2b Les anges aux luminaires dans le Jugement dernier
Les anges portant le soleil et la lune apparaissent dans les Crucifixions autour de 1220. Cet article présente les rares tympans gothiques où l’on retrouve ce motif dans le contexte du Jugement dernier.
Pour mieux comprendre son apparition, commençons par présenter les quelques tympans romans où figurent le Soleil et la Lune.
Chapitre précédente : 2a Les anges aux luminaires dans la Crucifixion
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A) Le Soleil et la Lune dans les tympans romans
Ces cas se comptent sur les doigts d’une main : on y voit seulement des personnifications du Soleil et de la Lune, mais jamais d’anges qui les transportent.
A1) Conques (vers 1100)
Tympan de Conques, vers 1100 (détail)
Le sujet du tympan de Conques est le Jugement dernier : mais la croix en position sommitale et axiale structure toute la composition. Les deux anges des cantons supérieurs jouent un rôle double :
- d’une main ils soutiennent la croix en tant que signe de la Parousie, comme le précise la seconde ligne de l’inscription :
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Ce signe, la croix, apparaîtra dans le ciel lorsque le Seigneur viendra pour le Jugement |
(h)oc signum crucis erit un celo cum dominus ad ivdicandum venerit |
- de l’autre ils tiennent les deux objets liés directement à la mort du Christ, la lance et un clou, que la première ligne de l’inscription associe aux deux luminaires :
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Soleil Lance Clous Lune |
sol lancea clavi luna |
Les personnifications du Soleil et de la Lune sont presque identiques, chacune avec deux torches en main ; elles ne se différentient que par le sexe, le décor du disque (rayons ou nuages) et probablement les couleurs :
(c) OT-Conques-Marcillac
Il est logique que la lance soit située du côté du flanc qu’elle a percé, le droit. Mais son association avec le Soleil (le Jour) lui confère ici une valeur positive : en faisant jaillir l’eau et le sang, elle est du côté du Baptême, de l’Eucharistie, et de ceux qui respectent les sacrements : les Elus.
Réciproquement, l’association de la Lune (la Nuit) avec les clous leur confère une valeur négative : instruments de la souffrance du Christ, ils président aux souffrances des Damnés.
Par l’importance de sa croix sommitale, le tympan de Conques développe de manière explicite la superposition entre les polarités habituelles de la Crucifixion (voir – 1) introduction) et celles propres au Jugement dernier : idée qui restera en germe dans la plupart des tympans.
Une seconde éclipse
Cette superposition explique le positionnement des luminaires à l’emplacement qui est le leur dans la Crucifixion, au dessus de la traverse ; mais leur présence dans la scène du Jugement dernier se justifie par un passage de l’évangile de Matthieu décrivant les présages avant le retour du Christ :
Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Mathieu 24,29
Ce texte évangélique reprend littéralement un passage de l’Ancien Testament :
Voici des multitudes et encore des multitudes dans la vallée du Jugement ; il est tout proche, le jour du Seigneur dans la vallée du Jugement ! Le soleil et la lune se sont obscurcis, les étoiles ont retiré leur clarté. Joël, 4,14- 15
Cette éclipse terminale prélude au retour triomphal du Christ, tout comme la première éclipse avait accompagné sa mort : sous cet aspect, lz Jugement dernier apparaît comme la contrepartie de la Crucifixion.
Le thème de la disparition des luminaires
A propos du tympan de Conques, Emile Mâle fournira une explication assez réductrice, considérant que les anges non pas portent, mais emportent les luminaires :
Pour la première fois, le Soleil et la Lune planent au-dessus de la scène du Jugement, à côté des anges qui montrent la lance, les clous et la croix ; au siècle suivant , des anges emporteront les deux astres , comme on éteint des lampes devenues inutiles , car la croix , nous enseigne Honorius d’Autun , « brillera d’une lumière plus éclatante que le soleil » . [1]
Cette interprétation, répétée sempiternellement pour tous les tympans gothiques, mérite comme le verrons d’être largement nuancée.
Le thème du jour perpétuel (SCOOP !)
Ange tenant une couronne au dessus des Elus, vers 1100, Tympan de Conques
Un ange tenant une couronne surplombe la file des Elus, commentée par les deux vers léonins :
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Ainsi, aux élus conduits aux joies du ciel sont donnés la gloire , la paix , le repos et le jour perpétuel. |
Sic datur electis ad celi gaudia vectis / gloria pax requies perpetuusque dies |
La couronne est l’image du mot gloire. Il est donc très probable que le cierge, juste au dessus du mot « perpetuusque dies« , soit l’image de cette lumière permanente qui remplace l’alternance du soleil et de la lune. De la même manière, les étoiles tombées du ciel sont rassemblées sur le pourtour et à l’intérieur de la mandorle divine. On notera que le soleil et la lune se trouvent derrière la traverse de la croix, comme s’ils se reculaient vers le fond.
Ainsi, la composition de Conques se trouve être certainement la plus proche à la fois du texte de Mathieu (la disparition des luminaires) et de celui de l‘Apocalypse qui décrit le Jour perpétuel de la Jérusalem céleste :
La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau. Apocalypse 21, 23
Le thème du Juge-Roi (SCOOP !)
Tympan de Beaulieu
Ce tympan présente lui aussi deux anges apportant la croix parousiaque, mais décentrée. Un autre apporte les quatre clous, et un autre une couronne royale.
(c) OT-Conques-Marcillac
A Conques, l’auréole présente le mot REX (roi) sur les trois branches de la croix, le mot IUDEX (juge) dans les intervalles. On connaît plusieurs exemples de tels nimbes à anagramme à l’époque romane, dont plusieurs avec le mot REX à la même place [2], mais la combinaison REX /IUDEX inventée à Conques est unique : elle permet de désigner le Christ-Juge comme Roi, sans pour autant figurer la couronne
Le mot REX fait écho à l’inscription injurieuse du titulus, ici inscrite directement sur le montant de la croix :
<IESUS NAZAR>ENUS REX JUDEORUM

(c) OT-Conques-Marcillac
A l’extrémité opposée, la planche inclinée sur laquelle sont posées les pieds évoque le suppedaneum de la Croix.
Sous une forme très concise et astucieuse est affirmée à nouveau l’idée forte que le Jugement dernier vient venger la Crucifixion.
A2) Perse (début 12ème siècle)
Chapelle Saint Hilarian-Sainte Foy de Perse
Malgré la proximité avec Conques, la scène représentée dans le tympan n’est ni le Jugement dernier, ni la Parousie, mais la Pentecôte (voir Le Soleil et la Lune à la chapelle de Perse).
A3) Autun (1130-35)
Tympan du Jugement dernier, 1130-35, Cathédrale Saint Lazare, Autun
Le Christ apparaît dans une mandorle transportée par quatre anges, les deux supérieurs encore en vol et les deux inférieurs atterrissant. L’inscription du pourtour, en quatre vers intersectés par les membres et la tête, mérite une traduction littérale (souvent approximative dans la littérature) :
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Moi seul dispose de tout / |
“MNIA.DISPONO.SOLUS / |
Quoique évoqué dans le texte, le couronnement des Elus n’est représenté nulle part, à la différence de Conques.

