Les premiers diptyques religieux
A partir de 1450 commencent à se développer, dans les pays du Nord, des diptyques dévotionnels mettant en scène
- un donateur priant un personnage sacré, le plus souvent la Madone (voir 6-7 …dans les Pays du Nord)
- la Vierge et le Christ (voir Pendants solo Christ-Marie )
Cet article traite d’un cas bien plus rare : quelques diptyques du XVème siècle qui fonctionnent sur la mise en parallèle de deux scènes sacrées.
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Le diptyque de Saint Pétersbourg
La Trinité
Robert Campin, vers 1430, Ermitage, Saint Pétersbourg
Le Père soutient des deux mains le Christ, qui repose entièrement sur son genou droit. Il regarde du coin de l’oeil son Fils, lequel baisse le regard vers la plaie de son flanc, autour duquel sa main droite est crispé : il ne s’agit donc pas d’un cadavre, mais d’un Christ de Pitié, figé dans l’Eternité de sa souffrance.
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Les figurines féminines du trône sont :
- du côté où penche le Christ, l’Eglise avec son étendard , son ciboire et une hostie ;
- du côté vide, la Synagogue avec ses yeux bandés et sa lance brisée.
Les deux font système avec la plaie du flanc : l’étendard cruciforme venge la lance qui l’a percé.
Les deux figurines animales montrent un rapport de filiation :
- à gauche, le Pélican nourrit ses enfants de sa propre chair : symbole de l’Eucharistie qui complète le ciboire et l’hostie ;
- à droite la Lionne ranime de son souffle ses lionceaux le troisième jour après leur naissance, symbole de la Résurrection.

Le Pélican fait pendant, de part et d’autre de la tête du Christ, avec la Colombe du Saint Esprit : manière de signifier que ce dernier intervient dans le sacrement de la Communion.

De l’autre côté, il n’y a rien en revanche entre le Père et la Lionne : manière de dire que la Résurrection procède directement de Dieu.
Ce Père impénétrable, ce Fils qui n’est ni mort ni vivant, ce trône circulaire avec ses figurines symboliques, ce drap d’honneur dont les deux pans ne sont suspendus à rien, font de cette image une construction essentiellement théorique, une icône, un support de méditation.
Vierge à l’enfant près d’une cheminée
Robert Campin, vers 1430, Ermitage, Saint Pétersbourg
Bien différente est la scène qui lui fait pendant, ici et maintenant, dans le confort d’une chambre flamande. Assise au sol sur des coussins, la Vierge a posé son Fils sur la doublure fourrée d’hermine de sa robe.

Elle s’est même déchaussée pour profiter de la chaleur.

Le geste ambigu de sa main a été diversement interprété : va-t-elle fesser le bébé, vérifie-t-elle que le feu n’est pas trop chaud, ou se chauffe-t-elle la main avant de caresser l’enfant ? Seule une lecture d’ensemble nous donnera la réponse.
On sait depuis Panofsky que, chez Robert Campin, les objets du quotidien sont les ingrédients d’un « symbolisme déguisé ». Mais pour éviter les travers de cette théorie du soupçon, il importe de les considérer non pas isolément, mais comme s’intégrant – ou pas – dans l’ensemble de la composition.
Une composition rigoureuse (SCOOP !)

C’est parce qu’elle est placée à l’aplomb de l’Enfant que la fenêtre à meneaux peut être lue comme l’anticipation de la Croix. De même, c’est leur place de part et d’autre de cette verticale qui fait que le feu et le bassin d’eau d’une part, la suie et la serviette blanche de l’autre, fonctionnent ici comme des couples de contraires (pour une utilisation de ces mêmes objets au profit d’une construction symbolique bien plus complexe, voir 1.2 A la loupe : le panneau central).
La cheminée, brûlante et sale, représente ici le Péché originel, et le bassin et la serviette évoquent ce qui le contrecarre, à savoir le Baptême et la Rédemption que Jésus a offerts à l’Homme.

