Accueil » Interprétations » = THEMES = » - Figures de la Mort, Bruyn, Provoost, Van der Weyden » La mort recto-verso : diptyques, triptyques

La mort recto-verso : diptyques, triptyques

Un emplacement privilégié pour l’apparition théâtrale de la Mort : le revers d’un volet de diptyque ou de triptyque.

La formule de loin la plus courante est celle du diptyque accroché au mur, dans lequel la figure macabre se trouve au revers du panneau mobile et forme couvercle lorsque le diptyque est fermé.

Diptyques conjugaux

Commençons par les diptyques conjugaux dont un portraitiste célèbre, Barthel Bruyn l’Ancien, s’est fait une spécialité : l’abondance de crânes marque le moment où la formule perd son caractère expérimental et individuel, et devient un supplément courant plutôt qu’une preuve de particulière piété.

Barthel Bruyn l'Ancien 1516 portrait d'hommePortrait d’homme, 1516 Barthel Bruyn l'Ancien 1517 portrait de femmePortrait de femme, 1517

Barthel Bruyn l’Ancien, collection privée

Dans ce tout premier diptyque conjugal de Barthel Bruyn l’Ancien, les deux portraits sont sur fond sombre, l’homme tenant une orange et la femme un oeillet.

Revers du portrait féminin

Barthel Bruyn l'Ancien 1517 revers portrait feminin coll privee

Au revers du portrait féminin, une mouche est posée sur le crâne.


sb-line

Barthel Bruyn l Ancien 1524 Portrait-of-Gerhard-von-WesterburgPortrait de Gerhard von Westerburg, collection privée [1] Barthel Bruyn l Ancien 1524 portret-van-gertraude-von-leutz-e-barthel-bruyn-de-oude kroller-muller-museum rectoPortrait de Gertraude von Leutz, Kroller Muller museum, Otterlo

Barthel Bruyn l’Ancien, 1524

Ce diptyque du réformateur anabaptiste et de son épouse a été réalisé une année après leur mariage. Au revers du panneau féminin figure une nature morte très célèbre.


Barthel Bruyn l Ancien 1524 portret-van-gertraude-von-leutz-barthel-bruyn-de-oude kroller-muller-museum verso

Le panonceau porte une devise attribuée à Lucrèce :

Tout se disperse avec la mort, Mort, dernière ligne de tout

OMNIA CADUT MORS ULTIMA LINIA RERUM


ULTIMA LINIA RERUM (SCOOP !)

Le mot ULTIMA est illustré par la dernière dent, la dernière touffe de cheveu, le dernier filet de fumée qui s’échappe de la bougie…

Barthel Bruyn l Ancien 1524 portret-van-gertraude-von-leutz-barthel-bruyn-de-oude kroller-muller-museum verso detail pannonceau
… et la  dernière ligne de calligraphie, interrompue au milieu.


sb-line

Mis à part ce diptyque, les autres revers macabres de Bruyn seront très stéréréotypés : une tête de mort sans mâchoire inférieure, est posée au-dessus d’un écriteau dont le texte, au choix du client, représente en quelque sorte ce qu’elle ne peut plus dire. Elle occupe complètement une niche en arc de cercle, dont la rotondité épouse la voûte crânienne. Ainsi la niche n’est plus seulement un trompe-l’oeil imitant le mur d’un ossuaire : elle devient une métaphore du crâne, et nous fait comprendre que celui-ci n’est également qu’un récipient de pierre anonyme. Toute ce qui fait l’individu est, comme le papier, périssable.

sb-line

Barthel Bruyn l'Ancien Portrait de Gerhard et Anna Pilgrum 1528, Wallraf-Richartz-Museum, Koln

Portrait de Gerhard et Anna Pilgrum
Barthel Bruyn l’Ancien, 1528, Wallraf-Richartz-Museum, Köln [2]

Chaque époux a en main un chapelet portant un pomander ou pomme de senteur (Bisamäpfel) , sphère ouvragée contenant des parfums.


Verso du volet féminin

Barthel Bruyn l'Ancien Portrait de Gerhard et Anna Pilgrum 1528, Wallraf-Richartz-Museum, Koln revers volet droit

L’écho de la pomme

L’écriteau porte un texte de Job, qui relie peut-être la « pomme de senteur » avec celle qui a causé les malheurs de l’humanité :

« L’homme né de la femme vit peu de jours, et il est rassasié de misères. Comme la fleur, il naît, et on le coupe; il fuit comme l’ombre, sans s’arrêter. »

(Job, 14: 1-2)

homo natus de muliere brevi vivens tempore repletus multis miseriis, quasi flos egreditur et conteritur et fugit velut umbra et numquam in eodem statu permanet


Porteuse de mort

Chez Bruyn, c’est toujours le volet de droite qui porte le crâne au revers. C’est aussi le volet mobile, et celui du portrait féminin (à cause de l’ordre héraldique, voir Pendants solo : mari – épouse). Ainsi se crée mécaniquement une association entre la femme et le crâne : c’est elle qui, littéralement, porte la Mort dans le couple.