Le soleil et la lune sont présents très discrètement, personnifiés par un simple visage. Leur taille minime suggère moins un lien avec le thème général du Jugement, qu’un commentaire graphique du texte voisin : le Soleil jouxte le mot CORONO (je couronne) et la Lune le mot SCELUS (le crime).
Comme ils sont situés juste au dessus de la mandorle véhiculée par les anges, on peut aussi supposer qu’ils illustrent l’origine du mouvement : la descente DEPUIS le ciel. Le cas inverse se rencontre dans quelques rares Ascensions avec luminaires, où ils indiquent la destination du mouvement (voir Lune-soleil : Crucifixion 2) en Orient )
A4) Parme (1196)
Tympan du Portail de la Vie (Sud), Benedetto Antelami, 1196, Baptistère de Parme
Ce tympan illustre un sujet très particulier, le Quatrième apologue du « Roman de Barlaam et Josaphat”. Pour l’analyse, voir Le Soleil et la Lune dans le tympan de Parme.
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B) Les anges aux luminaires dans les tympans gothiques
B1) Chartres
C’est à Chartres qu’ils apparaissent, mais pas dans le Jugement dernier.
Création des luminaires (1210-25)
Premier Jour : création de la Nuit et du Jour
Voussure externe gauche, portail Nord, porte centre, 1210-25, Cathédrale de Chartres
Pour le Premier jour, le groupe de droite est une allégorie : la Nuit – une jeune femme tenant comme emblème un disque en forme de lune – et le Jour -un jeune homme tenant une torche qui ouvre le chemin. Avant la Création de la Lumière, on ne voit rien (comme avant le big-bang) : aussi l’homme à gauche est un homme du futur : c’est le rédacteur de la Genèse en train d’ouvrir le récit, son livre sur les genoux [3].
Deuxième jour : séparation des eaux et création du firmament
Dans la scène du Deuxième Jour, située juste au dessus, deux anges, l’un tourné vers Dieu, l’autre en prières, font voir le lieu où ils ils résident : le firmament.
Quatrième Jour : création des luminaires
Le Quatrième jour présente lui aussi une narration continue : à gauche Dieu modèle un disque entre ses mains, à droite deux anges sexués, homme et femme; tiennent ce qu’il a fabriqué. Dans les manuscrits, la représentation canonique du Quatrième Jour est celle de Dieu élevant les deux mains pour placer lui-même les luminaires dans le firmament, dans l’ordre du texte : soleil, puis lune (pour les rares inversions, voir le Quatrième Jour). Tout en respectant l’ordre canonique, la formule chartraine est tout à fait originale. Il et clair qu’elle se situe dans une continuité graphique : le couple allégorique du Premier Jour puis le couple angélique du Deuxième. Mais, comme souvent, l’explication immédiate se double d’une interprétation plus théorique : les anges sont les intermédiaires chargés de régir le mouvement des planètes.
En aparté : les anges « gubernateurs »
Voici les grandes étapes de cette idée, selon Barbara Bruderer Eichberg ( [4], p 33 et ss)
Elle remonte au Timée de Platon, mais s’étoffe dans le commentaire néoplatonicien de Proclus (mort en 485), où se ne sont plus les Dieux de l’Olympe qui meuvent directement les astres, mais des esprits-serviteurs.
L’idée se christianise au sixième siècle :
Tous les astres ont été créés pour régler les jours et les nuits, les mois et les années, et se meuvent, non point par le mouvement même du Ciel, mais par l’action de certaines vertus divines ou de certains lampadophores. Dieu a créé les anges pour le servir, et il a donné charge à ceux-ci de mouvoir l’air, à ceux-là le Soleil, à d’autres la Lune, à d’autres les étoiles, à d’autres enfin il a ordonné d’amonceler les nuages et de préparer la pluie. Cosmas Indicopleustès, Topographie chrétienne, vers 550
Cependant, ce n’est pas cette source byzantine qui influencera les théologiens scholastiques, mais la synthèse effectuée par Avicenne au XIème siècle :
« il est aussi l’un des premiers théoriciens qui, par l’emprunt non des esprits divins platoniciens mais des intelligences aristotéliciennes comme moteurs intelligibles des astres, les ont intégrées au système hiérarchique des êtres purs et spirituels de Denys, autrement dit, aux ordres angéliques. Par l’amalgame des ces trois lignes spéculatives, il est parvenu à créer dans sa Métaphysique un univers irrévocablement hiérarchisé, dans lequel les ordres angéliques sont reliés, d’une part, à la sphère intelligible des intelligences et, d’autre part, à la sphère sensible des âmes moteurs des astres. »
Au XIIIème siècle à Paris, la question est très discutée : dans son De universo (1231), l’évêque et confesseur de Saint Louis, Guillaume d’Auvergne, s’y oppose vigoureusement ; mais un peu plus tard Vincent de Beauvais, lui aussi très apprécié de saint Louis, retient l’idée que les anges font mouvoir les planètes, position qui sera entérinée par Saint Thomas d’Aquin [5]. En 1277, l’évêque de Paris condamne l’idée qu' »une intelligence fasse mouvoir un ciel de sa propre volonté » [6], mais il s’agit essentiellement de condamner l’idée que les astres soient doués d’une forme de vie indépendante.
BL MS Harley 9440 fol 28r |
BL Ms. Royal 19 C. I fol 50 |
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14ème siècle, Matfre Ermengaud, Breviari d’amor
Cette question importante, mais très théorique, ne se prêtait guère à la figuration. La seule iconographie qui s’en rapproche date du siècle suivant, avec ces anges faisant tourner les sphères célestes, soit avec une manivelle, soit à la main.
Reste que les anges aux luminaires apparaissent simultanément dans les Crucifixions vers 1220 (voir 2a Les anges aux luminaires dans la Crucifixion) et dans la Création de Chartres à la même période, soit au tout début de ce renouveau d’intérêt théologique quant à la question du mouvement des planètes. L’abandon de la formule carolingienne, puis romane (le Soleil et la Lune personnifiés tels des divinités antiques) au profit de cette médiation angélique reflète probablement cette évolution des idées.
Portail de Job et Salomon (1210-25)
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Première voussure au niveau du linteau, portail Nord, porte droite , 1210-25, Cathédrale de Chartres
Dans le même portail Nord, les anges portant la lune et le soleil, surplombés par un ange portant une étoile, sont réutilisés dans les voussures d’un portail sur le thème de de la Sagesse, avec au tympan Job et au linteau le Jugement de Salomon. Pour W.Sauerländer ( [7], p 436), ces signes célestes pourraient être en rapport avec un passage cosmique du texte de Job :
Noues-tu les liens des Pléiades, Ou détaches-tu les cordages de l’Orion ? Fais-tu paraître en leur temps les signes du zodiaque, Et conduis-tu la Grande Ourse avec ses petits ? Connais-tu les lois du ciel? Règles-tu son pouvoir sur la terre ? Job 38, 31-33