Du coup, la figurine masculine sur laquelle les commentateurs ne s’étendent pas représente l’Homme après la Chute et avant le Rachat : exactement la même valeur symbolique que les figurines de la cheminée dans le retable de Mérode (voir 4.4 Derniers instants de l’Ancien Testament ).
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Une fois les deux panneaux compris isolément, reste à les faire fonctionner en diptyque .
A première vue, les deux climats – espace théorique intemporel et espace quotidien d’un hiver dans les Flandres – forment un tel contraste graphique qu’on pourrait penser à la juxtaposition forcée de deux scènes conçues indépendamment.
Pourtant des correspondances discrètes prouvent la conception en diptyque :
- le Père porte un manteau bleu sur une robe rouge, la Mère porte les mêmes couleurs, inversées ;
- les deux parents regardent leur Fils du coin de l’oeil ;

- d’une certaine manière, la position du Fils anticipe celle qui sera la sienne après la Mort.
Le geste de la main droite de Marie ne s’arrête pas à la cheminée : il repousse le destin du Crucifié tel que nous le montre le panneau de gauche. Il s’agirait donc d’un motif « not yet » selon l’expression de Leo Steinberg ( [1] , p 604), « encore un instant Monsieur le Bourreau ».

Dans cette vision d’ensemble, en miroir :
- le lange anticipe le linceul ;
- le corps tendu vers la droite de l’Enfant fait écho au corps tombant vers la gauche du Christ ;
- les objets baptismaux, sur le bord droit, font écho à l’Eglise, sur le bord gauche ;
- au centre, les flammes infernales voisinent avec la Synagogue.
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Les diptyques de la Déploration
Cette formule très particulière, où le volet de droite montre la douleur de la Vierge, se développe en Flandres à partir d’une idée de Van Der Goes.
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Diptyque de la Chute et de la Lamentation
Hugo van der Goes, 1467-68 , Kunsthistorisches Museum, Vienne
A la différence du diptyque de Campin, on ne décèle pas ici de conception d’ensemble. L’appariement des deux sujets est purement théologique : opposer à la Chute de l’Homme sa conséquence, le sacrifice du Christ.
Les seuls éléments qui se répondent sont donc :
- l’Arbre du Péché Originel, au bas d’un paysage paradisiaque, sous un ciel estival,
- la Croix faite du même bois, en haut d’une colline tragique, sous un ciel gris hanté par des corbeaux.
Chaque panneau comporte des éléments extrêmement originaux qui valent d’être remarqués
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Dans le premier, on notera le Diable à tête de femme, avec ses deux tresses en guise de cornes. Derrière ses pattes palmées, le sentier du Paradis est jonché de coquillages et de pierres précieuses.
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Dans la panneau de droite, l’idée principale est la sacralité du corps du Christ :
- Nicodème soutient le corps au travers du linceul, et Marie prie sans toucher l’épaule ;
- la main de Joseph d’Arimathie tire le linceul, mais sans frôler la main du cadavre.
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De même le tableau insiste sur la sacralité des reliques :
- Joseph d’Arimathie a délicatement placé la couronne d’épines sur son chapeau, pour éviter qu’elle ne touche le sol ;
- une Sainte Femme en pleurs reçoit deux clous, une autre baise tristement le troisième.

Le personnage anonyme qui tend les clous n’est pas habituel dans les Déplorations : on le voit plutôt dans les Descentes de Croix, en tant qu’assistant monté sur l’échelle pour aider à descendre le corps. Sa forte présence, à l’aplomb de la croix et au centre de la composition, laisse suspecter un portrait (ou un autoportrait ?) caché.![]()
Collection privée |
Gemäldegalerie Berlin |
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Diptyque de la Petite Déposition, Hugo van der Goes, vers 1480
Vers la fin de sa carrière, Van der Goes réalise ce diptyque de petite taille, très particulier puisqu’il est peint à la tempera sur une pièce de fin tissu (Tüchlein) [2].