Alors que dans un panneau individuel, le crâne est celui du portraituré (effet travelling), dans un diptyque de couple il tend à représenter la Mort en général, à la fois dans un Futur immédiat et dans le Passé le plus lointain.

La fermeture et l’ouverture du diptyque, faisant succéder l’os à la chair et la chair à l’os, permettent de s’accoutumer, à domicile, à la Mort et à la Résurrection.


L’ombre qui parle

C’est peut être la phrase « il fuit comme l’ombre, sans s’arrêter » qui explique l’éclairage très élaboré du diptyque : l’homme (diptyque ouvert) et le crâne (diptyque fermé) sont éclairés, dans le sens habituel de la lecture, par la même source en haut à gauche : et la femme par une lumière « gauchère », contradictoire. Ces deux sources de lumière opposées ont pour effet de faire se rapprocher les deux ombres, comme si les deux époux se rejoignaient dans la Mort que la faute d’Eve a causée.

Dans tous les autres diptyques conjugaux de Bruyn les lumières sont parallèles, et viennent presque toujours du haut à gauche. En voici un exemple (sans revers macabre) :

Barthel Bruyn the Elder - Portrait of a man from the Weinsberg family 1538-1539
Portrait d’un couple de la famille Weinsberg
Barthel Bruyn l’Ancien, 1538-1539, Collection Thyssen-Bornemisza



sb-line

Barthel Bruyn l'Ancien 1530 revers portrait feminin localisation inconnue

Revers d’un portrait féminin
Barthel Bruyn l’Ancien, 1530, localisation inconnue

Diptyque conjugal avec homme tenant un billet et femme un oeillet.

Revers :

Bientôt nous allons mourir et aussitôt sous terre pourrir

Mox morimur et quali /ante dilabimur in terra


sb-line

Barthel Bruyn l'Ancien 1531 revers portrait feminin Schloss Schwarzenraben

Revers d’un portrait féminin
Barthel Bruyn l’Ancien, 1531, Schloss Schwarzenraben

Diptyque conjugal avec homme tenant un gant et femme un pomander

Revers :

Sur le parchemin :

Il n’y a pas de protection contre la mort. Vis jusqu’à ce que tu meures. Voyr den doyt en ys geyn schylt, dar u lebt als yu sterwe wilt

Sur le bandeau du bas :

La vie de l’homme est comme une fleur verdoyante dans un jardin, se levant au lever du soleil et se couchant à son coucher.

Vita quid est hominis viridanus / Flosculus horti, sole oriente / Oriens sole cadente cadens


sb-line

Barthel Bruyn l Ancien 1534 ca Portrait Diptych Of A Bourgeois Couple coll part

Portrait d’un couple bourgeois
Barthel Bruyn l’Ancien, 1534, collection particulière

Ce diptyque fait exception car les trois panneaux sont éclairés du haut à droite. Peut-être Bruyn a-t-il tenu compte, lors de la commande, de l’emplacement d’accrochage ?

Ici encore, chaque époux a en main un chapelet portant un pomander, dont c’est sans doute la fonction de protection contre les maladies qu’il faut relever ici.


Verso du volet féminin

Barthel Bruyn l Ancien 1534 ca There is no defence against death

Car l’inscription du verso dément immédiatement ce pouvoir :

Il n’y a pas de protection contre la mort. Vis jusqu’à ce que tu meures.

Voyr den doyt en ys geyn schylt, dar u lebt als yu sterwe wilt


Barthel Bruyn l Ancien Ermitage

Verso d’un portrait perdu
Barthel Bruyn l’Ancien, Ermitage, Saint Petersbourg

Un verso pratiquement identique, mais dont le recto a été perdu, est conservé à l’Ermitage.


sb-line

Barthel Bruyn l'Ancien 1544 Johannes et Maria Pastoir revers portrait feminin Rheinisches Landesmuseum Bonn

Johannes et Maria Pastoir, revers du portrait féminin .
Barthel Bruyn l’Ancien, 1544, Rheinisches Landesmuseum Bonn

Diptyque conjugal avec homme tenant un gant et femme un oeillet.

La devise sur le parchemin est ce que dit le crâne au jeune enfant qu s’endort en le prenant pour coussin :

Moi aujourd’hui, Toi demain

Hodie mihi / Cras tibi


sb-line

Barthel Bruyn l Ancien 1535-55 coll Richard Harris recto Barthel Bruyn l Ancien 1535-55 coll Richard Harris verso

Barthel Bruyn l’Ancien, 1535-55, collection Richard Harris

Le texte du verso emprunte à deux sources distinctes :

Qu’as tu à coeur, homme mortel, homme orgueilleux,
Quand tous les jours je prends les jeunes, comme les vieux
[3]

Quid tibi mortalis cordi est homo , quidne superbis
Cum capiam juvenes, quotidie atque senes.

 

Souviens-toi que tu seras poussière et (mangée) par les vers
Toi gelée et pourrie quand tu seras en terre.