Le fait qu’ils encadrent le linteau, avec la scène du Jugement de Salomon, leur donne à mon avis un usage plus précis, celui d’en faciliter la lecture :
- le soleil (le jour) éclaire Salomon et la bonne mère, qui préfère donner son enfant plutôt que de le laisser couper en deux par le numide ;
- la lune (l’obscurité) est du côté de la mauvaise mère, qui refuse l’enfant, et du côté des spectateurs moins sagaces que Salomon.
Les autres anges, au dessus, accompagnent la scène du tympan, Job sur son fumier torturé par le démon. Les anges des étages 3 et 4 portent des torchères, ceux de l’étage 5 une épée et un bouclier, et ceux de l’étage 6 une couronne : ils forment une escorte glorieuse qui proclame le triomphe de Job au ciel, après son combat contre le démon.
Portail du Jugement Dernier (SCOOP !)
Portail Sud Porte centrale (1205-15), Cathédrale de Chartres
Quatre anges apportent dans de longs linges trois instruments de la Passion bien particuliers : la croix en position axiale, une couronne et les clous.
L’absence des luminaires rend moins visible une polarité très semblable à celle de Conques :
- à gauche, la couronne est moins la couronne d’épines qu’une couronne générique, destinée aux Elus du registre inférieur ;
- à droite, les clous président à la torture des Damnés ;
- au centre, la croix réduite à son montant vertical sert d’élément de séparation.
Cette polarité est soutenue par un motif discret, dans la première voussure : les séraphins de gauche tiennent à bout de bras deux globes célestes, ceux de droite deux flammes.
Saint Denis
Cette solution très formelle inverse en somme celle de Saint Denis, où la couronne est clairement une couronne d’épines et où la croix, réduite cette fois à la traverse (le patibulum), sert de séparation entre le registre angélique et le registre apostolique : la polarité Elus/Damnés est expulsée dans les voussures, à l’extrémité des deux textes.

1240-50 , Puerta de la Coroneria, Cathédrale de Burgos
Ce tympan espagnol s’inspire très étroitement de celui de Chartres, tout en atténuant ses aspects insolites : les séraphins ne tiennent plus de globe ni de flamme, la croix a retrouvé son montant horizontal et n’est plus tenue au travers d’un grand linge peu explicable : à la place, deux élégants foulards joignent les mains des anges, en passant derrière leur cou. La polarité couronne d’épines / clous est respectée.
B2) Amiens, vers 1235
Portail du Jugement dernier, vers 1235, Cathédrale d’Amiens
Pour leur première apparition dans un Jugement dernier, la position centrifuge des luminaires montre qu’ils sont effectivement emportés par les deux anges. Ceux-ci sont clairement séparés de la scène du Christ-Juge : placés au dessus du baldaquin, de part et d’autre de la Jérusalem céleste, ils accompagnent le Dieu vengeur juste au dessus, tenant deux banderoles et crachant deux épées, tel que décrit dans l’Apocalypse :
« Il tenait dans sa main droite sept étoiles; de sa bouche sortait un glaive aigu, à deux tranchants, et son visage était comme le soleil lorsqu’il brille dans sa force » Apocalypse 1, 16
Il est possible que la polychromie ait accentué le côté brillant de ce visage, tandis que les luminaires étaient assombris.
La taille très importante du tympan d’Amiens a probablement favorisé l’adjonction de ce trio apocalyptique.
A noter que, comme à Conques et à Chartres; on trouve la polarité couronne d’épines / clous (la couronne d’épines, tenue par l’ange portant la croix, jouxte la couronne royale de la Vierge).
B3) Bourges, 1225-50
Portail du Jugement dernier, 1225-50, Cathédrale de Bourges
Les deux anges sont comme à Amiens posés sur le baldaquin, mais ils tiennent cette fois les luminaires en position centripète. L’interprétation est compliquée par le fait que le Christ-Juge a été refait en plus grand, au 14ème siècle, ce qui place sa tête juste sous les deux astres. Mais on a du mal à imaginer que la composition ait voulu illustrer la disparition apocalyptique des luminaires : ceux-ci se positionnent plutôt ici comme des attributs christiques.
L’hypothèse la plus simple est que les luminaires, introduits à Amiens en relation étroite avec le texte de l’Apocalypse, aient été rapidement considérés comme des « arma christi » s’ajoutant aux instruments de la Passion des autres anges (couronne d’épines, croix, lance et clous).
Une autre possibilité -non exclusive – est que l’iconographie du Christ-Juge ait pu être contaminée par le souvenir d’une iconographie plus ancienne, celle du Christ dans sa mandorle accompagné des luminaires, comme à Autun (pour d’autres exemples en dehors des tympans, voir 1 Mandorle double dissymétrique).
A noter, comme à Amiens, la polarité des couronnes (royale et d’épines) et des clous.
B4) Rampillon, vers 1240
Portail du Jugement dernier, vers 1240, Eglise Saint Eliphe, Rampillon
Cette situation est encore plus flagrante à Rampillon, où les anges sont complètement intégrés à la scène du Christ-Juge : de même taille que la Vierge et Saint Jean, posés en avant du feuillage sur une bande nuageuse, ils amènent le soleil et la lune en collision au dessus de la tête du Christ, et masquent partiellement son auréole : dans une inversion paradoxale, c’est celle-ci qui semble éclipsée au profit de ces luminaires géants.
L’insertion de ce motif innovant, avec des anges de taille réelle, dans un tympan de dimension réduite, est une question ouverte.
A noter que la polarité couronne / clou a disparu, puisque la couronne d’épines se trouve, de manière exceptionnelle, posée sur la tête du Christ.
De plus, le portail de Rampillon a la particularité, parmi les portails du Jugement du Nord de la France, d’être le seul à avoir supprimé également la polarité Elus / Damnés : le Paradis se trouve simplement évoqué par les scènes du Sein d’Abraham et de Saint Michel, insérées dans le linteau de la Résurrection.
B5) Larchant
Portail du Jugement dernier, 1240-1300, Basilique Saint Mathurin, Larchant [8]
Ce tympan se place dans la proximité de celui de Notre Dame , puisque cette église de pèlerinage a été édifiée par le chapitre de Paris. L’élément remarquable est le quatuor d’anges thuriféraires du registre supérieur :
- les deux grands, debout sur une nuée, tiennent un encensoir et une coupe à encens [9] ;
- les deux petits sortent du ciel en tenant d’une main un encensoir et de l’autre le soleil et la lune (disparue), juste au dessus du dossier en amande du trône du Christ.
La polarité couronne / clous était probablement présente (l’ange de droite portant la lance et les clous).
Plan du portail [10] |
Ange stéphanophore |
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A noter que la première voussure présente, de part et d’autre du linteau de la Résurrection, deux anges buccinateurs. Les six autres anges, qui bordent la partie tympan, sont couronnés et tiennent chacun une seconde couronne, celle qui attend les Elus dans le Ciel. Ce motif des couronnes apparaît également à Rampillon, situé à une soixantaine de kilomètres.
B6) En Aquitaine
Saint Seurin de Bordeaux (1230-67)
Portail du Jugement, église Saint Seurin, 1230-67 [11]
Le composition développe de manière plus claire la même idée qu’à Rampillon et Larchant : deux anges surgissent du fond, les ailes passant devant le feuillage, pour amener au Christ les luminaires de sa Crucifixion : au deux bouts de la barre horizontale de l’auréole, ils sont cette fois tenus au travers d’un linge, non pour les sacraliser (les autres instruments de la Passion sont tenus à main nue) mais probablement pour évoquer l’éclipse.
Simultanément, dans la première voussure, deux autres anges amènent explicitement la couronne royale, qui a Conques était seulement suggérée par le mot REX.