Le diptyque se déduit de la Lamentation de Vienne, en supprimant Marie-Madeleine.
Les trois Saintes Femmes se regroupent derrière Marie soutenue par Saint Jean.
Sur l’autre panneau on retrouve :
- Joseph d’Arimathie avec son bonnet rouge,
- Nicodème soutenant, cette fois à mains nues, le Christ qui a conservé sa couronne d’épines ;
- l’assistant barbu dont le rajout de l’échelle précise le rôle : il s’y accroche de la main droite et présente les trois clous de la gauche.
Hugo van der Goes, Albertina, Vienne |
Copie, Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford |
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Grande Déposition
Pour être complet, précisons que van der Goes, avait également réalisé une Lamentation à six personnages, qui nous est connue par ce dessin et par quelques copies![]()
Diptyque avec la Déposition
Memling, 1485-90, Capilla Real, Grenade
Les spécialistes ne s’accordent pas sur l’authenticité de cette oeuvre, qui selon certains n’est qu’une copie tardive d’un autre diptyque disparu. Memling reprend l’idée du diptyque de Van der Goes (les femmes et Saint Jean d’un côté, les hommes de l’autre) en intervertissant les panneaux. L’ajout de Marie-Madeleine (en rouge à l’arrière-plan) déséquilibre les deux panneaux quant au nombre de figures. La charnière du diptyque coïncide avec la croix et le paysage de l’arrière-plan est continu : néanmoins les personnages sont isolés dans leurs scènes respectives, et ne communiquent ni par les gestes ni par le regard.
Déposition, Collection privée |
Lamentation, Musée des Beaux-Arts, Sao Paolo |
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Diptyque Lachovsky-Bardi, Memling, vers 1485
Une seconde version nous est connue par différentes copies.
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Diptyque reconstitué par Susan Urbach [3]
Ce diptyque, qui n’est connu que par des reproductions dans des catalogues, s’inspire pour le panneau droit de la déposition de la Capilla Real, et présente dans le panneau de gauche une scène de la Passion qui ne lui est aucunement reliée dans les Evangiles, celle de l’Ecce Homo. Pour d’autres exemples de cette formule de l’Homme de Douleurs opposé à la Mater Dolorosa, voir …aux Pays-Bas, après 1450 .
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Le diptyque de Geertgen tot Sint Jans
Crucifixion avec Saint Jérôme et Saint Dominique, National Gallery of Scotland, Edimbourg |
Maria in Sole, Musée Boijmans van Beuningen, Rotterdam |
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Geertgen tot Sint Jans, vers 1480
Ces deux panneaux n’ont été rapprochés que récemment. Leur iconographie très originale fait penser qu’il s’agit d’un diptyque personnalisé, réalisé dans le contexte dominicain de dévotion au Rosaire.

Le premier panneau constitue un exercice de méditation sur les souffrances du Christ et sur la Pénitence.
Les scènes de la Passion (en jaune) ne sont pas disposées chronologiquement et comportent deux motifs rares (4a Jésus dépouillé de son manteau et 4b Jésus refuse de boire du vinaigre).
Les personnages du premier sont quant à eux distribués chronologiquement, du passé le plus ancien au futur proche :
- sainte Marie et Saint Jean au pied de la Croix (en jaune) réfèrent au moment de la Passion ;
- les deux saints se mortifiant (avec un caillou ou une chaîne), accompagnés de leur attribut (un lion ou un démon) se sont retrouvés au pied de la Croix par la puissance de leur vision intérieure ;
- les morts déjà au Purgatoire invitent le spectateur à prier pour abréger leur souffrance ;
- enfin le transi, à savoir son propre futur qui l’attend, l’incite d’autant plus à la Pénitence.

