2 Thomas dans le texte
L’épisode de l’incrédulité de Thomas est raconté en dix phrases dans l’Evangile. Dix phrases denses où chaque mot compte, une histoire apparemment simple mais qui a donné du fil à retordre aux théologiens et du blé à moudre aux sceptiques : l’enjeu n’étant rien moins que la preuve médico-légale de la résurrection du Christ…
Ceux qui croient à la résurrection, ainsi que ceux qui n’y croient pas, peuvent sauter à la page suivante. Les autres trouveront quelque intérêt à cette analyse de doutes…
L’incrédulité de Saint Thomas,
Dürer, Petite Passion sur bois, 1509-1511
L’épisode de l’incrédulité de Thomas : son enjeu
On savait que le tombeau était vide. On savait que Jésus avait parlé à Marie de Magdala, qui l’avait tout d’abord pris pour un jardinier avant de le reconnaître :
« Jésus lui dit: « Ne me touchez point (noli me tangere) car je ne suis pas encore remonté vers mon Père. Mais allez à mes frères, et dites-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu, et votre Dieu. » Marie-Madeleine alla annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses. » (Jean 20,17)
Une apparition qui prévient qu’on ne peut pas la toucher, et qui n’apparaît qu’à une seule personne (qui plus est une femme), c’est une présomption, mais pas une preuve.
Thomas va arriver à point nommé pour confirmer la réalité tangible de la Résurrection.
Le schéma rhétorique
Jean raconte l’épisode selon un schéma en trois temps bien connu.
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- 1) L’Exposition des faits (Jean 19 à 23) : Thomas est absent, les portes sont fermées : Jésus apparaît aux autres disciples, leur montre ses plaies, et leur insuffle l’Esprit Saint.
- 2) La Contestation (Jean 24,25) : Thomas ne veut pas les croire et pose ses conditions « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, je ne croirai point. »
- 3) La Confusion du contradicteur (Jean 26 à 29) : Huit jour après, Jésus apparaît à nouveau et prend Thomas au mot : « Mets ici ton doigt, et regarde mes mains; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois plus incrédule, mais croyant. »
Une gradation dans le merveilleux
- Merveille N°1 : Jésus traverse les portes
- Merveille N°2 : On peut voir ses plaies
- Merveille N°3 : Jésus répète mot pour mot la phrase de Thomas (car Dieu est omniscient)
- Merveille N°4 : On peut toucher ses plaies
La merveille N° 5
Seuls de très grands artistes (Caravage, Dürer) se sont risqués à montrer la réciproque, qui ne figure pas dans le texte de Saint Jean :
- Merveille N°5 : non seulement on peut toucher le Ressuscité, mais lui-aussi peut vous toucher.
Mais, comme souvent dans le surnaturel, une série de merveilles peut cacher une série de problèmes...
Le problème de l’absence de Thomas
Sur ce point, les exégètes ont relevé une discordance avec un autre passage des Evangiles :
« On peut se demander pourquoi saint Jean nous dit que Thomas était alors absent, tandis que saint Luc rapporte que les deux disciples qui revenaient d’Emmaüs à Jérusalem trouvèrent les onze réunis ». Catena Aurea 14019, Bède
Bède le Vénérable n’a pas de peine à répondre aussitôt à sa propre objection :
« Cette difficulté s’explique en admettant qu’il y eut un intervalle pendant lequel Thomas sortit pour un instant, et que ce fut alors que Jésus se présenta au milieu de ses disciples. »
Le problème des plaies
Comme l’a bien noté Chrysostome , c’était là le point le plus dur à avaler pour Thomas :
« D’où avait-il appris que le côté avait été ouvert? Des disciples. Pourquoi crut il à une chose (l’apparition) sans croire à l’autre (les plaies) ? Parce que cette seconde chose était, de beaucoup, ce qu’il y avait de plus surprenant. » Chrysostome sur Jean 86
En effet, comme s’en étonne Saint Grégoire, la Résurrection n’aurait-elle pas dû effacer les plaies ?
« Nous voyons ici deux faits merveilleux et qui paraissent devoir s’exclure, à ne consulter que la raison; d’un côté, le corps de Jésus ressuscité est incorruptible, et de l’autre cependant, il est accessible au toucher. Or, ce qui peut se toucher doit nécessairement se corrompre, et ce qui est impalpable ne peut être sujet à la corruption. » Saint Grégoire, Homélie 20.
Et sa solution
Réflexion faite, Saint Grégoire considère qu’on peut à la fois être subtil et palpable :
« Après la gloire de la résurrection, notre corps deviendra subtil par un effet de la puissance spirituelle dont il sera revêtu, mais il demeurera palpable en vertu de sa nature première. » Saint Grégoire (Morale, 14, 39)
La fonction pédagogique des plaies
Chrysostome pense qu’elles sont destinée spécifiquement à convaincre Thomas :
« Le voyant après sa résurrection avec les cicatrices de ses plaies, nous ne dirons pas pour cela que son corps soit corruptible. Le Sauveur ne fait paraître ces cicatrices que pour guérir la maladie de son disciple. » Chrysostome sur Jean 86
Saint Augustin précise qu’elles servent à convaincre tous les disciples :
« Les clous avaient percé ses mains, la lance avait ouvert son côté, et il avait voulu conserver les cicatrices de ses blessures pour guérir de la plaie du doute le coeur de ses disciples« . Catena Aurea 14019,S. Saint Augustin
Ou encore à convaincre l’ensemble des incroyants :
« Jésus aurait pu, s’il avait voulu, faire disparaître de son corps ressuscité et glorifié toute marque de cicatrice, mais il savait les raisons pour lesquelles il conservait ces cicatrices dans son corps. De même qu’il les a montrées à Thomas… ainsi il montrera un jour ces mêmes blessures à ses ennemis… pour qu’ils soient convaincus » Catena Aurea 14019, Saint Augustin, (du symb. aux catéch., 2, 8).