Ce thème royal est souligné par la couronne que porte Marie, et par la couronne d’épine presque en position symétrique (en jaune). Comme à Rampillon, l’élimination de la polarité Elus/Damnés coïncide avec l’élimination de la polarité couronne /clou au profit d’un nouveau dispositif : la couronne sommitale, qui vient honorer le Christ et, au delà, tous les Elus.
A noter que, selon une iconographie plus courante dans les enluminures, le Christ est ici assis sur l’arc-en-ciel. Ses pieds sont posés sur un escabeau évoquant la terre, plus souvent représentée par un globe ou un demi-globe (voir 6 Le globe dans le Jugement dernier).
Le portail royal de la cathédrale de Bordeaux (1240-50) (SCOOP !)
Portail royal, 1240-50, Cathédrale de Bordeaux
Les deux registres comportent quatorze anges, debout dans une attitude statique (sauf deux agenouillés). En l’absence de polarité Elus / Damnés, le couple clous / couronne d’épines est, comme à Saint Seurin, inversé.
Dans les portails du Jugement d’Aquitaine, la séparation entre élus et reprouvés disparaît progressivement, comme le note M.Angheben ( [12], p 96) :
L’étape ultime de cette évolution est manifestement celle du portail de Bordeaux où le registre inférieur n’est occupé que par les ressuscités…. La chronologie de ces nombreuses œuvres est toutefois trop incertaine pour attester cette évolution linéaire. Il se pourrait au contraire que le concepteur du portail de Bordeaux ait créé ou adopté cette formule avant les autres, imprimant ainsi à l’évolution du Jugement dernier une accélération remarquable. Quelle que fût l’importance de cette innovation, elle fait du Jugement dernier de Bordeaux le plus sobre de sa génération et correspond probablement à une évolution de sa portée sémantique. Comme on va le voir au sujet des ressuscités, l’absence de pesée et de séparation vient sans doute de ce que les âmes ont été jugées une première fois à l’occasion du jugement immédiat et que le Jugement dernier ne modifie pas leur statut.
Reconstitution archeovision [13]
Les traces de polychromie ont permis cette restitution, qui rend évidente une ambiance nocturne devant un firmament constellé d’étoiles.

La présentation centripète des luminaires, et l’inventivité de ces faces humaines affrontées, suggère qu’il ne s’agit pas ici de représenter leur extinction. Ni de les assimiler à des arma christi, puisqu’ils sont dans un registre supérieur, clairement séparé.
Il y a probablement ici une ambition théologique proche de cette réflexion de Saint Thomas d’Aquin [14] :
Certains affirment avec assez de probabilité que la résurrection aura lieu quasiment au crépuscule, alors que le soleil se trouve à l’orient et la lune à l’occident: c’est dans cette disposition qu’ils ont été créés, croit-on; ainsi leur révolution (circulatio) sera-t-elle achevée par leur retour au même point. Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 1266-73
Le portail ayant la particularité d’être situé au Nord, le Soleil se trouve effectivement à l’orient et la lune à l’occident.

Il faut tenir compte d’un autre élément, qui reprend la thématique de Saint Seurin : les deux anges sommitaux de la première voussure brandissent non plus une, mais deux couronnes royales, accolées autour d’une palme.
Pour M.Angheben ( [12], p 104), « ces couronnes correspondent aux récompenses destinées aux élus et ce sont elles que désigne le septième ange du registre supérieur du tympan ».
Les huit autres anges de la première voussure ont soit les mains jointes (pour les deux d’en bas, au niveau de la Résurrection des morts), soit les mains systématiquement cassées, ce qui suggère qu’ils auraient pu tenir devant leur torse la couronne destinée aux Elus, comme à Larchant.