Le second panneau est le résultat attendu de la Pénitence : la vision miraculeuse de Marie en Femme de l’Apocalypse, posée devant le soleil sur un croissant de lune qui écrase définitivement le démon. Sa couronne de roses blanches et rouges est une évocation du Rosaire.
Sa Gloire est composée de trois mandorles concentriques [4].
Dans la mandorle interne, au plus près du Sacré, quatorze séraphins (reconnaissables à leurs trois paires d’ailes), tous en prière, sauf les deux du haut qui soutiennent la couronne ;
Dans la mandorle centrale, douze anges :
- les six du bas présentent les instruments de la Passion, répartis de manière symétrique : couronne/clous, lance/roseau, croix/colonne ;
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- les six du haut sont liés à la liturgie : deux montrent un rosaire blanc et rouge, les autres brandissent les trois Sanctus qui, lors de la messe marquent le moment de l’Elévation;
Dans la mandorle externe, des angelots actionnent divers instruments de musique (en bleu), organisés de manière assez systématique et pour la plupart en couples :
- dans les angles, deux couples d’instruments à clavier (encadrés) : orgue positif/claviciterium, clavicorde/doucemelle ;
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Les « claquettes »
- quatre couples d’instruments à percussion (soulignés) : cloche/clochettes, grelot/triangle, claquette/claquette, cloche/cloche ;
- dans la moitié supérieure, quatre instruments à cordes : luth, vielle/harpe, vielle à roue ;
- en intercalaire, des instruments à vent (en italiques) : chalemie, flûte/cornemuse, cor, trompette/trompette, cor/double chalemie.

Un détail amusant se trouve en bas à droite : l’ange à la double chalemie s’est décalé du centre pour chasser un intrus : le petit ange qui, faute d’instrument, tape sur une marmite avec deux couvercles. Mais sa robe s’est prise dans les cordes de la doucemelle, l’empêchant d’aller plus loin.
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La scène-clé, qui justifie la présence de cet orchestre céleste, est le geste totalement original de l’Enfant Jésus, sonnant deux grelots en réponse à l’ange en contrebas : il se comporte ici comme l’enfant de choeur qui ponctue le moment du Sanctus par un coup de clochette.
La juxtaposition de deux images
Comme le diptyque de Van de Goes, celui-ci ne comporte aucun élément de cohésion : chaque image est conçue indépendamment, et l’appariement ne se justifie que par la fonction dévotionnelle de l’ensemble : Pénitence, puis Récompense.
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Les pendants de Mantegna
Le sacrifice d’Isaac |
David et Goliath |
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Andrea Mantegna, 1490-95, Kunsthistorisches Museum , Vienne
Sur ce pendant, voir Le sacrifice d’Isaac : 4 variantes, formes atypiques
La vestale Tuccia avec son tamis (72.5 x 23 cm) |
Femme buvant (Sophonisbe ?) (72.5 x 23 cm) |
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Mantegna, 1490, National Gallery, Londres
Didon (65,3 x 31,4 cm) |
Judith avec la tête d’Holopherne (65x 31 cm.) |
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Mantegna, 1490, Musée des Beaux Arts, Montréal
Sur ces pendants, voir Pendants solo : femme femme
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Le diptyque d’Este,
Adoration des bergers |
Christ au tombeau |
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Diptyque d’Este, Ercole de Roberti, avant 1493, National Gallery, Londres
D’après un inventaire de 1493, ce tout petit diptyque de dévotion appartenait à Eléonore d’Aragon, Duchesse de Ferrare. Il était enveloppé de velours rouge, à la manière d’un livre (« que se assera a modo de libro coperte de velluto morello »), et cette analogie voulue est cohérente avec le sujet : le début et la fin d’une histoire.
L’insistance sur le corps du Christ, enfant dans le berceau et adulte dans le tombeau, est lié aux dévotions particulières à Ferrare, et au couvent du Corpus Christi, qu’Eléonora fréquentait.

L’Adoration des bergers se compose de deux scènes consécutives :
- à l’arrière-plan l’ange apparaissant aux bergers ;
- au premier plan un des bergers venu prier devant la crèche (noter ses chausses trouées aux genoux).

Le second panneau reprend la même idée des deux scènes consécutives :
- à l’arrière-plan la Descente de Croix ;
- à l’avant-plan le Christ sortant du tombeau, soutenu par deux anges.
Mais la complexité s’accroit avec deux présences anachroniques :
- à l’arrière plan, Saint François recevant les stigmates d’un ange (noter l’autre moine qui dort et nous tourne le dos) ;
- à l’avant-plan Saint Jérôme en pénitence devant sa grotte-ermitage (noter la cloche plantée dans le rocher).

