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Retable de Mérode : menu

4 Comments to “Retable de Mérode : menu”

  1. Vos développements qui embrassent les controverses des historiens de l’art sont passionnants. Vous avez fait le tour des nombreuses hypothèses et conclusions auxquelles finalement les historiens semblent s’accorder. Pour ma part je m’interroge,à propos du panneau central sur la dissymétrie des pans de la serviette avec un pan sans franges côté ange et avec franges côté Marie. N’est-ce pas une allusion au châle juif de prière, le talit, l’absence de franges indiquant le passage au nouveau testament. Je n’ai pas trouvé non plus d’explication convaincante au personnage rouge de l’embout du porte serviette. Sur le panneau « Joseph » et ses pièges à diable, je suis embarassé par la perspective vers l’extérieur. Tout donne à penser que la pièce se situe à un premier étage au vu des personnages en contrebas. Du coup l’éventaire avec la souricière me semble être un rajout pour en remettre une couche sur la symbolique des pièges à diable. Enfin, quelles sont les mouchetures blanches sur les vêtements noirs des personnages? D’aucuns ont parlé de flocons de neige. Cela me paraît douteux. Ne s’agit-il pas d’éléments brillants portés sur des habits de deuil?

    • Merci pour vos remarques

      Concernant le lien entre la serviette et la talit, je suis bien d’accord avec vous (cf https://artifexinopere.com/blog/interpr/peintres/campin/4-4-derniers-instants-de-lancien-testament/ )
      « Elle est suspendue en deux moitiés. La partie gauche, sur laquelle on voit encore la marque des plis de repassage, sèche à la lumière du Nouveau Testament. La partie droite reste humide, dans l’ombre de l’Ancien. Ceci explique par ailleurs le détail, jamais commenté, des franges qui n’apparaissent que sur la partie arrière, humide, de la serviette : elles font allusion aux franges du talit, le châle rituel juif. Ainsi la serviette, posée sur la figure rayonnante d’un Dieu unique, représente de manière convaincante les deux faces, nouvelle et ancienne, d’une même obéissance.

      L’impression que le magasin serait situé au premier étage résulte simplement de la perspective plongeante. Cette idée n’est pas compatible avec la porte, et ferait de l’étal un objet purement symbolique, alors qu’il est un élément-clé du piège tendu au diable (voir https://artifexinopere.com/blog/interpr/peintres/campin/5-1-mise-en-scene-dun-mystere-sacre/ )

      Sur les mouchetures blanches, j’ai lu cela, mais je n’ai pas d’opinion. Neige, vêtement de deuil ou simple artefact de restauration, cela ne me semble rien ajouter à la compréhension de l’ensemble. Campin utilise des symboles bien visibles (même s’ils ne sont pas toujours reconnus comme tels), pas des microdétails.

  2. SEVESTRE Philippe

    Il n’en demeure pas moins que quelque chose cloche pour l’oeil en raison de la perspective plongeante choisie pour représenter le paysage urbain. Avec la meilleure volonté du monde, il est impossible depuis un rez de chaussée de représenter des maisons en vue aérienne oblique. Je ne m’explique pas ce choix à moins que l’auteur se soit servi d’un croquis urbain préexistant à l’espace décrit dans l’atelier. Les personnages, éloignés de l’atelier, vaquent à leurs occupations ou dialoguent sans prêter attention au fait que le diable est dans la boîte. Si c’était ça le résultat escompté la question de la perspective reste secondaire.

    • Vous avez raison d’un point de vue optique mais les primitifs flamands représentent conventionnellement les villes en vue plongeante : voir l’arrière-plan de la Nativité du triptyque Bladelin, de Van der Weyden, et surtout la ville à l’arrière- plan de la Nativité de Dijon, de Campin, où même la forteresse est vue de haut, alors qu’elle est bien au-dessus de la crèche.

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