Alain de Lille, Liber Parabolarum [4]

Esto memor quod pulvis eris,& vermibus.
Tu gelida putris quando jacebis humo.


sb-line

Cercle de Barthel Bruyn l'Ancien 1540-50 revers portrait masculin Jagdschloss Grunewald Berlin

Revers d’un portrait masculin
Cercle de Barthel Bruyn l’Ancien, 1540-50, Jagdschloss Grunewald Berlin

Portrait simple d’un homme tête nue, un bonnet à la main

Revers : Une mouche est posée sur le crâne.

Inscription :

L’homme est de la terre et sera détruit

Sa forme aimable ne dure pas longtemps

DER MYNSCH is erd und wyrd verzert. /

Lieflich gestalt nyer lang en wert


sb-line

Barthel Bruyn l Ancien Portrait d'homme tenant un œillet et un gant debut XVIe recto Palais des BA Lille Barthel Bruyn l Ancien Portrait d'homme tenant un œillet et un gant verso Palais des BA Lille

Portrait d’homme tenant un œillet et un gant
Barthel Bruyn l’Ancien, première moitié XVIe, Palais des Beaux Arts, Lille.

Ce gentilhomme, dont la blason n’a pas été identifié, tient en main un oeillet rouge : dans les pays germaniques, l’époux recherchait cette fleur, gage de virginité, sous les vêtements de son épouse. Celle-ci devait donc figurer à sa place traditionnelle, dans le volet droit aujourd’hui perdu ce ce diptyque de mariage
Le revers du portrait masculin montre un crâne avec un fémur, dépourvu de toute inscription.


Revers d'un triptyque louvre
Revers d’un triptyque, Louvre

Peut-être s’agissait-il d’un triptyque comme celui-ci, dont l’avers a été perdu.


sb-line

Diptyques conjugaux : autres artistes

sb-line

Portrait d'homme, vers 1520. Trier, Städlisches Museum Simenostift Portrait d'homme, vers 1520. Trier, Städlisches Museum Simenostift verso

Portrait d’homme,
Attribué à Pieter Gerritsz, vers 1520, Städlisches Museum Simeonstift, Trèves

Il s’agit ici encore d’une moitié de diptyque (ou de triptyque ?) où le crâne se trouve du côté masculin, avec « effet travelling ». L’inscription du revers est une partie de la devise latine ci-dessous :

Vis, pense à la mort, l’heure fuit

Vive, memor lethi, fugit hora

La même devise tripartite apparaît dans un autre portrait de Bruyn, voir La mort dissimulée (1/2) : par derrière



sb-line

Anoniem, Portret van Adriaen van den Broucke, genaamd Musch, Heer van Wildert Anoniem, Portret van Catharina Vrancx, echtgenote van Adriaen van den Broucke, genaamd Musch Stedelijk Museum Het Prinsenhof Delft

Portrait de Adriaen van den Broucke, dit Musch, Seigneur de Wildert et de son épouse Catharina Vrancx
Anonyme, 1500-1550, Stedelijk Museum Het Prinsenhof
Delft

Revers du panneau masculin

Anoniem, Anoniem, Portret van Adriaen van den Broucke, revers Stedelijk Museum Het Prinsenhof Delft

Le revers du portrait masculin montre encore un crâne et un fémur, avec une inscription que je n’ai pas pu déchiffrer :

Anoniem, Anoniem, Portret van Adriaen van den Broucke, revers Stedelijk Museum Het Prinsenhof Delft detail



sb-line

Portrait de Jacob Schwytzer et son épouse Elsbeth lochmann 1564 Tobias Stimmer , Bale Kunstmuseum

Portrait de Jacob Schwytzer et son épouse Elsbeth Lochmann
Tobias Stimmer, 1564 , Bale Kunstmuseum

Le panneau féminin était fixe et accroché au mur. Au revers du portrait masculin était figurée la mort tenant un sablier (aujourd’hui disparue), avec dans une banderole au dessus un poème en gothique exprimant que tout est poussière et qu’il faut espérer le séjour des Cieux.


sb-line

Heinrich Peyer et Barbara Schobinger, Abel et Tobias Stimmer,1566, detruit
Portraits de Heinrich Peyer et Barbara Schobinger, Abel et Tobias Stimmer,1566,
détruit en 1944, anciennement au musée Allerheiligen, Schaffhouse ([5]; p 201)

Heinrich Peyer et Barbara Schobinger, Abel et Tobias Stimmer,1566, detruit revers
Au revers du portrait de Barbara, 36 ans, une femme nue tient de la main gauche une horloge et touche de la main droite un crâne posé de face sur un guéridon. Le vase de fleurs fait écho à la petite fleur que tient Barbara au recto.L’inscription est la suivante :

« Rien n’est moins sûr que l’heure ».

Au revers de celui de Heinrich, 43 ans, un enfant assis par terre s’appuie du bras droit sur un crâne posé de profil, en tenant une pomme de la main gauche. L’inscription complète l’autre :

« Rien n’est plus sûr que la Mort ».