Le décor est construit selon des correspondances géométriques :
- fronton triangulaire de la crèche et du sarcophage (en jaune) ;
- creux de la crèche et creux de la grotte (en bleu sombre), qui met en balance la gourde de Joseph et la coupe de Saint Jérôme ;
- avancée parallélépipédique du berceau et du tombeau (en bleu clair).
A l’arrière-plan se répondent les deux scènes avec l’apparition d’un ange (en vert).
Alfred Acres ([1] , p 613) a fait remarquer que les paysages sont pratiquement continus, et que l’anfractuosité derrière le berger (en violet) doit être une entrée latérale de la grotte de Saint Jérôme.

La construction perspective suggère qu’Eléonore s’agenouillait face à la Vierge, le panneau de droite légèrement replié pour concilier les deux points de fuite (imparfaitement, du fait de leur décalage vertical). La taille de Saint Jérôme trop grande par rapport à celle du berger, montre que De Roberti ne s’intéressait pas à la création d’un espace perspectif totalement cohérent entre les deux panneaux, à la différence des artistes du Nord comme Fouquet (voir Le diptyque d’Etienne ) ou Memling (voir 3.2 Trucs et suprises ).
Un tunnel temporel (SCOOP !)
La communication entre les deux scènes n’est pas fortuite puisque Saint Jérôme s’était justement établi dans une grotte à Bethléem, tout près de la grotte de la Nativité.

Ce dispositif fait que le berger, plutôt que de s’être avancé depuis l’arrière-plan, pourrait tout aussi bien être un disciple de Saint Jérôme, venu du futur par ce tunnel temporel.
Ce qui suggère une lecture plus intime du diptyque, à la guise d’un triptyque :
- la Nativité, avec l’Annonce aux Bergers ;
- Saint Jérôme au désert, avec la Descente de Croix ;
- la Résurrection, avec la Stigmatisation de Saint François.
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Collection privée
Gemäldegalerie Berlin
Hugo van der Goes, Albertina, Vienne
Copie, Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford
Déposition, Collection privée
Lamentation, Musée des Beaux-Arts, Sao Paolo

Crucifixion avec Saint Jérôme et Saint Dominique, National Gallery of Scotland, Edimbourg
Maria in Sole, Musée Boijmans van Beuningen, Rotterdam





Le sacrifice d’Isaac
David et Goliath



Le prince de ce monde et les vierges folles



Le Prince de ce monde et la Luxure
Vu de face, il est évident que les deux figures, à la différence du portail de Strasbourg, n’interagissent pas : l’avertissement de l’Ange au spectateur concerne aussi bien le Séducteur offrant sa fleur que la Femme offrant son corps.
Le Prince du Monde,
Frau Welt








Les périls des licencieux (Calamitas Amatorum),
Sébastien Brandt, La nef des Fous (Stultifera navis) Bâle, 1498, vue 51, BNF Gallica





Sculpture d’Oshiro Kanemaki, 2014
Prédiction de Jésus
Reniement de Pierre devant la servante
Psaultier Chludov, 9ème siècle, fol 38v.
Psautier de Théodore, 1066, BL Add MS 19352 fol 47v (détail)
Psautier de Bristol, 11ème siècle, BL Add MS 40731 fol 65v (détail)
Psautier de Stuttgart, 800-50, Württembergische Landesbibliothek, Cod.bibl.fol. 23, fol. 49r
Evangéliaire de Reichenau, vers 1020, Clm 23338, fol. 81v, Bayerische Staatsbibliothek Münich
Psautier anglais, 1190-1210, Clm 835, fol. 25v, Bayerische Staatsbibliothek, Münich.
En bleu : détail présent dans un seul Evangéliste. [2]


…ce pourquoi Duccio a pris grand soin de souligner que l’escalier fait communiquer la cour avec la pièce d’Anne, mais ne donne pas accès à cette case terminale.
Premier Reniement
Deuxième Reniement
Premier Reniement
Troisième Reniement
Hamilton Lectionary, Constantinople, fin du XIème siècle, Morgan Library MS M.639 fol. 271v
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre

