1963, publicité pour les tissus Rhodia
Les fils évoquent astucieusement et le produit (la rayonne), et le slogan.
Pretty puppett Editions Midwood, N° F371, 1964Comme souvent, la brune sulfureuse initie la bonde candide, « impatiente d’apprendre chaque nouvelle étape de l’étrange et illicite danse du désir ».
1984, Boris Vallejo
Manipulation à double étage.
Femme et marionnette
Illustrateur inconnu, date inconnue
Au nombre de fils, cette Cruella est gagnante, si on oppose la densité de sa chevelure et la rigueur de ses résilles bien tendues, aux six ficelles lâches du pantin qu’elle envoie balader du bout d’un ongle.
Fiona Stephenson, 2009 |
Fiona Stephenson, 2008 |
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En soubrette pour Milliardaire en chapeau claque, ou en cowgirl pour Latino en sombrero : même manière de ridiculiser les machos.
Playtime Sally Moore | Pouvoir Svetlana Mishchenko-Sapsay, 2013 |
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Brune au blonde, femme-enfant ou femme fatale : deux exemples récents d’autoportraits aux marionnettes.
Keith Garvey 2010 |
Play with me Michael Oswald |
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Deux figures de style pour pousser le thème aux limites :
- le réductionnisme : le Pantin comme pantin ;
- l’auto-référence : le Pantin comme son propre Marionnettiste.
Evolution |
Evolution |
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Enfin, la mise en abyme (voir L’effet Droste).
A noter la hiérarchie décroissante (en taille et en sophistication) :
- la Marionnettiste en chair, en os et en bicorne,
- le Fou en tissu et chapeau à grelots,
- le Pantin en bois et chapeau à pompon,
- le bout de tissu pendu à un seul fil, qui constitue la réduction ultime de la Marionnette.
Voici ce que dit l’artiste de ce tableau :
« Selon la théorie de Darwin, tout évolue du primitif au complexe. En fait, tout dans notre vie est sujet à cette loi. Les relations sociales et personnelles croissent en développant des complications. Les systèmes plus développés contrôlent le système primitif. Cela peut être illustré par l’exemple du théâtre de marionnettes, où un humain contrôle une belle poupée avec une tête de porcelaine qui contrôle à son tour une poupée en bois, qui gère une poupée de chiffon qui ressemble à un homme. Ne semble-t-il pas la même chose dans notre société ? «
https://www.parkwestgallery.com/6-michael-cheval-artworks-explained-by-the-artist/36934
Dans cet enchaînement de causes, chacune ne maîtrise qu’une cause qui lui est inférieure en terme de degrés de liberté : mais qui, en haut de la chaîne, manipule la Marionnettiste ? Ne serait-ce pas cet arbre dangereux (qui semble un nid de lianes rembobinées sur elles-mêmes ) ou ce ciel qui s’obscurcit jusqu’à a complète opacité ?
Ici tout pend au bout d’un fil : les astres dorés, les grelots, les mains… et ce que le manipulateur manipulé manipule.
Alphonse Inoue est un graphiste japonais contemporain, qui renoue avec la formule des Ex Libris, ces sortes de Vanités orgueilleuses, à usage privé mais à vocation universelle, où les jeunes filles et les squelettes ont toujours fait bon ménage.
En politique
Où la domination à dénoncer n’est plus celle de la Femme Fatale, mais de ceux qui tirent les ficelles.
The European concert, JS Pughe, Puck, 5 mai 1897
Vu d’Amérique, c’est le tsar qui dirige l’orchestre des nations européennes.
Difficile de rester vivant (The living issue), Puck, 6 juin 1900 |
Son premier héros de guerre (His First War Hero), Puck, 1er janvier 1901 |
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Joseph Keppler
Dans ces deux caricatures, Joseph Keppler utilise la même composition pour dévaloriser sa cible :
- Bryan, candidat battu d’avance à la présidentielle, fait semblant de bouger encore ;
- le maréchal Waldersee, envoyé par Guillaume II pour mater la révolte des Boxers, n’est qu’un pantin.
Les paroles et les actes, Achille Lemot dans Le Pelerin (1909)
Clémenceau est ici dénoncé à la fois :
- comme marionnettiste, agitant les épouvantails du cléricalisme et de la démission ;
- comme pantin de son ambition, des Juifs, des Francs-Maçons, des Socialistes et des Anglais.
Les marionnettes du Pantin, Louis Morinet, 1915
Durant la guerre, Guillaume II deviendra à son tour un pantin à découper qui manipule ses marionnettes (le sultan, l’empereur d’Autriche, le roi de Bulgarie).
Caricature tirée de la revue anticléricale « Der wahre Jacob », Nr. 514. 1906
Dans la grande tradition des danses macabres, cette Mort marionnettiste illustrait la charge ci-dessous :
Les tambours vous entourent Tant que vous avez des paillettes Vous qui êtes comme des jouets Dans la main du Destin géant Vous, robe, couronne, ruban – Profitez bien de votre temps! Rappelez-vous, une fois que la marée tourne, Le bateau du bonheur a une voie d’eau, Le géant est fatigué de son jouet Et vous jette dans la boue. Tant que la petite lampe est allumée – Une fois que le grand coup de balai approche, Votre danse arrive à sa fin ! |
Drum tummelt euch im Flitterstaat, Die ihr ein Spielzeug in der Hand Des Riesen Schicksal seid — Ihr, Kutte, Kron’ und Ordensband — Genießet eure Zeit! Bedenkt: einst wendet sich das Blatt, Das Glücksschiff kriegt ein Leck, Der Riese hat sein Spielzeug satt Und wirft euch in den Dreck. So lang das Lämpchen brennt — Wenn einst der große Kehraus naht, Ist euer Tanz zu End’! |
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Origine : http://www.payer.de/religionskritik/karikaturen10.htm
Alberto Martini, 1915, série de cartes postales : La Danza macabra europea
Deux images de cette série violemment anti-germanique montrent le Mort tirant les ficelles des têtes couronnées de la Triplice.
Guillaume II y reçoit un traitement de faveur, en pantin ou en soudard efféminé (l’affaire Harden-Eulenburg est un scandale d’homosexualité au sein de l’armée allemande en 1907).
Pour l’intégralité des trois premières séries, voir http://vnicbibhbr01.cloudapp.net/EXPLOITATION/la-danza-macabra-europea-1915.aspx.
La femme et le pantin, ou Marianne et l’électeur
Jack Abeille, 1924, Le Sourire
Superbe !
J’aurais juste ajouté Régina Badet en 1910 :
https://verbinina.files.wordpress.com/2015/04/1910-12-09badet.jpeg
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ac/R%C3%A9gina_Badet_3.jpg
Merci pour Régina ! Je l’ajoute à la collection…