Par rapport aux squelettes culpabilisants du siècle précédent, les allégories du revers ont pratiquement perdu tout lien avec le Péché Originel : les fleurs et le fruit sont avant tout des symboles de fugacité et les scènes se réfèrent à l’activité emblématique de chaque sexe :

  • pour l’épouse embellir la maison (même si la beauté se fane) ;
  • pour l’homme faire des enfants (même si le fruit périt).



sb-line

Portrait d homme National Portrait Gallery Portrait d homme National Portrait Gallery reverse

Portrait d homme (autrefois dit de Richard Hooker), Anonyme, vers 1550, National Portrait Gallery

On ne sait pas grand chose sur ce portrait et son étonnant revers, avec son cadavre non pas inerte, mais en train de ressusciter. Il ne s’agit pas d’un panneau remployé (les deux faces ont été peintes en même temps) mais probablement du volet d’un retable privé, qui a de plus perdu une bande sur la droite [6]

De ce fait, au revers, seul le début du texte en hollandais a été conservée :

O HERE (O Dieu
ŇS INI (Notre -)
MET VWĒ (avec toi)


Le texte latin du cartouche,extrait du 112eme psaume, devait se poursuivre sur l’autre panneau :

je ne mourrai pas / mais je vivrai

NON MORIAR / SED VIVAM


Une reconstitution possible (SCOOP !)

La position de l’homme, à gauche, est la position normale du mari dans un diptyque conjugal. De plus, le fait que le buste barbu du recto et le corps barbu du verso regardent dans des directions opposées suggère fortement un dispositif « en médaille », dans laquelle les deux faces illustrent la même personne, dans le réel et dans l’idéal : soit, ici, vivante et ressuscitée.



Portrait d homme National Portrait Gallery reconstitution
Vu l’emplacement du point de fuite, il est fort probable que les revers étaient symétriques et que l’autre représentait l’épouse elle-aussi en train de ressusciter. Son dos un peu trop dénudé aurait pu lui valoir de disparaître, à une époque plus prude.


sb-line

Le pendant de couple de Ligozzi

Ce peintre italien connu pour ses dessins très réalistes d’animaux et de flore, puis pour ses allégories, a aussi une veine macabre : ces talents confondus ont produit un pendant tout à fait unique.


Jacopo Ligozzi, recto of male portrait, 1604, panel, private collectionPortrait d’homme Jacopo Ligozzi, recto of female portrait, 1604, panel, private collectionPortrait de femme

Jacopo Ligozzi, 1604, Collection privée

Dans ce double portrait, probablement réalisé pour un mariage, le jeune homme en manteau rouge tient  un bâton avec un phylactère, sur lequel est écrit, de manière énigmatique  « E mi che non ghi penso … la deridon<o> » : « et moi qui ne pense pas à eux… ils se moquent d’elle »

La jeune femme tient un bouquet et une gousse, portant l’inscription « fiori et baccelli » ( « être fleurs et gousses » est une expression signifiant « être en bonne santé »).

Ce que cette saine jeunesse ignore ou moque, c’est sa propre Mort, qui se cache au dos de chacun des panneaux.


Jacopo Ligozzi, Vanitas verso of male portrait, 1604, panel, private collectionVerso du Portrait d’homme Jacopo Ligozzi, Vanitas verso of female portrait, 1604, panel, private collectionVerso du Portrait de femme

Au dos du portait du jeune homme, une tête coupée, en état de décomposition avancée, est présentée sur un velours rouge qui rappelle son manteau Elle est entourée, dans la moitié haute,  par des symboles de la brièveté et de la finitude :  un couteau (la mort violente), un livre de comptes fermé, une libellule qui vole, une lanterne sourde éteinte, un sablier écoulé .La moitié basse montre que cette vie vaine a été dédiée aux plaisirs – fiasque renversée, pièces et bourses, dés,  jeu de cartes. Joy Kenseth [5] a remarqué que les quatre cartes visibles sont les plus basses de chaque « couleur ». Selon un manuel de jeu de tarot imprimé à Venise en 1545, cette suite  a une signification précise  :

« les épées rappellent la mort de ceux que le jeu a rendu fou, les bâtons le châtiment que méritent ceux qui trichent, les deniers l’appétit du jeu, les coupes le vin dans lequel les disputes des joueurs sont noyées ».

Ainsi les cartes sont les échos de certains des objets  environnants : le couteau près du livre (épées), les pièces (deniers), la fiasque (coupe). Manque le bâton, la punition du tricheur, peut-être remplacée ici par le crâne du chien, bien incapable désormais de garder  ou de mordre.

Côté féminin, la tête coupée a gardé sa tresse et sa perle à l’oreille, mais c’est une mouche vivante qui est posée sur son front. En dessous sont abandonnés un diadème doré et un collier de perles très semblables à ceux que la jeune fille portait de son vivant –  richesses qui font écho à la bourse et aux pièces du jeune homme. A la fiasque de vin correspond un flacon de parfum et aux cartes une boîte de fard : aux vices de la boisson et du jeu, pour les hommes, répond pour les femmes celui de la coquetterie. Un crâne de gazelle entouré de cordes (?) fait pendant au crâne de chien.