La Charité (détail des Sept Œuvres de miséricorde) Caravage, 1607, Pio Monte della Misericordia, Naples
La Charité Romaine
Baburen, 1620-24, Musée National, Cracovie
Seghers, vers 1620, Galerie nationale, Ljubljiana
Gerrit van Honthorst, vers 1623, Minneapolis Institute of Art
L’arrestation du Christ
Le reniement de saint Pierre
Strozzi, avant 1635, Wallraf Richartz Museum, photothèque Zeri
Anonyme italien (Pietro Paolini ?), Musée des Beaux Arts, Rouen
Preti, 1635-39, Galerie Doria Pamphilj
Preti, vers 1660, Galleria Nazionale, Palazzo Arnone, Cosenza
Guerchin, 1646, collection privée
Camillo Gavassetti, 1650, Musée des Beaux-Arts, Nantes
Spada,1614-1616, Palazzo della Pilotta, Parme
Le reniement de saint Pierre
L’incrédulité de Thomas
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre
Ainsi tout l’intérêt se reporte sur la servante à la coiffe immaculée, figure frappante de l’indignation au front bas ; et la scène évangélique se travestit en une scène de genre, l’engueulade d’un vieillard dans une arrière-cuisine.
Le reniement de saint Pierre
Ecole de Seghers, 1620-30, collection particulière
Adam de Coster, 1630-40, collection particulière
Ecole de Preti, collection particulière

Strozzi, collection particulière
Ermitage
Collection privée, Milan (tiré de l’article de Benedict Nicolson [2] )
Collection privée, Milan (inversé)
Musée des Beaux-Arts de Tours
Willem van Hacht, The Gallery of Cornelis van der Geest, 1628 Rubenshuis (détail)
Ecole de Seghers
Ecole de Seghers (tiré de l’article de Benedict Nicolson [2] )
Adam de Coster, vers 1630, collection particulière
Guerchin, 1623-26, Pinacoteca Nazionale di Bologna
Mattia Preti, 1630–35, Musée des Beaux-Arts, Carcassonne.
Reniement de St Pierre
Reniement de St Pierre
L’efficacité de la composition repose sur une équivoque visuelle : vu de loin ou sous une lumière faible, on voit une servante qui s’en prend à un soldat assis, un peu comme le couple conflictuel du Pensionnaire de Saraceni.
Le troisième reniement de St Pierre

Le reniement de saint Pierre
Le vieillard qui désigne lui-aussi Pierre (noter l’ombre de son index sur le corsage blanc de la servante), crée un pivot narratif entre les deux scènes ; lien renforcé par le soldat le plus à gauche, qui quitte le jeu du regard pour porter son attention sur la servante : puisque sa dénonciation est reconnue par des tiers, la scène que que nous voyons est le Deuxième reniement.
A noter une astuce iconographique que nous retrouverons plusieurs fois par la suite, la plume de coq sur le chapeau : ce que Pierre regarde avec effroi, c’est moins le vieillard grimaçant que le rappel cruel de la prédiction.
Le reniement de saint Pierre
Elle-aussi pourrait bien avoir suivi le même mode d’élaboration à partir des deux tableaux de Caravage, mais en inversant la Vocation. Les deux scènes sont ici totalement disjointes : seule la servante a remarqué Pierre. Techniquement, il s’agit du Premier Reniement.
Crucifixion (détail)
Soldats jouant aux dès la tunique du Christ
Soldats jouant aux dés la tunique du Christ
Joueurs de Dés
Le reniement de saint Pierre
Pierre mis à part, on distingue clairement deux groupes de quatre personnages qui s’étagent dans la profondeur :
La figure de Saint Pierre présente une trouvaille iconographique [5] : la main droite retournée derrière son oreille fait voir le cri du coq, qu’il entend et repousse à la fois. Pris dans le remords de ses reniements passés, l’apôtre s’exclut des deux historia qui l’environnent : le présent de sa dénonciation, et le futur de la Crucifixion, imagée par le coup de dés.
Le reniement de saint Pierre
Soldats jouant aux dès la tunique du Christ (détail)
Le reniement de saint Pierre


La structure ternaire du bas relief nous aide aussi à bien lire la partie centrale : les deux mains qui se croisent appartiennent à deux scènes distinctes, celles des joueurs indifférents, et celle du chef qui désigne Pierre pour se faire confirmer son identité.
Les Quatre Ages de la vie