Mais même si c’était le cas, le geste des deux anges du haut est bien différent, puisqu’ils élèvent les couronnes au dessus de leurs tête pour les fusionner avec le baldaquin. Je pense que cette trouvaille graphique, effectivement pointée par le septième ange, signifie que les luminaires, ayant achevé leur mouvement, forment comme deux nouvelles couronnes permanentes au centre de l’architecture céleste.
La relation ici affirmée entre luminaires immobilisés et couronnement du Christ-Juge pourrait bien être une des sources du motif des anges aux luminaires dans les Jugements derniers : les anges présentent au dessus du Christ le soleil et la lune comme les regalia d’un couronnement cosmique.
L’ancien portail de la cathédrale de Dax (1300-20)
Cathédrale de Dax (1300-20)
Ce portail, malheureusement très mutilé, trahit l’influence du portail royal de Bordeaux, où le soleil et la lune ne sont plus des instruments de la Passion, mais des attributs permanents du Christ glorieux : ils sont néanmoins tenus au travers de linges, peut être sous l’influence locale de Saint Seurin. On observe la double polarité Elus / Damnés et Couronne d’épines / Clous. Il est très probable que les deux ange du haut tenaient une couronne royale, selon le dispositif commun à presque tous les tympans du Jugement aquitains [15].
Le portail principal de la cathédrale de Bordeaux (1361-69)
Portail principal (1361-69)
La cathédrale de Bordeaux a pour particularité d’avoir deux portails du Jugement dernier du côté Nord, le portail royal et celui-ci, réalisé une centaine d’années après : on ne peut doute que ce soit cette topographie très particulière qui ait conduit à répéter et amplifier, un bon siècle plus tard, la promotion extraordinaire des luminaires amorcée au portail royal. On assiste ici à un véritable cumul de plusieurs idées déjà évoquées :
- les luminaires rappellent l’orientation générale de l’édifice ;
- le registre inférieur représentant l’Ascension, ils en marquant la destination, telles deux bornes-frontières à l’entrée du ciel ;
- ils sont présentés à égalité de dignité avec les autres arma christi :
- la couronne d’épines et la lance, qui perforent comme les rayons du soleil,
- le voile de Véronique, qui reflète l’image du Christ comme la lune la lumière du soleil.
Portail du Jugement, Bazas (1233-1308)
Portail du Jugement, Bazas (1233-1308)
Un autre portail aquitain présente une composition en apparence comparable, où l’on a cru reconnaître le voile de Véronique et la couronne d’épines (en fait, celle-ci est portée par l’ange à droite de Saint Jean). Il s’agit bien d’une couronne royale, et son appariement avec le voile de Véronique ne ferait guère sens (sinon que tous deux concernent la tête du Christ). Je pense plutôt que l’ange de gauche tient le linge qui a servi à transporter la couronne, et que l’ange de droite vient de la saisir à main nue pour la poser sur la tête du Christ.
A noter que bien que le portail comporte un registre Elus/Damnés, les instruments de la Passion restent non polarisés [16] (sans doute sous l’influence régionale du portail royal).
Couronnement de la Vierge, vers 1240, Villeneuve l’Archevêque
De la même manière, ici, deux anges amènent dans un linge la couronne du Christ, tandis que celui-ci pose à main nue une autre couronne sur la tête de la Vierge ( [7], p 468).
Trois portails avec couronnement
Pour terminer ce parcours, citons trois portails du Jugement où les luminaires ne sont pas présents, mais où la couronne tient une place importante.
Portail du Jugement, 1225-30, Reims
L’archivolte présente trois voussures de cinq registres :
- celle de l’arrière est polarisée, avec à gauche cinq vierges sages surplombées par une porte ouverte, et à droite cinq vierges folles surplombées par une porte fermée ;
- celle du centre présente cinq saints lisant un livre ;
- celle de l’avant se divise en deux sections :
- en bas, deux anges sonnent de la trompette (au niveau de la Résurrection des Morts et du Jugement ) ;
- en haut, trois anges tiennent une couronne (au niveau du Christ).
De la même manière que les trompettes sont destinées aux Morts, les couronnes sont destinées aux Elus. Malgré le caractère éminemment monarchique de la cathédrale de Reims, le portail du Jugement ne comporte par encore l’idée de couronner le Christ-Juge.
Pour des anges à valeur monarchique dans cette même cathédrale, voir Les anges aux deux couronnes .
Loggia de la façade de la cathédrale de Ferrare, vers 1250
Dans la seule oeuvre italienne qui s’inspire des portails gothique français, c’est la couronne d’épines, tenue par deux anges au dessus du Christ, qui se place en haut du fronton : elle n’a donc aucun rapport avec le thème du couronnement des Elus, ce qui contredirait d’ailleurs la polarité Elus /Damnés de la frise. Les autres instruments de la Passion sont répartis selon la chronologie :
- à gauche la lance et les clous, instrument de la Mort du Christ ;
- à droite la croix, signe de son retour.
Ce portail est le seul qui combine les deux couronnes :
- la couronné d’épines tenue par deux anges posés sur le baldaquin,
- la couronne royale, pour la première fois posée directement sur la tête du Christ.
Il est intéressant qu’on n’ait pas retenu l’option inverse :
- la couronne royale au sommet, d’un point de vue honorifique,
- la couronne d’épines sur le front, d’un point de vue narratif.
D’autant que les instruments présentés par les deux anges en pied suivent la chronologie de la Passion : à gauche la colonne et le fouet, à droite le manteau, la lance, la croix et les clous.
Sans doute a-t-on pensé que la couronne d’épines était incompatible avec la dignité du Christ-Juge, revenu devant les Nations en tant que Roi. Ce choix rend, a posteriori, d’autant plus étonnante la formule quasiment unique de Rampillon [17].
La motivation de ce double couronnement est ici probablement politique :
« Le Christ Juge, plus majestueux qu’à Burgos, apparaît couronné, élément iconographique banni auparavant à Saint-Denis. Cette disposition est liée à des motivations politiques. Il y a la volonté d’exprimer le caractère emblématique de la ville royale qu’était León, en conflit avec la ville royale qu’était Burgos à l’époque ». ( [18], p 186)
A noter que le Christ en Majesté apparaît également couronné dans une autre portail de la même cathédrale (portal del Sarmental).
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En synthèse
Ce schéma synoptique récapitule tous les tympans du Jugement, du 12ème et 13ème siècle, soit cosmiques (soleil en bleu, lune en rose), soit présentant une couronne (d’épines en blanc, royale en jaune). La chronologie est très incertaine, et le schéma vaut surtout pour les rapprochements qu’il permet de mettre en évidence, avec toutes les réserves relatives à l’ampleur des pertes.Les tympans non cosmiques ont un cadre orange.
Les tympans polarisés (à gauche) présentent une distinction forte entre Elus et Damnés ; les tympans non polarisés (à droite) présentent un registre unique avec la Résurrection des Morts, peu ou pas différenciés : mis à part Rampillon, ils se trouvent tous en Aquitaine.
Un premier résultat de cette catégorisation est que l’interprétation d’E.Mâle concernant les tympans cosmiques, selon laquelle les luminaires sont en train d’être éteints ou enlevés (cercles bleu et rose emplis de noir), n’est claire que pour quatre cas :
- Conques et Amiens ;
- en Aquitaine, Saint Seurin et Dax (dans la mesure ou les linges évoqueraient l’idée d’éclipse).
Dans les quatre autres tympans cosmiques, les luminaires paraissent plutôt s’assimiler à des arma christi (cercles bleu et rose emplis de jaune) :
- à Bourges
- en Ile de France, à Rampillon et à Larchant (le second sans doute influencé par le premier) ;
- au portail royal de Bordeaux, où ils deviennent presque des regalia.
Un deuxième résultat est l’existence de cinq tympans doublement polarisés (encadrés en vert) qui soulignent la séparation Elus/Damnés en mettant en pendant la couronne d’épines (cercle blanc) et les clous (cercle rouge). L’idée semble s’ébaucher à Conques, où la couronne d’épines est absente, et où les clous sont mis en pendant avec la lance, et plus bas avec la couronne des Elus. Elle naît véritablement à Chartres (recopiée à Burgos) puis touche quatre tympans cosmiques (Amiens, Bourges, Larchant et à la fin du siècle Dax).
Un troisième résultat est que l’idée de placer au dessus du Christ-Juge une couronne royale (cercle jaune) n’apparaît qu’en Aquitaine : portail royal, Saint Seurin et sans doute Dax, plus quelques tympans mineurs très détériorés.
Le couronnement direct est exceptionnel. On ne le rencontre qu’à :
- Rampillon (couronne d’épines)
- Léon (couronne royale surplombée par une couronne d’épines), pour des raisons politiques.
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Inversion Lune- Soleil dans deux portails du Jugement dernier du 14ème siècle
Christ de l’Apocalypse et Résurrection des Morts
Porte du Pardon, 1350-1400, Collégiale de Daroca (Aragon)
Ce tympan a été conçu pour la façade occidentale de l’ancienne église romane. L’inversion, qui avait probablement pour but de placer le soleil côté Sud, a été facilitée ici par l’absence de tout élément polarisant : pas d’Elus ni de Damnés, et surtout pas de croix centrale imposant le placement conventionnel des luminaires. Pour d’autres cas de ce type (Crucifixions ou Ascensions), voir Les inversions topographiques (SCOOP) .
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Portail Ouest de l’église St. Lorenz, 1340-50, Nurenberg
Cette composition présente une double incongruité iconographique :
- les luminaires – une nouvelle lune plongée dans les nuages, et le soleil – sont piétinés par le Christ [19] ;
- ils sont inversés, de sorte que le Soleil éclaire les Damnés et la Lune les Elus.
L’arc-en-ciel sur lequel le Christ est assis ajoute à cette ambiance cosmique.
Dans le silence des historiens d’art, Grok m’a fourni une explication très inventive :
« Le soleil, symbole du Christ et de la justice divine, placé du côté des damnés, pourrait créer une ironie théologique : les damnés, ayant rejeté la lumière du Christ, se retrouvent sous l’éclat du soleil, non pas comme une source de salut, mais comme une lumière révélant leurs péchés. Cette disposition accentuerait le contraste entre les élus, baignés dans la miséricorde (symbolisée par la lune, associée à l’Église), et les damnés, jugés par la justice implacable du soleil. »
J’aurais volontiers adopté cette lecture, sauf qu’elle n’explique pas pourquoi cette « ironie théologique » n’a été conçue qu’à Nuremberg.
C’est en fait une particularité de la composition qui rend compte simultanément des deux « anomalies »