Mais c’est la moitié haute du pendant féminin qui est la plus extraordinaire : dans le miroir, une momie de chat superpose sa gueule hurlante au profil hurlant de la morte. On comprend que le miroir permet au chat de continuer , par delà la mort, à attaquer le cadavre de souris posé en bas sur le rebord ; mais il sert de la même manière  à la femme, dont l’oeil droit  intact nous reluque et dont la dentition nous décerne un rictus vorace, autrefois séducteur.



Diptyques de dévotion

Dans ce type de diptyque, un donateur est en prière face à une figure sacrée qui occupe en général la place d’honneur, sur le volet gauche (voir 3.1 Le diptyque de Marteen).

Du coup le crâne se retrouve mécaniquement au revers du donateur, comme une évocation de sa propre fin. Quelquefois, elle se décale au revers de l’image sainte, lorsque c’est le blason du donateur qui se trouve sur son revers.

Maitre de la Legende de Sainte Ursule 1480 Mintmuseum Maitre de la Legende de Sainte Ursule 1480 Mintmuseum verso

Maître de la Légende de Sainte Ursule, 1480, Mintmuseum, Charlotte

Ce panneau formait le volet gauche d’un diptyque de dévotion. Le donateur regarde vers la droite (où se trouvait probablement la Madone) tandis qu’au revers, le crâne en grisaille regarde vers la gauche   : il s’agit donc bien de son propre crâne, montré par l’effet « travelling ».

On comprend dès lors cet avertissement bien senti sur la vanité de la gloire :

Pourquoi, homme mortel, hausse-tu la tête, puisque tu mourras et seras chauve comme ce crâne.

Cur homo mortalis caput extruis at morieres en vertex talis sit modo calvus erit

On ignore en revanche pourquoi certaines lettres sont en rouge (CAPETRUSTOEN) : peut être l’anagramme du nom du donateur.



sb-line

1517 Mabuse diptyque Carondelet Louvre
Diptyque Carondelet
Jan Gossaert dit Mabuse, 1517, Louvre, Paris

L’iconographie complexe de ce diptyque ne peut être comprise que si on le voit en mouvement, en train de s’ouvrir ou de se fermer.

mabuse_diptyque_carondelet ouvert gauche mabuse_diptyque_carondelet ouvert droite

Voir 2 Le diptyque de Jean et Véronique pour comprendre, notamment, pourquoi le crâne de trouve au revers de l’image sainte.



sb-line

Master of the Legend of Mary Magdalene Mary with Child
Vierge à l’enfant allaitante, et portrait du moine chartreux Wilem Van Bibaut
Maître de la Légende de Marie-Madeleine, vers 1523, collection privée

L’analyse des bois (chêne pour la Vierge, noyer pour le portrait) suggère que le diptyque a été recomposé à partie de deux autres (ce qui explique pourquoi seul le revers du portrait est peint, ce qui est anormal pour un diptyque de dévotion portatif).



Master of the Legend of Mary Magdalene Cinq plaies du christ
Ce revers expose les Cinq plaies du Christ (mains, pieds et coeur représentant le coup de lance), une dévotion courante à l’époque et pas spécifiquement monastique. Le calice a pu être ajouté en écho au panneau de la Vierge, pour opposer le sang au lait. De même, l’emplacement du crâne d’Adam en bas à gauche (la direction vers laquelle regarde l’Enfant) suggère que le revers a été conçu en tenant compte de la superposition des panneaux : fermer le diptyque, c’est clore l’histoire, et faire coïncider la Passion avec l’Enfance.


sb-line

Barthel Bruyn le Jeune Diptyque de Peter Ulner 1560 Provinzial Museum Bonn

Diptyque de Peter Ulner
Barthel Bruyn le Jeune, 1560, Provinzial Museum Bonn

A la confession inscrite sur le cadre de Peter :

« Pieux je ne suis, ce dont je souffre. j’avoue mon péché, je cherche la Grâce dans le temps.
Au Christ je crois, serviteur inutile. Seul son sang me rend juste. »

répond l’Inscription sur le cadre du Christ :

« Mais toi, tu m’as été à charge par tes péchés, tu m’as fatigué par tes iniquités. C’est moi, c’est moi qui efface tes fautes pour l’amour de moi, et je ne me souviendrai plus de tes péchés ». Isaïe, 43, 23-24.

.

v

Revers du volet du Christ

Le fils de Barthel Bruyn reprend la tradition familiale du revers avec crâne. Celui-ci a été largement repeint et complété au XVIIème siècle pour en faire une véritable nature morte : entre la bougie éteinte et le sablier (deux images du temps écoulé), le crâne avec ses deux orbites vides rivalise avec la coquille et ses deux bulles de savon, globes éphémères incapables de remplacer les yeux absents.



Les revers macabres de Jan Provoost

Jan_provost,_Donor with St Nicholas and his Wife with St Godelina_1515-1521_ca._02 Jan_provost,_Donor with St Nicholas and his Wife with St Godelina_1515-1521_ca._05

Saint Nicolas avec un donateur, Sainte Godelieve avec son épouse
Jan Proovost, vers 1515, Groeninge Museum, Bruges

On a perdu le panneau central de ce triptyque, probablement une Madone comme dans le triptyque postérieur que nous analyserons un peu plus loin. Les paysages à l’arrière-plan montrent des épisodes de la vie des deux patrons :

  • Saint Nicolas convainc les matelots de lui laisser un peu de blé (à leur arrivée à bon port, il leur en restera miraculeusement autant qu’avant) ; le port est celui d’Anvers, avec la cathédrale Notre Dame en construction ;
  • Sainte Godelieve étranglée par les deux serviteurs de son mari.