C’est alors que nous comprenons que Valentin, maître en camouflage d’allégories, a transcendé la provocation superficielle des trois dés de la riffa en une métaphore très étudiée :
La Diseuse de Bonne Aventure (détail)

Collection privée (anciennement Colnaghi)
Gemäldegalerie, Dresde


Le reniement de saint Pierre

Le reniement de saint Pierre

Le Christ et la femme adultère (détail)

Quadreria del Pio Monte della Misericordia, Naples
Museo civico, Macerata
avant 1620, Musée de Rennes
1620-25, Collection particulière

Le reniement de saint Pierre
Michael Angelo Immenraet, 1673-78, Fresque de l’Unionskirche de St. Martin, Idstein, photo rkd.nl
Un Reniement par Seghers, détail de Alexandre le Grand dans l’atelier d’Apelle,
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre
Le Reniement de St Pierre
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre
Le reniement de saint Pierre

Sagittaire visant la cour du palais du Tau , XIIIème siècle



Jeu des offices de la Cour (Hofämterspiel), vers 1455, Kunsthistorisches Museum, Vienne
Dessin, vers 1430, Allemagne du sud, Universitätsbibliothek Erlangen-Nürnberg .
Wappenbuch (ONB 12820, fol. 184r), c. 1484-1486

Arbalétrier au-dessus de la porte de l’armurerie des comtes de Wertheim
Royal Collection Trust
Louvre
Gravure de 1579, Attribuée à Cherubino Alberti, d’après Lelio Orsi
Anonyme allemand, vers 1590 , Collection Marolles, volume 197, P. 17382, BNF
Errol Flynn, 1938
Russell Crowe, 2010



La Mort à l’arbalète
La Mort à l’arbalète
Copie d’après Jacob van der Heyden, 1650
La mort à l’arbalète (“Death with a Crossbow or Death Stays on Target”)
L’escalier de la hiérarchie humaine,
Athanasius Kircher, 1646, Ars Magna Lucis, p 138 [4]
Dessin allemand, XVIIIème, collection particulière
Le bolchevisme c’est l’esclavage, le viol, le meutre de masse, l’extermination.
Wendel Dietterlin « Architectvra Von Außtheilung, Symmetria vnd Proportion der Fünff Seulen, und aller darauß volgender Kunst Arbeit, von Fenstern, Caminen … », Nurnberg, 1598 planche 112
Daniel Meyer, L’ Architecture Ou Demonstration De Toute Sorte d’ Ornemens, és Portes, Fenestres, Planches… a Heydelberg ches Pierre Bourgeat, 1609, planche 21
Arbalétrier
L’arbalétrier et la laitière (The Archer and the Milkmaid)

Arbalétrier et servante tenant un verre de vin (Bogenschütze und Milchmagd mit Weinglas)


Arbalétrier
Pierre Landry 1690
Nicolas Simon Duflos 1725-60
Johann Rudolf Schellenberg, fin XVIIe, Kunsthaus Zurich
Décoration murale, Schloss Lichtenstein
Vénus et Cupidon
Vénus, Mars et Amour
Cupidon décochant sa flèche
Cupidon tirant une flèche
Grisaille attribuée à Jacob de Wit, 18eme, Kinloch Castle, Rum (Scottish Natural Heritage)
Dédicace à Arnold Böcklin
L’art de l’exhibition inversée : l’arc sans flèche et le cache-sexe rendent criant ce qui n’est pas montré.

Amazons of the Bow A Sketch at an Archery Meeting. Illustration de Lucien Davis, Supplément de The Illustrated London News, 3 Octobre 1885
Lilial Harley, Eine Nacht in Berlin (A Knight in London), 1928
Edition Canada, couverture de Victor Tchetchet
Edition US, couverture de John Hyde Phillips
Jane Russell, Pic Magazine du 10 Novembre 1941
Visant à plaire (Aiming to please)
Earl Moran, calendrier Mars 1957
April shower, 8 avril 1944
Archer woman, 22 juillet 1944
23 Juillet 1949, Toronto Star Weekly
Années 50, publicité espagnole
Cupidon moderne, 1949, Stars et vedettes n°43