Remarquons d’abord que Saint Jean Baptiste (en bleu clair) sert ici d’assesseur au Christ-Juge, ceci pour éviter la redite avec la scène de la Crucifixion au registre inférieur, avec Saint Jean l’Evangéliste (en bleu foncé). La particularité du tympan de la Lorenzkirche est donc l’imbrication étroite entre les registres du Jugement et le registre de la Passion.
Placer les luminaires sous les pieds du Christ-Juge a pour effet de les rapprocher, par delà la Résurrection des Morts, des scènes de la Passion :
- la Lune préside aux scènes nocturnes, qui commencent par la Comparution devant Caïphe (flèche rouge) et même plus à gauche, par les scènes de la voussure : Jardin de Gethsémani et Trahison de Judas ;
- le Soleil préside aux scènes diurnes, qui se terminent par la Résurrection (flèche verte) – les scènes de la voussure droite sont perdues.

Le plus étonnant est que l’inversion se propage jusqu’en haut de la façade Ouest, avec les deux bas-reliefs qui qui encadrent la grande rosace, en répétant exactement le motif : Nouvelle lune plongée dans les nuages, et Soleil [20].

On notera une autre inversion étonnante tout en bas, pour les statues d’Eve et Adam de part et d’autre du portail (voir L’inversion Eve-Adam) [21] . L’inversion féminin/masculin (en rose et bleu) et l’inversion Lune/Soleil (rouge/vert) ne sont pas nécessairement corrélées, puisque Mund et Sonne sont masculins en allemand. Reste que ce parti-pris d’inversion des conventions, pour l’ensemble de la façade, témoigne d’un projet pour le moins original : aurait-on voulu accorder la façade Ouest avec l’orientation générale de l’édifice, en plaçant le féminin et le nocturne au Nord, le masculin et le diurne au Sud ? Nous serions ainsi en présence d’un monumentale inversion topographique.
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Chapitre suivant : 3 Le globe solaire
https://archive.org/details/planetsstarsorbs0000gran/page/528/mode/1up?view=theater
https://archeovision.cnrs.fr/retrocolor3d/restit_portail.html
BL MS Harley 9440 fol 28r
BL Ms. Royal 19 C. I fol 50

Plan du portail [10]
Ange stéphanophore
Cathédrale de Leon, vers 1270

…pièce en U par laquelle entre le fil et qui est chargée de sa torsion ; une seconde poulie, plus petite, fait tourner à une plus grande vitesse la bobine sur laquelle il s’enroule.
L’industrie, N°1 de la série L’éloge de la bonne ménagère,
Homme et femme en train de filer

Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid
Rijksmuseum, Amsterdam

Portrait de Jacob Cornelisz van Oostsanen peignant son épouse Anna
Le Prince Guillaume d’Orange (14 ans) et son épouse Marie-Henriette Stuart (10 ans)
Le Prince Guillaume d’Orange (20 ans) et son épouse Marie-Henriette Stuart (16 ans)


Adoration des Mages, Gentile de Fabriano, 1423, Offices [2]




De avibus, vers 1270 (Flandres), Getty Museum MS. Ludwig XV 3 fol 86v
Herbarius – De medicamentis ex animalibus France du Nord), vers 1300, niversiteitsbibliotheek Leiden, BPL 1283 fol 57r
Triptyque de la Passion (Greverade), Memling, 1491 Musée Sainte-Anne, Lübeck
Sept chevaux sauvages
Saint Antoine, Heures d’Engelbert de Nassau
Fol 47r
Fol 60r
Fol 91v
Fol 96v