L’avare et la mort (revers)

Jan_Provoost_-_Death_and_the_Miser Groeninge Museum, Bruges
Le revers montre un memento mori dont le sens précis n’est pas connu (le texte du livre, surchargés de blanc, es- devenu indéchiffrable, celui du billet n’est que partiellement lisible [7])

L’idée générale semble être que le banquier a vendu son âme à la mort. Les trois index tendus ponctuent l’histoire :

  • celui du banquier montre le livre où il a noté la transaction ;
  • celui de la Mort montre la reconnaissance de dettes qu’il lui tend ;
  • celui du troisième homme (un autoportrait du peintre ?) lui intime d’interrompre son geste : la Mort n’a pas encore fini de déposer sur la table les pièces qu’elle cache dans sa main.

Il reste dans le tableau des subtilités qui nous échappent : sac de pièces d’argent s’opposant aux pièces en or, figure en croix que forment les pièces sur la table.


sb-line

Jan Provoost 1522 Diptyque christ Sint Janshospitaal Bruges Jan Provoost 1522 Diptyque franciscain Sint Janshospitaal Bruges

Diptyque avec Christ portant sa croix et un frère mineur
Jan Provoost, 1522, SintJanshospitaal, Bruges

Un frère franciscain joint les mains, en contemplation et en imitation du Christ aux outrages, sur la gauche duquel on voit les visages en pleurs de Saint Jean et de la Vierge Marie.

L’inscription du haut contient un rébus et un jeu de mots en latin:

La <corde> de François a tiré à lui

de nombreux <coeurs>.

FRANCISCI <chorda > TRAXIT 

AD SE PLURIMA <corda>


La corde invisible (SCOOP !)

Cette corde franciscaine est également celle qui, liant les mains de Jésus, tire par un lien invisible les mains jointes du frère mineur.


Le crâne et son rébus (SCOOP ! )

Jan Provoost 1522 Diptyque crane Sint Janshospitaal Bruges Jan Provoost 1522 Diptyque porphyre Sint Janshospitaal Bruges

Au revers de son portrait, son crâne (toujours l’effet travelling) contemple la plaque de porphyre rouge et noir qui matérialise les douleurs de Jésus.

Voici une nouvelle interprétation du rébus très énigmatique qui entoure le crâne :

Jan Provoost 1522 Diptyque rebus Sint Janshospitaal Bruges

La clé d’ut suivie d’un bémol, en haut à droite, doit se lire comme une clé de sol. Le crâne fait partie du rébus et remplace le mot Mort (tout comme la corde et les coeurs complétaient la phrase du recto). Ce qui donne :

« Il m’est amer de penser à la mort, il est bon de penser à moi (de se souvenir de moi) ».

On peut imaginer que celui qui parle est Jésus : la première phrase fait parler le panneau de gauche (la Passion), la seconde celui de droite (la Consolation).


Dans un très intéressant article sur les rébus macabres, Guillaume Bunel [7a] a proposé récemment un nouveau décryptage, en considérant que le premier dessin n’est pas un « amer », mais une « lame » (pierre tombale) et en modifiant la lecture des notes, ce qui donne :

« L’âme est la pensée de remords, Bon est de penser à la mort. »



sb-line

1525 ca Jan Provoost triptych-virgin-and-child-with-saints-and-donors Royal Collection Trust

Vierge à l’Enfant entre Saint Bernard et saint Benoît , Saint Jean Baptiste avec un donateur, Sainte Marthe avec son épouse
Jan Provoost, vers 1525, Royal Collection Trust

Pour la question des donateurs dans les triptyques flamands, voir 6-7 …dans les Pays du Nord. C’est ici le revers qui nous intéresse.



1525 ca Jan Provoost triptych-virgin-and-child-with-saints-and-donors Royal Collection Trust revers
Dans ce memento mori, un banquier tout à fait semblable à celui du triptyque de 1515 fait avec sa main droite des calculs à l’aide de jetons en cuivre, tout en élevant de la gauche un crâne au niveau de sa tête. Un sac d’or à gauche du crâne donne l’illusion d’une épaule : comme si la Mort en personne s’était assise en face de lui.


Trois optiques différentes (SCOOP !)

Originellement, le banquier portait des lunettes, soulignant sa courte vue [8] ; à l’opposé, le flacon d’eau pure à côté du crâne symbolise la lucidité. Au centre, le disque rouge presque complètement occulté par la cadre est un miroir dans lequel le spectateur est invité à se contempler en vérité.