Le problème du verbe voir
« Parce que tu m’as vu, tu as cru » : Jésus n’aurait-il pas dû plutôt dire : « Parce que tu m’as touché » ? Car tous les disciples ont vu les plaies, mais Thomas est le seul qui les a touchées.
Et sa solution (relative)
L’emploi étrange de ce verbe a été remarqué par beaucoup. Il a particulièrement gêné Saint Augustin, qui lui consacre des explications embrouillées (Saint Augustin sur Jean, 120ème traité).
D’abord, il soutient qu’il faut comprendre « voir » dans le sens général de « constater » :
« la vue est comme un sens général qui, dans le langage ordinaire, comprend les quatre autres sens.… touche et vois comme cet objet est chaud ».
Ensuite, il fait remarquer que l’invitation de Jésus : « Mets ici ton doigt, et regarde mes mains » se résume en « Touche et vois ». Puisque « Thomas n’avait pas d’yeux au doigt« , il s’agit de deux actions indépendantes, donc équivalentes. Du coup, la phrase de Jésus devient « Parce que (soit en me regardant, soit en me touchant), tu m’as vu, tu as cru ».
Juste après, il multiplie les double négations pour réfuter, semble-t-il, ceux qui penseraient que Thomas a vu, mais sans toucher :
« Quoique le Sauveur offrit à son disciple de le toucher, on ne peut néanmoins dire que celui-ci n’osa pas le faire; car il n’est pas écrit que Thomas le toucha. »
A la fin du passage, il botte en touche :
« Mais qu’en le regardant ou en le touchant, Thomas ait vu son Maître et ait cru, peu importe ».
Le problème du passé composé
La conclusion de l’épisode : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » pose également question : de qui parle Jésus ?
Pour Théophyle, il s’agit des autres disciples :
« Notre-Seigneur désigne ici ceux de ses disciples qui ont cru sans toucher les blessures faites par les clous et la plaie du côté. » Théophyle, Catena Aurea 14019
Ce qui suppose, là encore, de lire « touché » à la place de « vu« .
Saint Augustin pense que Jésus parle des futurs chrétiens : ceux qui n’auront pas vu mais qui croiront. Plus pointilleux sur la grammaire que Théophyle, il explique que Jésus en parle au passé composé
« parce que, d’après les desseins de sa providence, le Seigneur regardait déjà comme fait ce qui devait avoir lieu plus tard ».
Il ne semble pas très convaincu lui-même car il conclut par un voeu pieux et un renvoi aux calendes :
« Mais nous ne devons point donner à ce discours une plus grande étendue ; un autre jour, Dieu nous fera la grâce d’expliquer ce qui reste. » Saint Augustin sur Jean , 120ème traité
En avocat habile, Jean a construit son texte, sobrement et efficacement, en vue d’une administration graduelle de la preuve : pour commencer, témoignage visuel d’une seule personne (Marie Madeleine), puis témoignage visuel de plusieurs personnes, puis identification post mortem par un signe particulier (les plaies), pour enfin emporter définitivement la conviction grâce au témoignage tactile de Thomas.
C’est sans doute cette progression dramatique qui fait que l’histoire semble claire à tout le monde et que personne, même le pointilleux Saint Augustin, ne souhaite finalement s’appesantir sur les ambiguïtés du texte.
il est étonnant que Jésus réssuscité dise à Marie de Magdala « veuille ne pas me toucher » et qu’ildise le contraire aux disciples; Pourquoi cette différence?
dans le cas de Marie de MAgdala il s’agit d’une personne à qui la foi donne la vision du C hrist ,dans la vue d’un jardinier ; iln’est donc pas nécéssaire de faire confirmer par les sensations corporelles la réalité de la vision
( laé vision est une réalité spirituelle ,aussi nréelle que la neuvième symphonie dans la tête de Bethoven, avant toute transcription matérielle)
En revanche les apOtres qui ne ne croient pas à la résurection, et qui discutent même ce point avec le Christ leur apparaissant, ne peuvent croire qu’aux données des sens, c’est à dire à la vue et au toucher
pourquoi Marie de Magdala a t elle pu croire? POUrquoi a t elle bén »ficié d’un traitement de faveur par rapport aux ap^tres? Parceque elle avait bénéficié dde la libération des sept esprits mauvais par Jésus; De ce fait elle était mise au rang d’Eve avant la chute car les « sept esprits mauvais » sont inhérents à la nature humaine.Aucun apôtre n’a bénéficié de cette grâce ; d’où l’incroyance de