3. Mano fica (en vente)
4. Tintinnabulum, Naples, Museo archeologico (Sailko)



9. Rome, catacombe de la via latina
10. Psautier d’Ingeburge, Chantilly, Musée Condé
12. Tête de Gorgone, Syracuse, Museo archeologico Paolo Orsi
13. Enseigne de pèlerinage, Paris, Musée de Cluny
Résurrection
Colla madre del be(ato gaudiamo), Feuille d’un Laudario de la Compagnia di Sant’ Agnese, Florence
Fragment de Graduel, Don Simone Camaldolese, 1388, collection particulière
Lorenzo Monaco, 1410, Graduel Corali 3, Laurenziana, Florence
Jacopo da Cione, 1370, National Gallery
Lorenzo di Niccolò, 1390-1410, collection particulière (fototeca zeri)
Résurrection
Résurrection
Saint Pierre, Accademia, Venise
Saint Marc, Accademia, Venise

Résurrection
Montée au calvaire
Résurrection (prédelle du Polittico della Passione)
Retablo de los siete gozos de la Virgen María, 1398, Museo bellas artes, Bilbao
Retaule dels Set Gojos de la Mare de Déu, 1404, Museo bellas artes, Valencia

Retaule de la Verge dels Paers
Missel de Clément VII, Jean de Toulouse et collaborateur bohémien, 1390, BNF Lat 848 fol 160r
Missel, Jean de Toulouse, 1384-1398, Cambrai BM 0150 (146) fol 181v
Résurrection, fol. 11v
Descente aux Limbes, fol 12r
Livre d’Heures (Avignon)
Conrad von Soest, 1403, Wildunger Altars, Sankt Nikolaus Kirche, Bad Wildungen (inversé)
Maitre de Sainte Véronique (Cologne), 1410, Triptyque (volet droit), Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam
1415-1430, Maître de Saint-Laurent, Wallraf-Richartz, Cologne (WRM 0029)
Mise au tombeau, fol 42v
Résurrection, fol 43v


Meister der Passionsfolgen, 1430-35 (recomposé)
Retable de Deocarus (volet droit), 1436-37, Eglise Sankt Lorenz, Nuremberg (photo Theo Noll).
Mise au Tombeau
Résurrection
Graduel de České Budějovice, 1410-1420, Musée de Bohême du Sud, České Budějovice
Graduel de Kourim, 1470, Bibliothèque nationale tchèque
1425-35 Österreichische Nationalbibliothek cod. 485 fol. 69v (c) imareal
Chanoine Friedrich Zollner de Langerzenn, 1439-42, Bibliothèque de l’Abbazzia di Novacella, Bolzano
Speculum humanae salvationis, vers 1420, Prague, Knihovna Národního muzea, III.B.10 fol 36r
Anonyme bohémien, 1380-90, collection particulière (ancienne collection Waldes)
Fresque du cloître du monastère d’Emmaüs, Prague
Volet droit du Triptyque de Garamszentbenedek

Résurrection, 1290, (C) Kloster-Wienhausen, Photo Wolfgang Brandis
Résurrection (Wurzacher Altar), Multscher, 1437, Gemäldegalerie, Berlin
Tucheraltar, 1445-50, Frauenkirche, Nuremberg

Rhénanie du Nord, 1450-70, Meister der Berliner Leidenschaft, Art Institute Chicago
Composition « rectifiée »
Epitaphe de Johannes von Winstein, 1488, Cathédrale de Worms (Rhénanie)
Retable de Evert van Roden, 1512, Johanniskirche, Osnabrück (Basse Saxe)
Résurrection, Breslauer Barbaraltar (pour l’église Sainte Barbe de Wroklaw)
1450-60, Meister der Passionsfolgen, Andachtsbild mit zwölf Szenen aus dem Leben Christi, Wallraf-Richartz-Museum
Résurrection pour le Klarissenkloster St. Klara, Cologne, Meister von Liesborn (Johann von Soest), 1478-80, GNM Nuremberg Inv.-Nr. Gm33


Rhénanie du Sud, vers 1450, Freiburg-im-Bresgau, Augustinermuseum
Cologne, 1450-60, Meister der Passionsfolgen, Andachtsbild mit zwölf Szenen aus dem Leben Christi, Wallraf-Richartz-Museum, Cologne
Wolfgangsaltar, 1455, église Sankt Lorenz, Nuremberg (photo Theo Noll)
Zwölf-Boten-Altar, Kolumba Museum, Cologne
Illustration du Spiegel der menschen Behaltnis de Speyer (Peter Drach d.M.), Rhénanie, vers 1481, BSB GW M43020 fol 113r
Retable de Saint-Étienne (détail), Maître d’Uttenheim (Sud Tyrol), vers 1470, Musée d’Art et d’Archéologie, Moulins
1470-1480, Pfarrkirche St. Kilian, Wartberg an der Krems, Autriche (c) imareal
Meister von 1477 (Augsburg), 1485, anciennement collection Becker
Maître du Retable de Heisterbach (Cologne), 1440-50, Wallraf-Richartz Museum, Cologne (WRM 0762)
Losel altar, 1455, provenant de la chapelle de Rheinfelden (Rhénanie du Sud), Musée des Beaux-Arts Mulhouse
Vers 1440, Allemagne du Sud, Budapest, Library of the Hungarian Academy of Sciences, Inc. 242
1430-40, Livre de Prières avec 12 gravures de la Passion, Cim. 22, Berlin, Kupferstichkabinett
Autriche, 1455-65, ONB cod. 1775 fol 1v (c) imareal
1456 (Allemagne du Nord), Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Cod. Guelf. 81.15. Aug fol 60v (Warburg database)
(Rhénanie), Berlin, Staatsbibliothek, germ. fol. 945 fol 40v (Warburg database)
1473, Panneau de la Passion de Munderkinger, Pfarrkirche St. Dioysius, Munderkingen (Bavière)
Biblia germanica (Das ander teyl der Bibel), Augsburg, imprimée par Johann Schönsperger, 1490
Tomás Giner y Arnaldo de Castellnou, 1464-65, Iglesia Santa María. Erla (Zaragoza) (photo Jesús Díaz)
Maestro de Morata, 1450-1500, Iglesia de San Martín de Tours, Morata de Jiloca (Saragosse)
Attribué à l’atelier de Blasco de Grañen (Aragon), vers 1440, collection particulière
Mestre de Sant Bartomeu (attr ), vers 1450, MET
1430-50 (Bavière), Universitätsbibliothek Heidelberg, Cod. Pal. germ. 148 fol 135r
1450 (Salzburg) BSB-Hss Cgm 155 fol 19v
1455-58 (Blockbuch), Allemagne du Centre-Est, Heidelberg, Cod. Pal. germ. 438 fol 129v
1462, Bamberg,, imprimeur Pfister
Vers 1465 (Blockbuch), Pays-Bas, British Museum 1845,0809.30
Vers 1465, Esztergom
Vers 1480 (Blockbuch), Pays-Bas, BNF Xylo-5, fol. 39
1472 (Blockbuch), Nuremberg, Munich BSB Xylogr. 26 fol 15r, Gallica
Le Christ aux Limbes, Mantegna (attr.), vers 1468
Résurrection (Prédelle de San Zeno), Mantegna, 1459, Musée des Beaux Arts, Tours
Descente aux limbes, NGA 11952.5.54
Résurrection, NGA 11952.5.55
Lamentation sur le Christ mort (détail)
Résurrection et Descente aux Limbes, Mantegna, 1492
Imitateur de Mantegna, 1500-50, National Gallery, Londres
Meister des Ehninger Altar, 1476, Staatsgalerie, Stuttgart
Dirk Bouts (atelier), vers 1480, Mauritshuis, La Haye
Les Sept joies de Marie (détail), Hans Memling, 1480, Alte Pinakothek Munich