De part et d’autre, la gravure de saint Hubert et le tableau de change illustrent deux types opposés de conversion : celle de l’âme et celle de l’argent.


sb-line

Jan_Provost_Valenciennes_avers_Saint_Jean_et_le_chanoine_donateurSaint Jean Baptiste avec un chanoine donateur (avers) Jan_Provost_Valenciennes_gisant_revers_Saint_Jean_et_le_chanoine_donateurGisant du chanoine (revers)

Jan Provoost, Musée des Beaux Arts de Valenciennes [9]

Ce panneau, retrouvé par hasard dans un confessionnal, formait certainement le volet mobile d’un diptyque. Le vers inscrit sur le phylactère (sélectionné dans un texte plus long qu’on retrouve dans d’autres épitaphes [10]) suggère que le panneau fixe représentait le Christ :

Donne à tous le repos, mon Dieu, à ceux enterrés ici et ailleurs,
pour qu’ils soient en repos grâce à tes cinq blessures.

Da requiem cunctis Deus hic et ubique sepultis,
Ut Sint in requie propter tu vulnera quinque.

Le donateur est un chanoine inconnu, la palme le désigne comme ayant effectué le pèlerinage en Terre Sainte. Sa physionomie est la même que celle du gisant, allongé sur une natte formant oreiller.

Il serait logique que l’ouverture du diptyque fasse apparaître un Christ ressuscité, prié par le chanoine lui aussi ressuscité, par le miracle de la peinture.



Triptyques de dévotion

The_Braque_Triptych_interior

Triptyque Braque, Rogier van der Weyden, vers 1452, Louvre, Paris

Ce triptyque de dévotion privée fut commandé par Catherine de Brabant en mémoire de son époux, Jehan Braque de Tournai, brutalement décédé en 1452.

.

van_der_weyden triptyque braque fermé

Le crâne

Le panneau de gauche constitue un des tous premiers exemples de représentation d’un crâne comme sujet d’un revers, et pourrait être, selon Charles Sterling, le précurseur du genre de la Vanité [11] : ce que confirment, en haut et en bas du panneau, les paroles inscrites en caractères comme gravés dans la pierre :

« Regardez-vous ici, orgueilleux et avares. Mon corps fut beau, il est désormais la nourriture des vers. »

« Mires vous ci orgueilleux et avers. Mon corps fu beaux ore est viande a [vers] » 

Dans cette toute première occurrence, le statut du crâne pose problème :

  • s’agit-il de celui du défunt , comme le laissent penser les armoiries de la famille Braque et le fait qu’il soit situé au revers du panneau de son saint patron, Saint Jean Baptiste ?
  • s’agit-il d’un Mort générique, qui interpelle le passant avec les paroles gravées comme sur une tombe ?
  • s’agit-il du crâne d’Adam, qui complète la croix du panneau de droite ?

.

La brique

Selon l’interprétation retenue, on verra donc dans la brique brisée :

  • le symbole de la fin de toute dynastie, à l’attention des descendants de Jean Braque ;
  • un avertissement général sur le chute de toute construction humaine ;
  • une allusion au rocher du Golgotha.

.hop]

Le panneau droit et la croix

La croix porte une inscription latine tirée de l’Ecclésiaste (XLI, 1-2) :

Ô mort, que ton souvenir est amer à l’homme juste et qui vit en paix au sein de ses richesses, à l’homme exempt de soucis et qui prospère en tout, et qui est encore en état de goûter le plaisir de la table.

Ecclesiaste 41

O mors quam amara est memoria tua homin(i)iusto et pacem habente in substanciis suis viro quieto et cuius die directe sunt in omnibus et ad huc valenti accipere cibum. Eccl. xli.

Cette croix remplie de regrets peut être considérée comme représentant Catherine elle-même, d’autant que les armoiries de Brabant, en bas à droite de l’écu, comportent la même croix ancrée.

Van der Weyden aurait donc utilisé la latéralité habituelle des calvaires (où Marie-Madeleine la pécheresse est le plus souvent placée du mauvais côté de Jésus) pour faire du triptyque refermé un des tous premiers exemples de diptyque conjugal posthume avec, sous forme d’emblèmes, le défunt mari à gauche et sa veuve inconsolable à droite.



sb-line

Triptyque avec St Jean Baptiste St Jerome et St Antoine ap 1496 Suermondt-Ludwig-Museum, Aachen

Triptyque avec St Jean Baptiste, St Jérôme et St Antoine, après 1496, Suermondt-Ludwig-Museum, Aachen

Le recto associe trois saints connus pour leur vie ascétique dans le désert, chacun accompagné de son animal-fétiche : l’agneau, le lion et le cochon.

A noter plusieurs détails amusants :

  • à gauche le sous-vêtement en fourrure qui dépasse en une sorte de queue ;
  • au centre le tronc étêté servant de portemanteau, et dont la branche en Y fait écho aux bras du Christ ;
  • à droite le petit démon voleur de calice.


Triptyque avec St Jean Baptiste St Jerome et St Antoine ap 1496 Suermondt-Ludwig-Museum, Aachen reverse

Une fois fermé, le revers montre Moïse tenant les tables de la Loi au dessus d’un cadavre enveloppé dans son suaire.