Nancy Kleinman, vers 1960
Publicité pour le cirage Griffin Microsheen, parue dans Plaboy 1957
J’appellerais volontiers sursexisme cette interception improbable de la flèche en plein coeur par un mocassin.
Affiche pour « Une nuit en enfer » (From Dusk till Dawn), Frazetta, 1996
Dans une des affiches retenues, c’est la figure la plus insolite, l’arbalétrière, qui passe en tête des tireurs et supplante le glamour plus banal de la femme fatale.
Merida, Joseph Qiu, 2017, josephqiuart
Anatase Flurite, 2020, leksaart
1.23.29
1.23.43
1-24-18
1.26.35
1.26.36
1.26.37
1.26.38
1.28.37
1.28.40
1.28.48
1.28.52
1.33.35
1.34.38
1930, Joan Crawford dans « Montana Moon »
1930, Joan Crawford dans « Montana Moon »
Vers 1956, Natalie Wood
Décembre 1967, La Vie Parisienne
Mai 1917, The seventh sin
Août 1917, Be a patriot, Join « My America » League
1919, Prospectus pour une série de films avec l’actrice Texas Guinan
1919, Texas Guinan
1934, Equipe championne féminine du club de tir de l’Université du Missouri.
1936, les starlettes Eleanor Bayley, Colleen Colman, and Jean Sennett, photo promotionelle pour annoncer « Stage Struck »

1941, Belle Starr
1948, The Paleface
1950, Dakota Lil
1951, Bushwackers
1952, Montana Belle
1952, Rose of Cimarron
1953, Woman They Almost Lynched
1954, Johnny Guitar
1955, Two-Gun Lady
1957, The Buckskin Lady
1971, Raquel Welsh dans « Hannie Caulder »
1975, Sondra Currie dans « Jessi’s Girls »
Diana Door, 1947
Candy Barr, vers 1956



1960, pub Maidenform
1950, Gun Crazy ( Le Démon des armes)
1957, Diana Doors en femme fatale, dans « The unholly wife »

1957, Maureen Connell
1967, affiche de « Bonnie and Clyde »
1973, Christina Lindberg, « Crime à froid »
2017 Affiche sur le thème de Kill Bill, par craniodsgn
1940, Homicide Johnny, couverture Rudolph Belarski
1950 Perilous Passage, couverture James R. Bingham
1951, « Don’t Ever Love Me », couverture de Rudolph Belarski
2014, RedGun, par Sarah Sole
1952, Kiss me deadly
1954, The beautiful frame
1952, couverture pour « Death before bedtime »
Modèle
1955, couverture pour « Dame in danger »
1956, couverture pour « Stone cold blonde »
1959, couverture pour « Wild to possess »
1962, septembre, couverture pour Mike Shayne Mystery Magazine
1967, couverture pour « Joy ride »
Modèle
1958 This’ll Slay You
Vers 1960, aquarelle
1960,The big kill
1960, Kiss Me Deadly
1956, 3ème édition, couverture Larry Newquist
1961, couverture de Harry Sheldon
1951, The origin of evil
1957, « This girl for Hire », couverture Harry Schaare
1958, « A gun for Honey », couverture Harry Schaare
1959, « Honey in the Flesh », couverture Harry Schaare
1960, « Kiss for a killer », couverture Robert Maguire
1965, Anne Francis, dans la série TV Honey West
1965, « A gun for Honey »
1956, Decoy doll
1957, Ahora Mueres Tu (argentin)
1959, Or be he dead
1960, What’s better than money
1964, Mi pistola es rapida (mexicain), couverture Noiquet (Joan Beltran Bofill)
1964, Morir un poco (argentin)
Couverture de « Slow day at the reference desk », éditions ACME
Mars 1959, illustration Edward Moritz
Juin 1970
Février 1973
Novembre 1973
1998, Prairie Witch dans Starman Episode 44 (Reprise de la BD Phantom Lady de 1943)
2012, Wonder Woman Episode 8, couverture de Cliff Chiang
2008, Masha Novoselova Magazine « Numéro » N°97, photo Miles Aldridge