Frei Carlos, 1520-30, Musée d’Art Ancien, Lisbonne
Frei Carlos (atelier), Museu Nacional de Machado de Castro, Coimbra
Crucifixion
Résurrection
Graue Passion, 1494-1500, Staatsgalerie, Stuttgart
Retable de l’église des Dominicains (détail), 1501, Staedel Museum, Francfort
Hans Holbein l’Ancien, 1502, Kaisheimer altar, Alte Pinakothek, Munich.
Dürer, 1509-10, Petite Passion MET
Apollon et le Soleil (dessin inversé), 1501-04, British Museum
Dürer 1510, Grande Passion
Dürer, 1512, Passion gravée
Triptyque de la Résurrection (panneau central)
Psautier pour un monastère de cisterciennes (dit de Bonmont), région du Lac de Constance
Vierge entre St Jean Baptiste et Zacharie, Ampoule de Bobbio N°20 (Grabar planche LIII )

Variante de la Hodegetria, 1204-60, Byzantine Museum, Athènes

980-1020, Ménologe de Basile II, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. gr. 1613 page 272
1080, monastère de Daphni
1280-1300, église San Martino, Velletri
Vierge Kykkotissa
vers 1285, Eglise de la Porta-Panagía, Pyli (Trikala)
Naos, 1315-20, Saint Sauveur de Chora (Istanbul Kariye museum)
1170-1200, Byzantine museum, Athènes
1316-18, Staro Nagorichino
Pelagonitissa
1400-25, Monastère Sainte Catherine, Sinaï
1270-90, Anonyme florentin, collection particulière (photothèque Zeri)
Tétraévangile d’origine macédonienne, vers 1250, Bibliothèque nationale, Belgrade (Grabar, planche 139c)
1120-40, Saint Marc, Venise
Copie XVIème, Musée national de Ravenne
Offices, Florence
Museo di Arte Sacra, Certaldo
Margaritone d’Arezzo, 1240-45, NGA

Madonna del bordone,
Saint Simeon présentant l’Enfant, 1192, Eglise Panagia tou Arakos, Lagoudera (Chypre)
Lamentation (Crucifix de san Zeno)
Maesta
Arnolfo di Cambio (attr), Collection particulière
Monument à Luca Savelli (détail), Arnolfo di Cambio, vers 1287, Santa Maria in Aracoeli, Rome


Maestà avec Saint François 

Simone Martini, 1315, Sienne
Lippo Memmi, 1317, San Gimignano
1325-30, provenant de San Clemente dei Servi
1325-56, provenant de Montepulciano
Lippo Memmi, vers 1330, Gemäldemuseum, Berlin
Niccolò di Segna, 1336, Museo diocesano, Cortona
MET
Louvre (c) RMN photo Frank Raux
1360–65, MET
1366, Museo de Arte de Ponce
Vierge mosane, 1220-30 Louvre OA 10925 (c) RMN photo Maurice et Pierre Chuzeville
Louvre OA 10925 (c) RMN
Collection privée (c) Bukowski Auktioner AB
Collection privée (c) Bukowski Auktioner AB







Madone de l’Humilité


Simone Martini, 1315
Masaccio, 1422
Madone de l’Humilité
Triptyque Stefaneschi, Giotto, vers 1330, Vatican
Purification de la Vierge (détail), Ambrogio Lorenzetti, 1342, Offices
Vierge à l’Enfant trônant avec six anges
Triptyque de Pise (détail)
Liber precum, Anglais, 1415-40, BNF Latin 1196 fol 113v

Tympan de l’Adoration des Mages
Donateur en proskynèse
Henri II et Cunégonde
Famille impériale (probablement Otton II, Théophano et Otton III), Plaquette Trivulzio, 980-1000, Castello Sforzesco, Milan
Apothéose de Saint Edmont (Vie de St Edmond)
Fin XIIIème, église San Juan Evangelista, Uncastillo
Nicola Pisano, 1265-68, Chaire de la cathédrale, Sienne
Giovanni Pisano, 1298-1301, Chaire de la cathédrale, Pistoia
Adoration des Mages, Guido da Siena, vers 1270, Lindenau museum, Altenburg
Giotto, 1303-05, Chapelle des Scrovegni, Padoue
Taddeo Gaddi, 1328-38 , Chapelle Baroncelli, basilique Santa Croce, Florence
Adoration des Mages
Adoration des Mages 
Prédelle de l’Annonciation, Fra Angelico, 1430-32, Prado
Fra Angelico et Filippo Lippi, 1435-55, NGA
Adoration des Mages





Adoration des Mages (Petites Heures du Duc de Berry)
Adoration des Mages (Grandes Heures du duc de Berry )
Adoration des Mages, Heures de Bruxelles (Très Belles Heures du duc de Berry)
Adoration des Mages, Belles Heures du duc de Berry

Adoration des Mages (détail)




Sarcophage disparu, montrant les chairete
Noli me tangere
Lamentation
Pietà de Tarascon, vers 1457, Musée de Cluny
Croix de l’abbesse Benedetta, Maître de Sainte Claire, 1255–1260, Santa Chiara, Assise (détail)
Diotisalvi di Speme ou Guido da Siena, vers 1270, University Art Gallery, Yale
Crucifixion
Résurrection
Crucifixion (détail)
Crucifixion (détail)
Crucifixion, , fol. 147v
Majestas Dei, fol 148r

Lamentation du Christ (détail)


Pietà, 1498-99, Michel-Ange, Saint Pierre de Rome
Déposition (pala Baglioni), Raphaël, 1507, Galerie Borghese, Rome
Vierge de Pitié, début 16ème, Carcenac-Salmiech (auparavant à l’église des Cordeliers de Rodez [53] )