Ouvrir le triptyque, c’est passer du monde de l’Ancien Testament, en grisaille et marqué par la mort,

à celui du Nouveau, coloré par l’espérance.



sb-line

KREUZIGUNGSTRIPTYCHON MIT DEN STIFTERN NIKOLAUS HUMBRACHT UND GREDA BRUN, Frankfurt am Main, Stadel Museum avers
Triptyque de la Crucifixion avec les donateurs Nikolaus Humbracht et Greda Brun, Meister von Frankfurt, 1504, Städel Museum, Francfort

Revers

Triptyque 1506 Frankfurt am Main, Stadel Museum revers

Même dispositif avec un gisant sur le revers. Il n’y plus d’allusion à l’Ancien Testament mais une simple exhortation à penser à la mort : COGITA + MORI.

Au-dessus, une longue banderole porte le distique suivant :

Vous qui passez, je demande que vous vous souveniez de nous :
ce que nous sommes vous le serez,
nous fûmes tantôt ce que vous êtes.

VOS + QVI + TRANCITIS + NOSTRE + MEMORES + ROGO + SITIS
QVOD + SVMVS + HOC + ERITIS + FVIMVS +
QVANDOQVE + QVOD + ESTIS +


Masaccio Fresque de la Trinite 1426-28 Santa Maria Novella a Firenze

Fresque de la Trinité
Masaccio, 1426-28, Santa Maria Novella, Florence

La composition s’inspire clairement de la fresque de Masaccio, dont l’histoire est assez mouvementée : cachée en 1568 par un autel de Vasari, elle fut redécouverte et transposée sur toile en deux temps : le haut en 1860 et le gisant en 1950 seulement. A l’origine, un autel en bois à deux colonnes faisait saillie au dessus de celui-ci, accentuant l’effet de crypte.[12]

Au dessus du squelette est inscrite la même maxime en italien :

« Io fui gia quel che voi siete e quel ch’io sono voi ancor sarete ».

Sous diverses formes, cette maxime servait déjà comme épitaphe à l’époque romaine [13]. Il s’agirait d’un chant spartiate compris dans un tout autre sens : la continuité de la patrie. Mais je n’ai pu retrouver la source de cette assertion de Renan, dans sa célèbre conférence, de 1882 « Qu’est ce qu’une nation ».


Références :
[1] Sur l’histoire mouvementée de ce portrait et sur son identification grâce aux armories sur la chevalière, voir https://visionsofthenorthconference.wordpress.com/barthel-bruyn/ et https://www.christies.com/lotfinder/paintings/barthel-bruyn-i-portrait-of-gerhard-von-5155173-details.aspx
[2] Mon interprétation complète et prolonge les explications de R. Krischel sur le site du musée : https://museenkoeln.de/portal/bild-der-woche.aspx?bdw=2009_22
[3] Dialogue dans lequel la Mort répond à César. Varia Sebastian Brant Carmina, Olpe, 1498. Cité dans Zeitschrift für Museologie und Antiquitätenkunde sowie verwandte Wissenschaften, 1882, p 115 http://digital.slub-dresden.de/id407977015-18820000
[4] La citation exacte est « Esto memor quod pulvis eris,& vermibus esca. In gelida putris quando jacebis humo »
https://books.google.fr/books?id=7NfODFURNjkC&pg=PA593&dq=gelida+putris&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiH48q0iPXcAhWwzYUKHZE5CW0Q6AEIVTAI#v=snippet&q=gelida&f=false
[5] Marianne Bournet-Bacot, Le portrait de couple en Allemagne à la Renaissance, 2015
[6a] Joy Kenseth, « Two Pendant Portraits by Jacopo Ligozzi » The Burlington Magazine , Vol. 129, No. 1006 (Jan., 1987), pp. 12-16 http://www.jstor.org/stable/882885
[7] Il nomme cependant le banquier comme étant Jan Lanckart (un homme connu pour avoir vendu son âme au diable) et insiste sur le geste des doigts :
« Ic Jan Labnckart kenne ontfaen / hebben van Leunis papp … / van Sarck ronddragen…/ offremits XLB … daat / zoe est ghewyst wel vernoughet / toirc. / van desen / by my lanckart »
[7a] Guillaume Bunel « Crânes, notes de musique et surprises macabres : les rébus-vanités à la Renaissance » dans Réforme, Humanisme, Renaissance 2023/1 (N° 96) p 63-96 https://www.cairn.info/revue-reforme-humanisme-renaissance-2023-1-page-63.htm
[10] ] Reinhard Lamp, « Florilegium: Four Sepulchral Brasses to Civilians John Asger (senior), d. 27.2.1436 », Norwich, NorfolkPegasus-Onlinezeitschrift XIV (2014), Heft 1   http://www.pegasus-onlinezeitschrift.de/2014_1/pegasus_2014-1_lamp-en_druck.pdf
[13] « The Epitaph of Alcuin: A Model of Carolingian Epigraphy » Luitpold Wallach, Speculum, Vol. 30, No. 3 (Jul., 1955), pp. 367-373 https://www.jstor.org/stable/2848075

Aucun commentaire to “La mort recto-verso : diptyques, triptyques”

Leave a Reply

(required)

(required)